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- Webinaire : Gérer un chien réactif quand on est pet sitter ou pensionneur
S’occuper d’un chien réactif quand on n’est pas comportementaliste canin peut s’avérer intimidant. On peut craindre la morsure, avoir peur d’interférer dans la rééducation entreprise par le propriétaire du chien, ou encore être mal à l’aise face au regard des autres quand on promène l’animal. Les propriétaires de chiens réactifs ont pourtant besoin, parfois plus que les autres, de prendre du temps pour eux à l’occasion et de confier leur compagnon à une personne de confiance. Avec des précautions et quelques aménagements, il est tout à fait possible de prendre en garde un chien réactif. Que vous soyez pet sitter ou pensionneur, nous vous proposons ce webinaire afin de vous donner des conseils et de répondre à toutes vos interrogations au sujet de la prise en charge occasionnelle ou régulière de ces chiens. Nous sommes respectivement pet sitter et comportementaliste canin, et nous espérons que nos propres expériences avec des chiens réactifs vous aideront à mieux appréhender votre cohabitation avec eux. Jeudi 12 décembre à 20h Durée : 1H + 30min Q/R Tarif : 25€ Inscription sur ce lien
- Pourquoi beaucoup de relations humain/chien dysfonctionnent
Aujourd’hui, il y a des chiens partout. L’accès au chien est facile, et n’importe qui peut acquérir en quelques heures un Malinois, un Saint-Bernard ou un Dogue des Canaries, sans aucune connaissance de la psychologie du chien. Beaucoup d’acheteurs optent pour une race parce qu’ils souhaitent que leur compagnon corresponde à l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes : un Husky ou un chien-loup pour se donner un côté sauvage, un Malinois ou un Amstaff pour l’aspect viril, un Berger Australien pour compléter un joli tableau familial tout droit sorti d’une série américaine. Bien sûr, tout le monde n’est pas comme ça ! Mais les chiens sont souvent (oui, souvent) choisis pour de mauvaises raisons, par des propriétaires trop peu informés, qui déchantent très vite une fois Toutou arrivé à la maison. Les refuges sont saturés, et les éducateurs(trices) rencontrent régulièrement des demandes de prises en charge « de la dernière chance ». Voici une petite liste non exhaustive des raisons qui font que beaucoup de binômes humain/chien fonctionnent mal. Cette liste n’est pas exhaustive. 👉 Il y a eu une erreur de casting dès le départ : C’est une cause de dysfonctionnement très courante dans le binôme humain/chien. Beaucoup de personnes achètent un chien sans se renseigner sur sa race, ou parce qu’elles pensent qu’elles arriveront à contrer ses instincts par de l’éducation, ou encore, parce que « celui de leur voisin n’est pas comme ça ». De nombreuses familles optent pour des bergers parce qu’ils sont vifs d’esprit et apprennent vite, mais elles oublient qu’une intelligence vive va souvent de pair avec une sensibilité exacerbée et un besoin de « faire » particulièrement développé. Le chien est insuffisamment stimulé, il accumule de l’énergie non dépensée, il est surexcité en promenade et devient réactif. La quasi-totalité des cas de réactivité rencontrés quand on est éducateur canin concerne des chiens issus de races du groupe 1, celle des chiens de berger. Bien choisir la race de son chien dès le départ, en fonction de la vie que l’on pourra lui offrir, ou adopter un chien en refuge après avoir pris le temps de faire sa connaissance, permet d’éviter les erreurs de casting qui souvent, mènent à l’abandon ou à l’euthanasie. 👉 L’éducation est incohérente : Par exemple, le chien se fait gronder quand il aboie dans le jardin, mais si quelqu’un de louche traîne dans la rue, on l’envoie donner de la voix. Ou alors, le chien a le droit de sauter pour dire bonjour, mais se fait disputer quand il le fait avec des pattes sales. L’incohérence dans l’éducation cause de l’anxiété chez le chien, qui ne peut pas savoir si un même comportement va être renforcé ou puni, et crée de la méfiance envers le gardien qui perd sa crédibilité aux yeux de l’animal. 