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102 éléments trouvés pour «  »

  • Un chien polyvalent ?

    J’ai une petite histoire à vous raconter. Bien souvent, on entend que les chiens de travail ne devraient être entraînés qu’à une seule discipline. Par exemple, un chien de troupeau ne devrait pas faire d’agility. Les comportements enseignés dans une discipline seraient forcément incompatibles avec l’autre. Il est en effet possible que certains conditionnements créés pour le besoin d’une discipline particulière compliquent l’apprentissage de comportements propres à une autre discipline. Je pense cependant que, tout comme nous, plus un chien apprend de nouvelles choses, et plus cela augmente son adaptabilité et sa débrouillardise. Voici l’exemple d’une situation vécue récemment, qui m’a démontré que pratiquer plusieurs disciplines avec son chien pouvait avoir du bon ! Sirius est un chien de troupeau. Depuis quelques semaines, lui et moi découvrons aussi le mantrailing, que je n’avais encore jamais pratiqué. C’est une discipline très intéressante dans laquelle Sirius se montre motivé, calme et minutieux (bien plus réfléchi qu’au troupeau, en tout cas 😉 !). Il apprend très vite et je prends plaisir à pister avec lui. Bref, jeudi soir dernier, je reçois un appel en début de soirée : mes béliers se sont échappés de leur pré. Ni une ni deux, je prends mon chien et je saute dans mon fourgon. Je n’arrive pas à le croire : ils ne se sauvent jamais, c’est arrivé une seule fois presque un an auparavant parce qu’un chien errant les avait poursuivis. C’est sûrement ce qui s’est produit encore cette fois ! J’enrage en pensant aux personnes qui ne contrôlent pas leur chien : les conséquences peuvent être dramatiques, il y a une route à 90km/h à cinquante mètres du pré de mes béliers. Un chien seul en liberté est un danger public, ni plus ni moins. Arrivée sur place, je constate que mes moutons ont cassé leur clôture électrique qu’ils respectent sans souci habituellement. Ils ont vraiment dû paniquer. Mon stress est à son comble, je n’ai aucune idée de l’endroit où ils ont pu partir ! Le propriétaire du terrain se propose de m’aider et me demande par où je veux commencer les recherches : je n’en ai aucune idée. Mes béliers peuvent être partout. Je suis découragée par avance. La nuit va bientôt tomber, il y a peu de chances que je les retrouve avant. Nous décidons de partir en voiture chacun de notre côté. Je contacte des personnes qui habitent le secteur et qui vont également patrouiller (je les remercie infiniment pour leur aide !). Pendant une heure, une heure trente, nous tournons, et la nuit approche. Lorsqu’il commence à faire vraiment sombre, nous capitulons : nous ne trouverons pas mes moutons. Le stress me donne mal au ventre et je sais que je ne vais pas fermer l’œil de la nuit. Dix moutons peuvent ravager un jardin, causer un accident grave en traversant une route, abîmer un champ de maïs… Mon angoisse est énorme de les savoir dans la nature. Je me retrouve seule, et je décide d’aller faire un dernier tour, à pied cette fois-ci, près du bois qui se trouve de l’autre côté de la route. Quand j’arrive sur le chemin qui borde le bois, Sirius met le nez au sol. Sans trop y croire, je l’encourage. Il me regarde, remet la truffe au sol, et semble suivre une piste qui mène droit dans le bois. Je le suis, mais vraiment en désespoir de cause. Lui a l’air confiant, il continue de pister et s’enfonce de plus en plus dans le bois. Je le suis tant bien que mal : il fait nuit noire et le sous-bois est de plus en plus difficile d’accès. Je me faufile parmi les ronces et les branches basses, et je me demande s’il ne se fiche pas un peu de moi. Je m’apprête à le rappeler pour rebrousser chemin, quand j’entends un bruit de branche cassée. Je n’ose y croire… Je m’approche de l’endroit où j’ai entendu le bruit, et que vois-je ? Mes dix béliers, tous serrés les uns contre les autres au milieu du bois ! J’ai envie de pleurer de soulagement. Je n’arrive pas à croire que Sirius m’ait menée droit à eux dans un endroit à la végétation aussi dense, généralement peu prisée des moutons. C’est un miracle ! J’embraye alors sur l’activité troupeau, et je demande à mon chien de me ramener les béliers. Ce n’est vraiment pas évident de les conduire dans un bois en pleine nuit, avec la simple lampe de poche de mon téléphone pour me guider. Je n’y vois rien et je ne suis même pas sûre de l’endroit où je vais. Les branches des arbres nous barrent la route à maintes reprises, et les cornes des béliers me rentrent dans les jambes quand Sirius s’approche trop et qu’ils me dépassent. Mais nous arrivons enfin à l’orée du bois. Enfin ! Il ne reste plus qu’à traverser la route à 90km/h. Nous profitons d’un moment où aucun véhicule n’est en vue (heureusement que nous habitons en Charente !) pour traverser et rejoindre l’autre côté. Plus que quelques dizaines de mètres et les moutons seront de retour dans leur pré ! Quand je fais passer le dernier bélier dans le pré, j’appelle Sirius et je le félicite chaudement. Je n’en reviens pas du service qu’il m’a rendu ! Je n’ai aucun doute quant au fait que, si je n’avais pas commencé à pratiquer le mantrailing, Sirius n’aurait pas suivi la piste des moutons avec autant d’assurance. Quant à moi, je n’aurais absolument pas cru en ses compétences de pisteur et je ne l’aurais pas encouragé comme je l’ai fait, ce qui l’a incité à continuer sur sa lancée. En tout cas, mon petit chien était ravi que je le félicite, même si après coup il ne savait pas vraiment pourquoi, et moi j’étais la plus heureuse d’avoir retrouvé mes moutons. Alors… Peut-être bien que certains enseignements sont difficilement compatibles quand on pratique plusieurs disciplines canines. Mais je crois, à titre personnel, que plus on apprend de choses à son chien, plus on booste sa confiance en lui, plus on renforce le lien qui l’unit à nous, et plus il est capable de se sortir avec brio de situations diverses. Apprenez des choses à votre chien, faites-vous et faites-lui plaisir, et il vous démontrera dans bien des cas combien ces enseignements l’ont rendu astucieux et dégourdi. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024

  • Intégrer un chiot dans un foyer avec un chien adulte

    Lorsqu’un chiot arrive dans une famille comprenant déjà au moins un chien adulte, l’intégration du nouvel individu au sein du groupe est rarement aussi harmonieuse qu’on le souhaiterait. Il arrive souvent que l’adulte paraisse contrarié par l’arrivée du chiot, qu’il l’ignore totalement ou au contraire, se montre agressif avec lui. Il ne faut pas lui en vouloir ! Premièrement, l’adulte n’a pas choisi qu’on lui impose un chiot sur son lieu de vie, alors qu’il avait sa petite routine et ses habitudes rassurantes qui, du jour au lendemain, se retrouvent chamboulées. Aimeriez-vous que, sans vous demander votre avis, on vous oblige soudain à vivre avec un enfant de deux ans, qui vous suit partout, veut dormir avec vous et pense que vous allez entamer une partie de jeu avec lui chaque fois que vous avez le malheur de faire un mouvement ? Et si, quand vous vous montrez ronchon parce que cela fait trente fois que vous lui demandez de vous laisser tranquille, on vous reproche d’être grincheux, trouveriez-vous cela juste ? La plupart des chiens adultes peuvent tout à fait accepter l’arrivée d’un chiot dans leur foyer. Attention cependant, même si le chien appartient à une espèce sociale, certains adultes n’ont rien à gagner au fait d’avoir un congénère à la maison. Il y a des chiens qui se satisfont parfaitement d’être « chiens uniques » et qui trouvent dans les interactions avec leurs humains, dans l’analyse olfactive des pipis des chiens du quartier et dans la rencontre de quelques congénères de temps en temps, de quoi satisfaire leurs besoins sociaux. De même, intégrer un chiot dans un foyer comprenant un très vieux chien ne donne pas toujours un « coup de jeune » à l’individu âgé. Encore une fois, chaque cas doit être envisagé individuellement. Un chiot ne se comporte pas comme un adulte. Le chiot est naturellement un individu ayant tendance à harceler l’autre, parce que même si sa mère a fait du bon travail, il n’a pas encore appris toutes les limites et tous les codes des interactions canines. Il ne sait pas toujours quand s’arrêter, et il ne respecte pas toujours les demandes d’arrêt des adultes, d’où le fait que l’agressivité peut monter crescendo et que le chiot peut se faire envoyer sur les roses de manière un peu brutale les premiers jours. Tant que cela n’est pas excessif, ne vous inquiétez pas ! Le chiot ne sera pas traumatisé par ces remises en place. En revanche, soyez présent lors des premières interactions entre l’adulte et le petit, et n’hésitez pas à éloigner le chiot s’il harcèle l’adulte. Ce n’est pas à ce dernier de faire l’éducation du chiot, c’est une lourde responsabilité pour un individu qui, au demeurant, n’a rien demandé. Songez aussi que les chiots aiment dormir collés aux adultes, et si cela peut convenir à certains chiens, cela peut être irritant pour d’autres. Même si c’est « mignon » de les voir ensemble dans le même panier, éloignez le chiot si vous voyez que votre adulte tolère difficilement de partager son lieu de couchage avec le chiot. Accueillir un chiot à la maison avec un ou plusieurs adultes déjà présents demande donc de l’organisation et de l’anticipation. Pensez à prendre plusieurs jours de congé pour pouvoir être présent les premiers jours lors des interactions entre les différents protagonistes, et s’il le faut, investissez dans des barrières pour pouvoir séparer le petit des autres dans des moments où il est trop envahissant. Ne négligez pas la mastication, qui est le meilleur moyen de réorienter l’attention d’un chiot harceleur sur une activité saine. Et soyez patient ! De nombreuses cohabitations un peu houleuses au départ se sont révélées idylliques au bout de quelques semaines. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

  • Quelle attitude adopter face à un chien inconnu en promenade ?