👉 L’éducation est trop stricte : Le chien ne vit pas en suivant les règles d’une hiérarchie stricte et linéaire. Il ne fonctionne pas ainsi avec ses congénères, et par conséquent, avec les humains non plus. Le chien a besoin d’un guide, pas d’un chef. Il s’agit d’un animal qui collabore aisément si on lui offre suffisamment de liberté et de possibilité de combler les besoins inhérents à son espèce, et qu’on fait preuve de compréhension dans son éducation. Un chien avec lequel on est trop strict, auquel on ne permet aucune liberté d’action ni prise d’initiative, pourra développer des comportements stéréotypés liés à l’anxiété, des réactions éventuellement agressives, ou de l’inhibition (ce qui, à mes yeux, est pire que tout mais convient à beaucoup car donnant l’impression d’une « bonne éducation »). Un chien « éteint » n’est pas un chien bien éduqué : c’est un chien mal dans ses pattes, qui a renoncé à l’action. À l’inverse, certains chiens manquent de repères et de cohérence au quotidien : c’est le cas des chiens dont les gardiens n’ont pas compris les principes de l’éducation positive et à qui l’on évite toute source de frustration. Les humains n’offrent pas au chien un contexte de vie structurant. Cette situation est également anxiogène pour l’animal. 👉 Les besoins ne sont pas comblés : C’est la raison numéro 1 des problèmes de comportement présentés par les chiens. Prenez quasiment n’importe quel chien dont le propriétaire se plaint du comportement, doublez son activité physique et mentale, et vous verrez de manière quasi magique la plupart de ses soucis disparaître. Garanti. 👉 Le chien n’est pas compris : Quand je suis partie vivre en Angleterre il y a quelques années, je me suis retrouvée dans un nouveau pays, avec des coutumes qui n’étaient pas les miennes, dans une famille que je ne connaissais pas. Il m’a fallu du temps pour m’adapter, et apprécier pleinement ma vie là bas. Tout le monde a été très gentil avec moi, et a veillé à ce que je m’intègre bien, et c’est grâce à la bienveillance des personnes que j’ai rencontrées que j’ai pu m’intégrer. Maintenant, imaginez si l’on m’avait disputée chaque fois que j’avais fait une erreur de grammaire, ou qu’on m’avait donné une tape sur la tête chaque fois que j’avais mal compris une phrase. Imaginez si l’on avait attendu de moi que je comprenne tout, tout de suite, que je sache d’instinct ce qui se faisait et ne se faisait pas en Angleterre, que l’on n’avait pas fait l’effort de me parler plus lentement de temps en temps, et qu’on m’avait grondée à la moindre erreur : il y a fort à parier que je n’aurais pas autant apprécié ma vie là bas, ou que je ne me serais intégrée qu’au prix d’une bonne dose de stress. C’est ce que vivent beaucoup de nos chiens au quotidien : c’est même pire pour eux, car ils doivent s’intégrer à une famille qui n’est pas de la même espèce que la leur. Souvent, on attend d’eux dès leur arrivée qu’ils sachent ce qui se fait et ne se fait pas, et on les dispute s’ils ne respectent pas des règles qu’on ne prend même pas la peine de leur enseigner. On ne cherche pas à les comprendre, et pourtant on voudrait qu’ils nous comprennent, nous, instantanément. On se fâche, on perd patience, on les gronde, mais eux n’ont pas le droit d’exprimer le moindre malaise en grognant ou en se soustrayant à une situation qui les met en difficulté. Bien entendu, un dysfonctionnement dans un binôme humain/chien est souvent multifactoriel, et plusieurs des causes sus-citées peuvent se cumuler. N’attendez pas si vous sentez que la relation avec votre chien ne fonctionne pas bien : contactez un éducateur(trice) en méthodes bienveillantes de votre secteur. Parfois, une ou deux séances peuvent suffire à mettre le doigt sur un problème qui ne nous serait jamais venu à l’esprit sans regard extérieur, et à éviter le pire pour le chien comme pour son humain. 🐾 Retrouvez plus d’articles comme celui-ci sur mon compte Patreon : https://patreon.com/CynopolisFormations?utm_medium=unknown&utm_source=join_link&utm_campaign=creatorshare_creator&utm_content=copyLink Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- L’Umwelt, et si on en reparlait ?