    Croiser un chien inconnu en promenade est la hantise de beaucoup de propriétaires de toutous. Je vous propose quelques conseils pour gérer au mieux ce genre de situation. Il s’agit bien entendu de conseils très généraux impliquant des chiens sachant bien communiquer. 👉 Essayez de rester calme : Facile à dire, me répondrez-vous ! Bien sûr, je ne peux pas vous demander de ne pas stresser, une émotion étant difficilement contrôlable. Cependant, hurler sur le chien d’en face ou sur le propriétaire de ce dernier (s’il est dans votre champ de vision) peut être extrêmement stressant pour votre propre compagnon, souvent bien davantage que la rencontre en elle-même. Vous êtes le référent de votre chien, et il se fiera en partie à votre propre attitude pour savoir quel comportement adopter face à une situation potentiellement inquiétante. Si vous perdez votre sang-froid, il y a fort à parier que la rencontre ne se déroulera pas dans le calme et la sérénité. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas expliquer fermement au propriétaire du chien étranger qu’un animal de compagnie doit être sous contrôle, mais hurler n’aidera vraiment pas votre toutou à se détendre. 👉 Observez l’attitude du chien d’en face : Les postures du chien d’en face sont d’excellents indices vous permettant de prendre la température de la future rencontre. Si le chien inconnu prend son temps, observe à distance, s’approche lentement, renifle le sol, détourne la tête de temps en temps, etc, c’est qu’il sait a priori bien communiquer, et qu’il connaît les codes de politesse canins. Un chien qui arrive comme une torpille, ou qui s’approche lentement comme s’il traquait une proie, c’est bien évidemment plus inquiétant. 👉 Lâchez la laisse et éloignez-vous : Dans -presque- toutes les rencontres canines, lâcher la laisse permet d’optimiser les chances que les salutations se passent bien. N’essayez pas d’interférer dans la rencontre, et éloignez-vous des deux protagonistes. Dans presque tous les cas de figure, c’est l’intervention de l’humain qui fait dégénérer une situation tendue en véritable bagarre. Et une tension entre deux chiens qui ne se connaissent pas, c’est normal ! Vous observerez peut-être des échines hérissées et entendrez même parfois des grognements. Pas de panique, les protagonistes ne font que s’exprimer. Si la rencontre vous stresse, ne regardez pas ! Vous pouvez aussi poursuivre franchement votre chemin, et vous verrez bientôt votre compagnon vous rejoindre en gambadant après avoir salué son congénère. 👉 Lâchez du leste : Dites-vous bien que, si la rencontre devait mal se passer -ce qui arrive, mais reste tout de même relativement rare, les chiens étant de grands communicants et évitant ainsi les conflits inutiles-, ce n’est de toute façon pas votre intervention qui y changerait grand-chose. Apprenez donc à faire confiance à votre chien. Nous sommes tellement habitués à contrôler le moindre aspect de notre existence que nous aimerions pouvoir prévoir et contrôler chaque interaction canine. Mais les chiens sont des animaux avec des émotions, des comportements et un langage qui leur sont propres. Laissons-les un peu vivre, et acceptons le fait qu’ils ne vivent pas dans un monde où tout est rose ! 👉 Si vous avez un petit chien, portez-le… ou pas : Tout dépend de la situation. Un petit chien sait parfaitement bien communiquer avec un congénère cinq fois plus gros que lui, et vous pouvez le laisser au sol si l’autre toutou vous paraît avoir une approche respectueuse. En revanche, si un gros chien arrive droit sur le vôtre en courant ou si quelque chose dans son attitude ne vous inspire pas confiance, il n’est pas interdit de mettre votre petit chien à l’abri en le prenant dans vos bras ! Attention cependant, certains chiens peuvent sauter pour essayer d’atteindre un petit chien tenu en hauteur. Aucune règle absolue ne peut s’appliquer à une rencontre entre deux chiens inconnus. Quand nous avons affaire à du vivant, il faut accepter le fait que tout ne soit pas prévisible et contrôlable. Gardez cependant en tête le fait que la plupart des rencontres canines se passent bien, et que ce n’est de toute façon pas votre présence qui peut ou non y changer quelque chose. Nos chiens sont un excellent prétexte pour apprendre le lâcher-prise, alors profitons-en ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024

  • Une vérité à rétablir

    Contrairement à une idée reçue qui a la vie dure, les chiens sont rarement abandonnés pour cause de grandes vacances. J’ai travaillé en refuge pendant plusieurs années, et les abandons, c’est 365 jours sur 365. La cause d’abandon numéro un ? La non prise en compte des besoins du chien, devenu invivable parce que manquant de stimulation physique et mentale. La grande majorité des personnes qui achètent un chiot sous-estiment l’investissement énorme en terme de temps que représente la vie avec un chien. Pour avoir un chien bien dans ses pattes, il est nécessaire de passer du temps de qualité avec lui, et pas seulement de lui ouvrir la porte-fenêtre au retour du travail pour qu’il aille faire son tour dans le jardin. Accueillir un chien dans sa vie, c’est voir son existence basculer pour une quinzaine d’années. Ce n’est pas au chien de s’adapter à l’existence de son humain comme un bon petit sujet. C’est à l’humain de s’efforcer d’offrir la vie la plus plaisante possible à l’être complexe avec lequel il a choisi de vivre. J’adore entendre des personnes me dire qu’elles ne veulent pas de chien dans leur vie parce qu’elles n’auraient pas assez de temps à lui accorder. Si plus de personnes écoutaient davantage leur raison que leur besoin de posséder, il est indéniable qu’il y aurait beaucoup moins de chiens dans les refuges. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

  • Faut-il séparer deux chiens qui se battent ?