🐾 Le concept d’Umwelt a été défini par le biologiste Jakob von Uexküll et le sémioticien Thomas A. Sebeok au début du 20ème siècle. Il désigne l’environnement sensoriel propre à un individu ou à une espèce. En d’autres termes, chaque être vivant a son propre Umwelt, il perçoit le monde différemment des autres individus, avec ses propres perceptions sensorielles. Deux espèces partageant le même environnement, ne vivent pas pour autant dans le même Umwelt. Par exemple, nous partageons nos maisons avec des araignées commensales de l’homme. Elles se sont adaptées à la vie dans nos maisons parce que ces dernières sont favorables à la survie de l’espèce (bonne température, protection contre les prédateurs, présence d’insectes commensaux de l’homme pouvant servir de proies comme la mouche domestique, etc). Pourtant, les araignées et nous ne vivons pas du tout dans le même monde sensoriel, alors même que nous partageons le même salon ! L’araignée ne réagit qu’à la température, aux courants d’air, à des vibrations sur sa toile indiquant la capture d’une proie, aux phéromones émises par un partenaire sexuel… Elles n’ont probablement même pas conscience de notre présence dans la pièce ! Tandis que nous, humains, percevons le monde avec nos cinq sens, et réagissons aux stimuli en fonction de ces derniers. Et encore, votre Umwelt n’est pas exactement le même que celui de votre conjoint ou de votre enfant. Il est donc hasardeux d’interpréter les réactions de nos chiens en fonction de nos propres perceptions. Nous n’avons pas du tout le même Umwelt. Le chien vit principalement dans un environnement olfactif et une bonne partie de ses réactions est provoquée par la perception de molécules odorantes ou de phéromones. Quand vous promenez votre chien, comprenez bien qu’il ne fait pas du tout la même balade que vous. Comprendre que chaque individu a son propre Umwelt devrait nous aider à faire preuve de davantage d’empathie envers nos chiens. Nous ne savons pas comment ils perçoivent exactement tel ou tel stimulus, il convient donc d’éviter au maximum les stimuli qu’ils peuvent percevoir comme désagréables ou douloureux. Par exemple, un collier anti-aboiement soit-disant « inoffensif », car ne produisant qu’un « bip » et pas de décharge électrique à chaque aboiement produit, est peut-être en réalité très inconfortable pour le chien. Nous ne savons pas comment l’animal perçoit ce son, et si le collier fonctionne, c’est que, forcément, l’émission du son est désagréable, voire douloureuse pour lui. Rappelons-nous donc toujours que sanctionner un chien pour un comportement produit n’a souvent de sens que pour l’humain, qui pense que le chien et lui partagent le même Umwelt. Un chien qui lèche un pipi par terre, qui se roule dans une charogne, qui aboie sur une personne particulière, ou qui passe trois heures à analyser une odeur au pied d’un lampadaire, ne le fait pas pour vous contrarier, mais simplement parce qu’il perçoit le monde et y réagit d’une manière qui lui est propre. Malgré tous nos efforts d’imagination, nous n’aurons jamais accès au monde tel qu’il est perçu par notre cher compagnon, mais nous pouvons au moins nous efforcer de respecter ses réactions face à des stimuli qui nous échappent. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- Les garderies et centres aérés canins, pour ou contre ?
En 2017, j’ai créé un « centre aéré canin » en région bordelaise. Je poursuis encore l’activité une fois par semaine, car cela me permet de prendre un bon bain de chiens régulièrement. À l’époque où j’ai lancé ce « centre aéré », j’étais la seule de la région à proposer cette prestation (attention, je ne prétends pas avoir inventé le concept, il existait déjà, mais pas dans mon secteur). Cette idée m’est venue quand je me suis rendu compte que la plupart des soi-disant problèmes de comportement présentés étaient dûs à de l’hypostimulation : j’ai donc proposé aux propriétaires de garder leur chien pendant qu’ils partaient travailler, et de leur restituer Toutou en fin d’après-midi, fatigué par une journée bien remplie. J’étais habituée à organiser des rencontres canines grâce à mon expérience au refuge où je travaillais à l’époque, et je disposais d’un terrain clôturé à plus de 150 mètres des habitations, ce qui se prêtait parfaitement à l’activité que je souhaitais proposer. Mais, ces dernières années, les garderies et centres aérés canins ont fleuri un peu partout. Ce n’est pas une mauvaise chose : les chiens souffrent beaucoup des longues semaines passées à la maison à ne rien faire, quand leurs propriétaires partent travailler dix heures par jour. Les laisser dans une garderie de temps en temps permet de « couper » leur semaine et de la rendre un peu moins interminable. Cependant, j’ai toujours un peu peur quand j’entends qu’une nouvelle garderie pour chiens ouvre quelque part en France : pour ouvrir une structure de ce genre, il est indispensable de respecter certains critères si l’on souhaite que les choses se passent au mieux et que les chiens passent VRAIMENT une bonne journée. 