    Je préfère vous l’annoncer tout de suite, c’est une réponse de Normand que j’apporterai à cette question. Comme souvent quand on a affaire à du vivant, il est délicat de répondre par un « oui » ou un « non » franc à une interrogation. Non, il n’est pas nécessaire d’interrompre TOUS les conflits. Mais OUI, il est indispensable d’intervenir quand cela risque d’aller trop loin. Malheureusement, il peut être difficile pour beaucoup de propriétaires de chiens de différencier une querelle bruyante mais sans conséquence entre deux toutous, d’une bagarre qui risque de dégénérer. L’expérience de terrain nous permet d’avoir l’œil pour ce genre de chose, et d’être capable d’évaluer le degré de dangerosité d’une situation conflictuelle entre deux chiens, mais si l’on n’a jamais eu l’occasion d’assister à des bagarres de chiens, il n’est pas évident de faire la part des choses. Pour commencer, je rappelle que les chiens sont des animaux sociaux, qui par définition, sont capables, pour la plupart, de vivre ensemble. Je ne dis pas là qu’ils devraient tolérer tous leurs congénères, aimer tout le monde, et avoir envie de jouer avec des copains toute la journée. Beaucoup de chiens n’ont pas spécialement envie d’interagir avec des individus extérieurs à leur groupe social. En revanche, quand je parle de « vivre ensemble », j’entends par là que les chiens communiquent beaucoup entre eux, contrairement à d’autres espèces plus solitaires, et cette communication leur permet d’éviter les conflits et de protéger leur intégrité physique et celle de leurs congénères. Et, même quand un conflit éclate, dans la majorité des cas, il fait beaucoup de bruit mais ne blesse personne (à part un petit poinçon à l’oreille ou une égratignure sans conséquence sur le museau). Généralement, l’un des deux protagonistes finit par adopter une posture destinée à interrompre le conflit : il se met souvent sur le dos, mais pas toujours, cependant il adopte toujours une posture basse. Cela ne signifie pas qu’il est « soumis », mais juste qu’il communique comme un chien normal, et qu’il souhaite mettre un terme à l’escalade agressive. Quand j’assiste à une querelle entre chiens, si les deux protagonistes sont stables et que l’environnement n’est pas propice à ce que la situation dégénère (présence d’autres chiens, présence des propriétaires qui crient ou interfèrent dans la bagarre, grosse différence de gabarit, etc), je les laisse s’expliquer. Une bagarre « saine » (car oui, un conflit peut être sain ! Se disputer permet de mettre certaines choses au clair, chez l’humain comme chez le chien) ne dure pas plus de quelques secondes, et même rarement plus de dix. Même si cela peut sembler une éternité ! Se battre est un comportement naturel, et nos chiens n’ont pas la possibilité de s’exprimer leurs désaccords en s’installant autour d’une table. Attention cependant : quand c’est possible, il est toujours préférable d’essayer d’éviter les situations conflictuelles. Certains chiens peuvent se renforcer dans le fait de se battre (vive l’adrénaline !), ou apprendre aux dépends des autres que se battre peut être une stratégie payante, surtout quand on est physiquement plus fort. Un conflit occasionnel peut être sain ; en revanche, si l’animal se bat pour un oui ou pour un non, même s’il n’inflige pas de blessures, c’est un problème. Si j’assiste à une bagarre qui me semble durer un peu trop longtemps, s’il y a plusieurs chiens autour des protagonistes, si l’un des deux ne semble pas adopter de signal d’arrêt ou ne respecte pas celui du chien avec lequel il se querelle, j’interviens sans tarder. Comment ? Tout dépend de ce que j’ai à ma disposition pour arrêter le conflit. Un objet jeté à côté ou au milieu des deux chiens peut suffire (rarement). Un cri, fort, peut aider (rarement). Sinon, attraper les pattes arrière du chien qui ne veut pas s’arrêter, et le soulever du sol de manière à ce qu’il perde légèrement l’équilibre, fonctionne généralement bien, sauf si l’individu d’en face ne se rend pas compte qu’il est libre et revient à la charge. Dans l’idéal, il faudrait être deux… Et surtout, attention à vos mains, mais le vieil adage qui dit qu’il ne faut jamais mettre les mains dans une bagarre de chiens n’est pas toujours très réaliste. Bien sûr, quand il s’agit de séparer une bagarre de chiens déjà bien entamée, impossible d’employer le renforcement positif. Vous me connaissez, je défends ardemment l’éducation positive, cependant 1) Éducation positive ne signifie pas que l’on n’emploie QUE le renforcement positif au quotidien ; 2) Quand la sécurité d’un chien est en jeu, on agit, et avec les grands moyens s’il le faut. Parce qu’un chien troué de partout, ça n’a rien de positif pour le coup, dans tous les sens du terme. Un simple post Facebook est un format bien trop court pour évoquer le vaste sujet des bagarres entre chiens. Le sujet est complexe, et il est difficile de faire des généralités à son propos. Dans tous les cas, si vous avez peur des conflits canins, dites-vous qu’il est relativement rare que des bagarres de chiens explosent lors de la promenade quotidienne de Toutou : quand ils n’ont pas grand-chose à se revendiquer, et d’autant plus s’ils sont en mouvement, les chiens préfèrent amplement renifler leurs congénères et passer leur chemin que déclencher un conflit qui les mettrait eux-mêmes en danger. Bien souvent, c’est nous, humains, qui mettons nos chiens en difficulté lors d’une rencontre. Et nous mettre un peu de côté pour les laisser s’exprimer, tout en gardant un œil sur la rencontre sans sur-interpréter ce qui s’y passe, est souvent bénéfique… pour les deux parties. (Sur la photo d’illustration, il s’agit de jeu… Je dégaine rarement mon appareil photo en cas de bagarre de chiens 😉 !) Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024

  • À chaque chien sa personnalité !