👉 Un espace suffisant : les chiens que je garde au terrain de centre aéré bénéficient de 5000m2 pour explorer, s’ébattre avec les copains, aller se coucher dans un coin s’ils ont envie de s’isoler… S’il n’est pas indispensable d’avoir un aussi grand espace à disposition, je trouve qu’en-dessous de 1500m2, c’est un peu petit pour accueillir un groupe de plusieurs chiens issus de groupes sociaux différents une journée entière. 👉 Un nombre de chiens limité : quand il y a 25 chiens sur un même espace, il est strictement impossible que leurs interactions soient de qualité. Une dizaine de chiens est déjà bien assez. Personnellement, je tourne désormais en circuit fermé : je ne prends presque plus de nouveau chien, j’ai mes habitués qui se connaissent bien et s’apprécient, et les rares nouveaux chiens que j’intègre ne sont pas plus d’un ou deux par session. 👉 Un tri dans les participants : quand un chien n’est pas à l’aise dans un groupe, je n’hésite plus à expliquer à ses gardiens que la garderie ne lui fait pas de bien. Être placé en immersion au milieu d’un groupe de chiens convient à certains individus très sociables, mais certainement pas à la majorité des chiens. Mon but, avec cette activité, est que les chiens passent une bonne journée, pas qu’ils soient prostrés dans un coin du matin au soir ou qu’ils se renforcent dans des comportements d’agression parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise. 👉 Une bonne lecture du chien : il est impératif de sortir immédiatement un individu canin d’une situation qui le met mal à l’aise. Or, il n’est pas toujours évident de se rendre compte qu’un individu en harcèle un autre, ou qu’un jeu est totalement subi par l’un des deux protagonistes. Avoir de bonnes bases en matière de communication canine permet d’éviter de laisser un chien dans une situation qui le dépasse. 👉 Une vigilance permanente : quand on ouvre une garderie canine, on doit toujours garder en tête le fait que les chiens sont des animaux. Des animaux munis de crocs, qui peuvent s’avérer violents avec leurs congénères dans certaines situations. Un chien normalement constitué évite généralement de passer à la morsure tant qu’il peut l’éviter, mais sur un terrain clos où il ne peut pas fuir, c’est complètement différent. L’objectif de la journée est bien évidemment que tout le monde s’entende et qu’aucun conflit ne survienne. Mais, si cela arrive, il faut être capable d’interrompre la bagarre, et d’y mettre les mains, quoiqu’on dise. 👉 Respecter la législation : un terrain qui accueille plus de 9 chiens doit être situé à plus de 150 mètres des habitations. Il est obligatoire de disposer de l’ACACED (qui ne suffit absolument pas en termes de connaissances pour exercer avec les animaux, nous sommes bien d’accord sur ce point), d’être déclaré et de bénéficier d’une assurance multirisque professionnelle pour ouvrir une garderie canine. Les « centres aérés » canins, je n’y suis donc pas opposée, mais tout dépend de la façon dont ils sont gérés, du nombre de chiens accueillis, de l’espace disponible et des connaissances de la personne en charge de les surveiller. N’hésitez pas à rester quelques minutes pour observer votre chien en début de session : cela vous permettra de voir s’il se sent à l’aise et si la personne qui s’en occupe vous paraît bienveillante. Si vous en avez la possibilité, laissez votre animal une demi-journée avant de le laisser une journée entière. Et n’oubliez surtout pas que la garderie est un complément aux activités que vous pouvez proposer à votre chien, et qu’elle ne remplace en aucun cas de longues promenades quotidiennes où il peut explorer à sa guise. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- « Mais laissez-les se débrouiller entre eux, ma p’tite dame ! »
Il y a encore quelques années, j’aurais été la première à défendre l’idée selon laquelle il faut « laisser les chiens se débrouiller entre eux ». Je pensais qu’ils étaient les mieux lotis pour communiquer entre eux et que l’intervention humaine dans une interaction canine était presque toujours néfaste. Sauf qu’il manquait de nombreux éléments dans mon équation, notamment le fait que les chiens sont des animaux domestiqués et que la sélection artificielle a impacté parfois négativement leur façon de communiquer, que nos chiens sont souvent forcés de se rencontrer sans forcément en avoir envie, que croiser trente fois par jour des individus ne faisant pas partie de son groupe social n’a rien de « naturel » pour un canidé (je mets le terme « naturel » entre guillemets car je le trouve mal approprié en ce qui concerne une espèce domestique, mais je n’ai pas trouvé mieux là tout de suite), etc. Si je continue de penser que l’intervention humaine est délétère dans certaines situations (par exemple, quand deux chiens inconnus se reniflent, il y a souvent une tension entre les deux protagonistes même s’ils sont bien codés, et mettre les pieds dans le plat en se mêlant