    Vendredi, j’ai passé ma journée avec onze chiens. 🐕 Rocky, Border Collie, est indépendant et réservé. 🐶 Inua, croisée Border Collie, adore les jeux avec ses congénères mais les oublie aussitôt qu’elle aperçoit une balle. 🐕 Ulysse, Berger Australien, aime les jeux un peu brutaux mais sait aussi apprécier des moments de calme. 🐶 Rafale, Berger Australien, régit les interactions des autres comme un surveillant dans un collège. 🐕 Marcel, Berger Australien, est très calme, et pot de colle avec l’humain. 🐶 Ooper, croisé Berger Australien, adore les jeux virils avec des grognements exagérés, mais aime aussi les câlins. 🐕 Onie, croisée Berger Australien, est timide au premier abord mais délurée dès qu’elle se détend. 🐶 Vanille, Labrador, aime les jeux de corps à corps, mais aussi les longues siestes à l’ombre. 🐕 Métis, Labrador, tolère tout de la part des mâles mais est intransigeante avec les femelles. 🐶 Jack, Labrador, a un caractère placide et ne s’énerve jamais. 🐕 Modjo, petit croisé au poil dur, est toujours d’humeur égale mais peut vite monter en pression dans les moments d’excitation. Onze chiens, onze individus différents. Même ceux qui appartiennent à la même race ne sont pas des clones. Si l’on retrouve indéniablement des tendances comportementales au sein des races (les Labs adorent barboter et saisir des objets dans la gueule, les Borders aiment poursuivre, les Beagles aiment quadriller le terrain à la recherche de la moindre odeur nouvelle, etc), la personnalité et les préférences personnelles sont -comme leur nom l’indique- propres à chaque individu. Certains chiens sont proches de l’humain, d’autres sont plus indépendants, certains aiment le calme, d’autre sont en recherche constante d’adrénaline. La personnalité a des bases génétiques, et est influencée par l’environnement, mais dans une moindre mesure seulement : vous ne ferez jamais d’un chien timoré un extraverti. Sur la liste ci-dessus, je caricature un peu les traits de personnalité de chacun, mais vous saisissez l’idée que j’essaie de faire passer. Les chiens avec lesquels j’ai eu la chance de partager ma journée vendredi sont la preuve vivante qu’on ne peut pas faire de l’exemple d’un seul chien une généralité. Votre chien a sa personnalité et ses préférences propres qui ne sont pas celles du chien du voisin. Attention donc aux conseils « d’éducation » que vous pourriez distribuer, même avec les meilleures intentions du monde, qui ont fonctionné avec votre chien mais ne marcheront pas avec un autre, voire même seront nocives pour son bien-être. Voilà pourquoi je déteste l’expression « bien éduqué » quand on parle d’un chien : non seulement parce que c’est une notion purement subjective, mais aussi parce que cela donne l’impression que la « valeur » d’un chien ne se mesure qu’à son degré d’obéissance, mais enfin et surtout parce qu’elle glorifie toujours l’humain sans aucune prise en compte de la personnalité de son compagnon. Beaucoup de mes anciens clients avaient eu des chiens « bien éduqués » avant de tomber sur un individu tout à fait différent et qui leur a donné du fil à retordre. Chaque chien est unique. Soyons humbles, prudents, et observons encore et toujours avant de tirer des conclusions hâtives. Nos chiens ont tant à nous apprendre ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024

  • Les câlins, ce n’est pas pour tous les chiens !

    Sirius adore les câlins. Vraiment. Il aime se coller le plus possible à moi (et pas qu’à moi d’ailleurs, car si quelqu’un lui propose un câlin, il apprécie tout autant), appuyer sa tête contre mon front, entourer mon cou avec ses pattes comme un humain, et je peux même le serrer dans mes bras, il adore. Le contact physique semble l’apaiser, et c’est l’un des rares chiens que je connaisse qui en redemande quand on le serre dans les bras. J’ai conscience d’être très chanceuse. Les contacts physiques avec un être aimé inondent l’organisme d’hormones du bien-être, comme la fameuse ocytocine, souvent associée au lien entre une mère et son enfant mais qui, en réalité, est aussi produite lorsqu’il existe un lien d’attachement entre les individus de deux espèces différentes. La production d’ocytocine est apaisante, et elle renforce encore le lien existant entre deux êtres chaque fois qu’elle est produite. Je suis très attachée à Sirius, et je sais que sa soif de câlins y est pour beaucoup. Indiana et Farouk apprécient aussi beaucoup les câlins, mais ils sont un peu moins demandeurs et moins à l’aise avec les contacts rapprochés. Mais j’ai déjà une chance énorme d’avoir trois chiens qui aiment le contact ! Beaucoup de chiens n’aiment pas les caresses. Cela ne veut aucunement dire qu’ils n’aiment pas leur humain. Ils n’aiment simplement pas le toucher, ou la trop grande proximité physique. Avec les humains, je suis beaucoup moins tactile que je ne le suis avec mes animaux, et pourtant il y a beaucoup de gens que j’aime ! Je ne ressens pas le besoin de les toucher pour leur exprimer mon affection, mais cela ne m’empêche pas de les porter dans mon cœur. Un chien ne devrait jamais avoir à subir une caresse forcée. Celui qui pense cela devrait revoir la définition du consentement. Mon chien Indiana déteste qu’un inconnu le touche. Il peut aller jusqu’à la morsure si une personne essaie de le caresser. Des dizaines de fois, on m’a demandé pourquoi je n’avais pas réussi à lui faire passer ce « travers » : tout simplement parce que je n’ai jamais essayé ! J’estime qu’Indy a le droit au respect de sa zone de confort, et je préviens toujours les personnes de mon entourage de ne pas le toucher. Cela me suffit. Ne pas vouloir être touché est un droit pour tout individu, peu importe son espèce. Quand vous caressez un chien, adoptez le réflexe du test de consentement : enlevez votre main régulièrement, et observez la réaction du chien. S’il ne fait aucun mouvement dans votre direction, il ne veut pas être touché. S’il s’éloigne, c’est encore plus clair. Ne le forcez pas : non seulement vous risquez de vous faire mordre, mais vous lui manquez de respect. Les chiens ne se caressent pas entre eux : c’est un comportement de primate. Et même parmi les primates, certains n’aiment pas cela ! Il est possible d’exprimer son affection envers un être cher autrement qu’en passant par le contact physique : en faisant une grande promenade en forêt ensemble, en partageant un moment de jeu, en offrant quelque chose d’agréable à l’autre (un bel os charnu !) ou en se reposant tout simplement près de l’autre. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

  • Et si l’on cessait de tout s’interdire ?

    Ces dernières années, les injonctions à « ne pas faire » ont fleuri dans le milieu canin, bien souvent à raison et avec des intentions tout à fait louables : ne pas abuser des jeux de lancer avec son chien, ne pas l’immerger dans un parc canin bondé, ne pas le laisser monter excessivement en excitation, ne pas l’exposer à trop de stimulations dans une même journée, etc. Si ces « règles » ont aidé beaucoup de propriétaires à être plus à l’écoute de leur chien et à veiller à ne pas dépasser ses limites, elles ont aussi poussé certains à être dans l’hyper-contrôle permanent, dans la culpabilisation au moindre écart dans le respect de ces conseils qui sont devenus pour eux des dogmes, et même, pour certains, à ne plus rien faire avec leur chien sous prétexte de ne pas le stimuler excessivement. Je me souviens par exemple d’un client qui n’arrivait pas à créer de lien avec son jeune chien de berger. Ce chien ne semblait pas s’intéresser à son humain, il ne revenait pas au rappel, il paraissait s’amuser beaucoup plus quand il se trouvait loin de son propriétaire que près de lui. J’avais demandé à ce dernier s’il lui arrivait de jouer avec lui : le jeu crée du lien, c’est indéniable. Parfois, un lancer de balle, par exemple, constitue une excellente récompense à un rappel réussi. Mais mon client s’était fermement opposé à l’idée de jouer à la balle avec son chien, parce qu’il avait lu que les jeux de lancer étaient délétères pour la santé mentale de nos compagnons. Je n’avais pas pu le convaincre du contraire. C’est bien dommage, car même les jeux de lancer peuvent être bénéfiques dans certains cas : c’est leur excès qui est néfaste ! Sauf que ce conseil a été peu à peu déformé au fil des années par certains professionnels qui se sont mis à décréter qu’il fallait interdire tout jeu de lancer avec son chien. De même, ne pas sur-stimuler son chien signifiait, à l’origine, ne pas lui proposer des activités en permanence, et lui apprendre, à certains moments de la journée, à se reposer. Mais aujourd’hui, à lire les écrits de certains professionnels (je n’ai aucun nom précis en tête, ne cherchez pas, je ne vise personne en particulier 😉 !), on a l’impression d’être maltraitant si l’on sort son chien plus d’une heure par jour. Sauf qu’un être vivant avec un système locomoteur est fait pour… bouger ! Il y a mille fois plus de chiens hypo-stimulés, obèses et en mauvaise santé physique et mentale à cause du manque d’activité que de chiens qui souffrent d’un surplus d’activité aujourd’hui. On marche vraiment sur la tête… Même l’injonction à ne pas sortir son chiot plus de cinq minutes par jour est une aberration, et est sortie de nulle part. Imaginerait-on limiter les sorties d’un enfant de quatre ans à cinq à dix minutes par jour ? C’est ridicule. Si l’on choisit de partager son existence avec un chien, c’est pour la vivre plus intensément, pas pour se priver des bonnes choses que nous pourrions partager avec lui. Ne vous empêchez pas de vivre ! Vous aimez faire de grandes balades tous les jours en forêt avec votre chien ? Il est chanceux ! Vous aimez lui lancer la balle ? Tant que ce n’est pas tous les jours, qu’il ne devient pas toqué et que la base de son activité est constituée de sorties calmes, pas de souci ! Il s’excite parfois un peu quand il joue avec ses congénères ? Tant que ce n’est pas au détriment des autres, ce n’est pas grave ! Regardez les enfants dans la cour de récréation : ils courent, ils crient, ils vivent. Les enseignants les laissent faire tant que la situation ne dégénère pas : qui aurait l’idée d’empêcher un enfant de courir dans la cour ? Être à l’écoute du bien-être de son chien, des conseils distribués sur les réseaux et dans notre entourage, c’est bien. Mais ne nous empêchons pas de vivre pour autant ! L’homme aime les chiens depuis la nuit des temps pour toutes les activités et les jeux qu’il peut partager avec eux. Tout excès est néfaste, mais les activités bien dosées ne peuvent être que bénéfiques. Faites plaisir à votre chien, faites-vous plaisir également, faites le tri dans les conseils que vous recevez et faites preuve de bon sens : si vous êtes à l’écoute de votre compagnon, vous êtes le mieux placé pour savoir ce qui est bon ou pas pour lui. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

  • L’homme a-t-il oublié pourquoi il aime les chiens ?