de la rencontre peut facilement faire dégénérer les salutations), je n’affirmerai plus aujourd’hui qu’il faut toujours « laisser faire » et ne jamais aider les chiens dans leurs interactions. Il y a des chiens qui ne sont pas capables de dire « non » à d’autres. Il y a des chiens qui harcèlent d’autres individus. Il y a des chiens qui imposent le jeu à d’autres. Il y a des chiens craintifs qui peuvent s’enfuir quand un grand chien leur fonce dessus. Il y a des chiens qui ne savent pas bien se gérer émotionnellement et qui montent en pression facilement. Il y a des chiens qui présentent des patrons-moteur de traque ou de fixation et qui peuvent mettre les autres mal à l’aise. Il y a des individus qui se comprennent mal, parce qu’ils sont très dissemblables physiquement. Etc. Dans la plupart des cas, on peut laisser les chiens discuter entre eux, parfois même quand la discussion est un peu tendue. Mais il y a des situations où il est indispensable d’intervenir : quand un individu subit le jeu, quand un conflit ne s’arrête pas spontanément au bout de quelques secondes, quand un individu cherche à se soustraire à un autre sans y arriver, quand l’un des chiens ne veut pas prendre en compte les signaux de communication de l’autre, etc. Alors, la prochaine fois que Jean-Michel, 65 ans, qui a toujours eu des chiens et dont l’oncle par alliance a été maître-chien dans l’armée, vous prodigue son précieux conseil « Mais ma p’tite dame, faut les laisser faire, ils vont se débrouiller ! », respirez un bon coup, observez bien l’état émotionnel apparent de votre chien et du sien, et n’ayez pas peur de fuir si vous sentez que la rencontre pourrait mal tourner. Parce que si votre chien a le malheur de lever une babine, Jean-Michel pourrait en plus accuser votre chien d’être mal éduqué 😁 ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- L’éducation positive, seulement pour les chiens « faciles » ?
Hier, je suis tombée sur la publication d’une personne qui se séparait d’un Berger Australien et qui lui cherchait une famille capable de l’éduquer avec fermeté parce que « l’éducation positive qui produit des chiens-rois », n’était soi-disant pas adaptée à sa race. Outre le fait que ce dernier argument est tout à fait risible, étant donné qu’aucun chien n’échappe aux lois de l’apprentissage, sauf les chiens empaillés, il devient pénible de constater que l’expression « éducation positive » rime encore avec « laxisme » dans l’esprit de beaucoup de personnes. Rappelons déjà, pour la millième fois, que le terme « positif » n’a aucune valeur morale, il signifie juste que l’on « ajoute » quelque chose, c’est à dire qu’on travaille principalement avec des renforçateurs perçus comme agréables pour le chien, de manière à essayer de renforcer un comportement que l’on souhaite que le chien reproduise, plutôt que de sanctionner les comportements indésirables que l’on souhaite voir diminuer. « Positif » ne signifie donc aucunement que ce que l’on fait est bien, éthique ou moral (et évidemment pas laxiste). Le choix de l’expression « éducation positive » n’est d’ailleurs pas le terme le plus pertinent puisque la punition « positive », consistant à ajouter un stimulus désagréable pour diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement, existe aussi, et l’on essaie de l’éviter au maximum en éducation « positive ». Mais ne pas employer de sanction physique ou de cris ne signifie absolument pas qu’on laisse le chien faire tout ce qu’il veut. Ne pas mettre la laisse au chien pour partir en promenade tant qu’il n’a pas les quatre pattes au sol, par exemple, est une punition dite « négative » : c’est bel et bien une punition, mais qui n’abîmera pas la relation humain-chien comme des hurlements ou des coups. La punition négative pousse le chien à réfléchir et à essayer de proposer des comportements alternatifs pour pouvoir obtenir ce qu’il désire. Éduquer en « positif » ne signifie aucunement éviter toute frustration, bannir le mot « Non » -tant qu’il reste dénué de toute colère et qu’il est suivi d’une consigne indiquant au chien quoi faire à la place- ou n’imposer aucun cadre de vie. Une personne qui laisse son chien aller voir tous les autres chiens en liberté dans le parc n’applique pas les principes de l’éducation positive : elle n’éduque tout simplement pas. À la maison, mes chiens savent qu’ils ne peuvent pas aller à l’étage, sauter sur le canapé sans que je leur en ai donné l’autorisation ou encore bondir quand je distribue les gamelles. Mais tout cela leur a été enseigné dans le respect, sans leur crier dessus ou les frapper. Faites confiance à vos chiens, ils sont beaucoup plus malins qu’on ne le pense et ils n’ont pas besoin qu’on leur hurle un ordre dans les oreilles pour comprendre qu’un comportement n’est pas autorisé. Au lieu de sanctionner, montrez-leur la marche à suivre, c’est bien plus fun pour tout le monde ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- Le Berger d’Anatolie ou Kangal, nouveau chien à la mode ?