    Hier, je discutais avec une éleveuse de Spitz, qui me confiait que depuis un certain temps maintenant, elle n’avait plus envie de vendre de chiots. Ses potentiels acheteurs ne la contactaient plus que pour avoir le chiot le plus minuscule possible, ou celui à la couleur la plus exotique. Sans être étonnée, j’ai été peinée d’entendre ce discours qui reflète ce que j’observe depuis longtemps dans le monde du chien : on ne sait plus vraiment pourquoi on veut un chien. On cherche un accessoire de mode, une décoration de jardin ou un substitut d’enfant en attendant d’en avoir un vrai. Mais pourquoi un chien, précisément ? Je crois bien qu’on l’a oublié. Quand j’étais enfant, je rêvais d’avoir un chien pour pouvoir partager toutes mes aventures avec lui, pour qu’il m’accompagne dans mes péripéties à travers le quartier avec mes amies, pour que l’on parte en exploration pendant des heures le long du canal de Reims. J’ai eu mon premier chien à l’âge de quinze ans, et j’ai pu réaliser mon rêve d’explorer les alentours de ma ville accompagnée d’un ami canin. Vingt-quatre ans plus tard, j’ai trois chiens et je partage toujours cette vie avec eux. Grâce à eux, j’ai exploré tous les alentours de ma petite commune. J’ai découvert des endroits magnifiques. Je les emmène avec moi partout où je le peux, tant que cela reste confortable pour eux. Nous aimons tous les quatre les grands espaces, et le contact avec la nature nous est indispensable. Nous ne faisons pas toujours de longues randonnées : parfois, au lieu de lire un livre chez moi, ou de rédiger un article à la maison, je trouve un verger tranquille, je m’adosse à un arbre et je vaque à mes occupations pendant que mes chiens reniflent les alentours ou cherchent des friandises dans l’herbe. Ce sont des moments précieux. Pendant ces instants de paix où nous avons l’impression d’être seuls au monde, le fait que mes chiens ne soient pas de pure race, qu’ils ne soient pas d’une couleur rare ou qu’ils n’aient pas les yeux hétérochromes ne m’importe aucunement. Ce sont des individus avant d’être un physique. Et même le corniaud à l’aspect le plus ingrat s’avère être le meilleur ami du monde quand il s’agit de faire ce que tout chien aime : battre la campagne à la recherche d’horizons nouveaux et d’odeurs passionnantes. Je crois qu’aujourd’hui, l’homme a oublié pourquoi il aime les chiens. Il veut un Malinois ou un Staff pour jouer les durs, il veut un Border pour se donner des airs de campagnard alors qu’il préfère pianoter sur son ordinateur plutôt que d’aller se promener avec lui. Il veut un Husky pour sa tête de loup et ses beaux yeux bleus, mais il ne le sort que pour faire le tour du quartier et il lui met un collier anti-fugue pour qu’il cesse de s’échapper du jardin. Il veut un Bouledogue Français « exotique » pour ne pas avoir le même que les autres, mais il ne l’emmène jamais dehors. Je comprends cette éleveuse qui ne veut plus vendre de chiots. La plupart des chiots, quand ils arrivent dans une nouvelle famille, prennent une peine à perpétuité. Ils connaîtront peut-être l’extérieur la première année, quand leur famille sera encore assez motivée pour combler leurs besoins. Puis ils seront relégués au second plan, parce que le temps manque, parce qu’un bébé arrive, parce qu’ils tirent trop en laisse. Mais après tout, ce n’est pas grave : ils restent beaux, c’est tout ce qui compte. Nous avons longtemps aimé les chiens parce qu’ils représentaient un lien entre le monde sauvage et nous. Les chiens nous rappelaient notre animalité. À l’heure des écrans et de la sédentarité, nous avons oublié pourquoi ils comptaient tant pour nous. Nous choisissons un magnifique chien-loup aux yeux verts et à la robe chocolat parce que cela donne de superbes photos sur Instagram. Nous oublions qu’un physique est avant tout un être vivant, avec une personnalité qui lui est propre et un besoin viscéral de connexion avec la terre. Alors, tant que vous le pouvez, essayez d’offrir à votre chien des sorties dans la nature. Laissez-le se rouler dans la boue, creuser des trous dans le sol, se baigner dans les flaques, riez devant ses zoomies, et peu importe s’il sent un peu le fauve en rentrant à la maison. Ces moments précieux vous rappelleront pourquoi vous avez pris un chien. Parce que tout chien, qu’il soit beau, laid, merle, bleu, aux yeux vairons, au poil dur ou soyeux, chérit ces moments au grand air avec vous plus qu’il ne chérirait le plus bel os du monde. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

  • La réactivité aux congénères

    La réactivité aux congénères se rencontre fréquemment chez nos chiens domestiques. La réactivité, que nous devrions nommer « hyper-réactivité » ou même agressivité, pour être tout à fait juste -car il est normal qu'un chien réagisse à la vue d'un congénère, c'est l'excès qui pose problème- consiste pour un individu canin à présenter des comportements d'agression en apparence démesurés à l'approche d'un autre chien. L'individu agresseur peut aboyer, charger, découvrir les crocs, claquer des mâchoires, voire foncer sur le chien d'en face et le mordre s'il est en liberté. La réactivité congénères fait souvent beaucoup de bruit, le but initial de l'individu étant la mise à distance de celui qu'il considère comme un intrus. Si la tactique adoptée n'est pas opérante, c'est à dire si le chien agresseur n'est pas écouté, il peut, au fil du temps, choisir de passer à l'offensive et d'aller agresser ses congénères sans les prévenir, puisque la technique du « bluff » n'aura pas fonctionné. La prédation sur petits chiens n'est pas considérée comme de la réactivité. Elle est silencieuse, et a pour but de tuer, donc de réduire la distance entre le protagoniste et sa proie. Les comportements de réactivité, eux, visent initialement à mettre à distance l'individu d'en face. Certaines races ont davantage tendance que d'autres à présenter de la réactivité congénères à partir de la puberté ou un peu plus tard, souvent avant deux ans. Nous pouvons citer les races sélectionnées initialement pour le combat de chiens, et qui peuvent présenter des déficiences dans leur mode de communication intraspécifique : certaines lignées d'Amstaffs ou de Staffies, par exemple. Beaucoup de bergers présentent aussi des comportements de réactivité dûs à leur hypersensibilité à l'environnement. Mais, bien entendu, il existe des bergers ou des terriers de type Bull très sociables et bon communicants (j'ai la chance de partager ma vie avec un Staff très doué pour la communication avec ses congénères). Une socialisation de qualité entreprise dès le plus jeune âge peut permettre de se prémunir contre certains comportements agressifs, mais elle ne changera pas un chien sensible en un individu placide, ni un chien excitable en un gros toutou tranquille. Certains chiens, même très bien socialisés étant chiots, peuvent se montrer agressifs envers leurs congénères une fois adultes. La génétique et les expériences vécues après la période de socialisation primaire impactent également leur comportement en présence d'autres chiens. Les comportements de réactivité apparaissent généralement à partir de la puberté. Bien souvent, les propriétaires ne comprennent pas ce revirement de situation soudain, et mettent la réactivité de leur chien sur le compte d'une agression subie par un autre chien. Bien entendu, une agression incomprise peut provoquer de la réactivité chez l'individu pris pour cible, mais bien souvent, la cause de ce changement est simplement le passage à l'âge adulte, avec le bouleversement hormonal qu'il implique, l'activation de gènes agissant « à retardement », et le comportement des autres chiens qui change face à l'individu qui devient adulte -le «laisser-passer » du chiot n'est plus de mise, et le jeune chien, surtout le jeune mâle entier, peut être mis au pas par les adultes, parfois sévèrement. Il est intéressant de noter que la frontière entre comportement normal et réactivité est assez floue et subjective. La définition de la réactivité dépend souvent de la perception qu'en a le propriétaire de l'animal. Pour certains, aboyer en bout de laisse est déjà de la réactivité ; pour d'autres, ce comportement n'a rien d'anormal. Il serait pertinent de se demander si une race sélectionnée initialement pour le combat de chiens, même si elle n'a plus combattu depuis des générations, et qu'on a « créée » pour avoir un mode de communication tronqué, avec absence de prise en compte des postures d'apaisement d'autrui (quel intérêt pour un chien de combat qui doit tuer son adversaire ?) peut être considérée comme réactive alors même que c'est un trait de comportement qu'on a volontairement sélectionné chez elle ? De la même façon, quand on sait que les canidés sociaux ne cohabitent pas avec d'autres groupes dans la nature, peut-on considérer qu'un chien qui aboie sur des congénères extérieurs à son groupe social a un comportement anormal ? D'autre part, un chien, placé entre des mains différentes, ne présentera pas toujours le même comportement. Un chien tenu en laisse courte par un humain ayant peur des contacts canins et qui adopte involontairement des comportements favorisant l'agressivité de l'animal, pourra se montrer beaucoup plus détendu en longe de dix mètres, avec une personne ne redoutant pas les rencontres canines. Ici, je grossis un peu le trait, et je ne cherche absolument pas à jeter la pierre aux personnes qui stressent parce qu'elles ont du mal à gérer leur chien. Vivre avec un chien réactif est compliqué, et certains toutous, même avec une personne plus détendue et en longe, se montreront agressifs. Il s'agit juste d'exemples, certes un peu caricaturaux, visant à expliquer que la notion de réactivité est toute relative. Finalement, la sélection initialement opérée sur les races dans un but particulier, et aujourd'hui pour l'esthétique plus que pour la stabilité du comportement, n'est-elle pas en partie responsable de la réactivité de nos chiens ? L'environnement dans lequel nous contraignons nos canidés à vivre, alors qu'ils ne sont pas forcément câblés pour croiser des congénères à chaque coin de rue, ne contribue-t-il pas à entretenir leur réactivité ? Notre attitude envers eux, nos propres peurs, notre crainte d'une rencontre qui pourrait mal se passer, ne font-elles pas partie des nombreuses causes à la réactivité de nos compagnons ? Aujourd'hui, le chien va mal, il n'est pas en connivence avec notre environnement humain limitant et et il le manifeste notamment par des comportements d'agression. Une approche systémique du problème peut permettre de lui proposer un environnement plus adapté et d'éviter de le placer en situation de stress en permanence, afin de limiter l'apparition de comportements offensifs. Elsa Weiss / Cynopolis Formations © Tous droits réservés - 2024

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