Le Berger d’Anatolie, ou Kangal, semble de plus en plus présent dans les foyers français. Bien que je sois la première à penser que la plupart des chiens peuvent s’adapter à une vie dans un espace restreint (qu’il s’agisse d’une maison avec jardin ou d’un appartement, le chien n’accordant que peu d’importance à ce genre de détail), je reste cependant plus prudente en ce qui concerne les chiens de protection de troupeaux. Parce que c’est ce qu’est le Kangal : en Turquie, son pays d’origine, il protégeait, et protège encore, les troupeaux ovins contre les prédateurs. Même s’il n’est pas le tueur féroce que l’on peut apercevoir dans certaines vidéos Tiktok -rappelons-le, le chien de protection n’est pas sélectionné pour tuer, mais pour dissuader- le Berger d’Anatolie reste un chien puissant, qui peut atteindre 60 kilos et plus pour le mâle, doté d’un fort instinct de protection et qui ne trouve pas nécessairement sa place en ville. J’ai eu la chance de travailler en tant que bergère sur plusieurs alpages avec des Kangals, et j’ai trouvé cette collaboration très enrichissante. Je ne connaissais pas bien la race et j’ai appris à en connaître différents représentants dans différents contextes. Et, pas de surprise, je n’imagine que difficilement ce type de chien occuper une simple place de « chien de compagnie ». Pour commencer, ce sont des chiens qui évoluent sur des espaces immenses. Ils ne restent pas toujours collés au troupeau, mais patrouillent sur plusieurs hectares pour signaler leur présence aux éventuels prédateurs et partir en mission de reconnaissance. Ils parcourent plusieurs kilomètres par jour, et étant très athlétiques et moins lourds que certains autres chiens de protection, ils se fatiguent peu. Ils aboient quand quelque chose leur semble suspect, et leur voix de stentor résonne alors dans toute la montagne. Ils n’agressent jamais inutilement, mais ils peuvent se montrer redoutables en cas d’intrusion de prédateur : l’an dernier, un loup a surgi à quelques mètres de moi alors que je surveillais le troupeau. L’un des Kangals, que je n’avais même pas dans mon champ de vision, a bondi sur lui et l’a coursé jusqu’à ce que le loup disparaisse à l’horizon. La fulgurance de son intervention m’a laissée bouche bée. Toutes ces qualités sont bien sûr recherchées quand on a besoin d’un chien pour protéger un troupeau, mais elles ne font que difficilement bon ménage avec une vie en lotissement. D’autre part, la plupart des Kangals que j’ai connus étaient plutôt indépendants, et pas franchement du genre à venir réclamer des câlins. Les Kangals sont des chiens capables de prendre des initiatives seuls et d’évoluer en autonomie -tant qu’ils ont au moins un autre chien de protection avec eux, car un chien seul cherchera bien souvent la compagnie de ses semblables, même s’il s’agit d’un Berger d’Anatolie- et cela peut facilement devenir un problème quand on est réduit à une vie de chien de compagnie où la prise de décision est réduite à peau de chagrin. Bien sûr, encore une fois, il y a des exceptions. Peut-être avez-vous un Kangal à la maison et cela se passe à merveille. Mais, si vous aimez la race, n’encouragez pas votre entourage à opter pour un Kangal comme chien de compagnie. Laissez le Berger d’Anatolie à son travail de protecteur et à sa vie de grands espaces et de liberté. Il y a suffisamment de races qui ont pâti du fait de perdre leur mission et d’être brusquement propulsées dans une vie totalement inadaptée à leurs besoins. À moins d’avoir un troupeau à surveiller, ou à défaut une immense propriété à la campagne, le Kangal ne sera que difficilement épanoui dans une maison avec 800m2 de jardin. Et il est si beau de voir la race évoluer dans un milieu qui lui convient, qu’on ne peut qu’être peiné de la voir tourner en rond en ville comme un poisson dans un bocal. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- J’ai une nouvelle coiffeuse…
Presque toute ma vie, j’ai détesté aller chez le coiffeur. Jusqu’à ce que je découvre un petit salon tranquille à cinq minutes de chez moi, et que je décide, sans grand espoir, de m’y rendre. Désormais, j’aime aller chez le coiffeur, ou plutôt, chez ma coiffeuse. Qu’est-ce que cette coiffeuse a donc de si spécial ? Outre le fait qu’elle travaille efficacement -en vingt minutes, le shampoing, la coupe et le séchage sont faits- elle a toujours un mot gentil à la bouche. J’ai longtemps redouté d’aller chez le coiffeur parce que j’étais abonnée aux remarques du genre « Ils sont secs, vos cheveux » ou « Oh dites-donc, qu’est-ce qu’ils sont abîmés ! ». D’autant que je laissais facilement passer une année ou deux entre deux rendez-vous tellement je détestais m’y rendre (j’avais donc, au choix, les cheveux très longs, ou une coupe faite par mes propres soins et qui me faisait ressembler à Jacquouille la Fripouille). J’avais en effet les cheveux abimés, mais franchement, j’étais assez grande pour le voir toute seule et je n’avais pas besoin qu’on me le rappelle toutes les quatre secondes. Le jour où je suis allée voir ma nouvelle coiffeuse, j’avais peur. Peur de me prendre des remarques négatives et de passer un mauvais moment. Je ne savais pas à qui j’allais avoir affaire. Je suis même entrée en m’excusant d’avoir les cheveux abimés. À ma grande surprise, la coiffeuse m’a répondu : « Vous pensez que mes cheveux sont parfaits ? »… Je l’ai immédiatement aimée ! Au lieu de me faire la leçon parce que je ne soignais pas mes cheveux à coups de soins à 125€ le pot, elle m’a fait de gentils compliments et, pour une fois, je ne suis pas repartie d’un salon de coiffure en ayant l’impression d’avoir la même qualité de pelage qu’un chien hypothyroïdien. J’y suis retournée ce matin, et devinez quoi : j’étais contente d’y aller ! Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Certainement pas pour vous raconter ma vie qui, comme vous le voyez, n’a rien de particulièrement palpitant, mais plutôt pour vous démontrer la puissance du renforcement positif. Faire des compliments sincères à une personne a souvent valeur de renforcement pour elle : nous avons tendance à fréquenter davantage les personnes qui nous apportent du positif plutôt que celles qui font la tronche en permanence. Le fait qu’elles nous « fassent du bien » renforce notre envie de voir ces personnes. Les compliments de ma coiffeuse ont agi sur moi comme un renforçateur positif. Je suis passée de l’envie de fuir les salons de coiffure, à celle de m’y rendre. Cela a renforcé chez moi le comportement « se rendre chez le coiffeur ». Et, mieux encore, l’usage -volontaire ou non- du renforcement positif par ma coiffeuse a même CHANGÉ mon émotion : de la peur, je suis passée à la joie de me rendre dans ce salon de coiffure. C’est l’un des pouvoirs magiques du renforcement positif… Le parallèle avec nos chiens est évident. Donner envie à un chien de faire quelque chose en utilisant le renforcement positif, plutôt que de sanctionner un « mauvais » comportement, est d’une efficacité redoutable, et peut même modifier une émotion en profondeur. Un chien qui a peur d’un stimulus spécifique peut, grâce à un usage intelligent du renforcement positif, non seulement cesser d’en avoir peur, mais parfois aussi apprendre à l’apprécier. A contrario, si l’usage de la sanction fonctionne (malheureusement) elle ne fait qu’éteindre un comportement face à une situation précise, sans modifier l’émotion de base de l’individu. Au lieu de faire un travail de fond, on reste sur du superficiel, et on ne respecte aucunement les émotions de l’animal. Alors, vous êtes plutôt de la team reproches ou de la team compliments ? Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- Apprendre à son chiot à rester seul à la maison
Enseigner à un chiot à rester seul à la maison ne se fait pas en un jour. Rappelons que le chien est un animal social qui, à la base, n’est pas fait pour vivre seul. Cela peut s’apprendre, mais ce n’est pas un enseignement naturel pour un chien, et encore moins si ce dernier n’est âgé que de quelques mois. Laisser un chiot de deux ou trois mois seul à la maison huit heures par jour dès son arrivée est cruel, et peut entraîner de la détresse liée à la solitude, qu’il sera plus difficile de guérir que de prévenir. Bien évidemment, tout le monde doit travailler pour gagner sa vie, et il est impossible de ne jamais laisser son chien seul à la maison. Mais il est envisageable de faire les choses en limitant le stress de l’animal autant que possible. Quand vous accueillez un chiot -où un chien adulte- à la maison, prévoyez autant de jours de congés que vous pouvez vous permettre d’en prendre, et apprenez-lui à rester seul par paliers très progressifs : d’abord cinq minutes, puis quinze, puis trente, etc. N’hésitez pas non plus à le laisser avec de la mastication pendant que vous vaquez à vos occupations dans la pièce d’à côté : apprendre à un chiot à s’occuper seul de temps en temps, même si vous ne quittez pas la maison, c’est déjà lui enseigner l’autonomie. Votre chiot peut tout à fait dormir avec vous les premiers jours de son arrivée. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, dormir avec son chiot est plutôt bénéfique, car ce n’est qu’en assurant une bonne sécurisation de son animal que ce dernier peut apprendre à devenir autonome par la suite avec le moins de stress possible. Un isolement total dans une pièce dès la première nuit, alors que le chiot a passé ses premières semaines de vie à dormir contre sa mère et ses frères et sœurs, sera très souvent générateur d’anxiété. Pensez toujours « sécurisation » avant de penser « autonomie ». D’autre part, quand on laisse un chien seul, il est impératif de veiller à ce que ses besoins aient été comblés AVANT de quitter la maison. Toutou ne doit pas avoir faim ou avoir envie de faire ses besoins et doit avoir été sorti en promenade (pas dans le jardin !) pour combler ses besoins exploratoires et se fatiguer physiquement et mentalement. Oui, c’est pénible quand il est très tôt, qu’il pleut et qu’il fait froid, mais cela fait partie des sacrifices qu’exige la vie avec un chien. Si vous avez affaire à un gros mâchouilleur, pensez aussi à lui laisser de quoi mastiquer : des friandises naturelles, des cartons à déchiqueter, des vieux bouts de tissus tressés, etc. Cela l’occupera et épargnera peut-être vos pieds de chaise ! Pensez au dog sitting ou à l’échange de toutous entre amis si vous souhaitez limiter le nombre d’heures que votre chien peut passer seul. S’il est capable d’apprendre à supporter la solitude quelques heures par jour, rappelons-nous que rester seul n’est pas inscrit dans son génome. Enfin, quand vous quittez la maison, pensez à prévenir votre chien ! S’il ne comprend évidemment pas les mots que vous lui adressez, votre chien est tout à fait capable de les associer à un contexte précis. La prédictibilité améliore grandement la qualité de vie d’un chien. Savoir ce que nous réserve notre journée est rassurant pour nous, alors pensez à votre chien qui vit dans un monde d’humains qu’il ne comprend qu’en partie… L’empathie est la première étape vers un apprentissage de la solitude réussi ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
- L’éducation positive, cette incomprise
Petit rappel du quadrant opérant tel que défini par Skinner : - Renforcement positif : ajouter un stimulus agréable pour augmenter la probabilité d’apparition d’un comportement 👉 Par exemple, donner une friandise, lancer une balle, faire une caresse… - Punition positive : ajouter un stimulus désagréable pour diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement 👉 Frapper, crier, donner une saccade sur le collier… - Renforcement négatif : enlever un stimulus désagréable pour augmenter la probabilité d’apparition d’un comportement 👉 Apprendre au chien à se coucher en appuyant sur sa laisse avec le pied en en relâchant dès qu’il adopte la position souhaitée, appuyer sur son arrière-train avec la main pour lui apprendre à s’asseoir et enlever la pression dès qu’il adopte la position souhaitée… - Punition négative : enlever un stimulus agréable pour diminuer la probabilité d’apparition d’un comportement 👉 Tourner le dos à un chien qui nous saute dessus pour attirer notre attention, ranger la balle quand le chien aboie pour l’obtenir… En éducation dite « positive », on essaie d’employer autant que possible le renforcement positif, et un peu la punition négative. Le renforcement négatif et la punition positive sont à éviter car ils provoquent stress et/ou douleur, bloquent le processus d’apprentissage du chien et abîment la relation chien/humain. À noter que le renforcement positif est utilisé par tous les grands entraîneurs d’animaux sauvages, qui savent que la contrainte ne peut pas fonctionner avec eux. Le chien, hélas, est victime de violence éducative ordinaire. Bizarrement, personne ne s’amuserait à donner des coups de collier étrangleur à un tigre du Bengale, alors qu’on continue de prôner cette façon de faire quand il s’agit d’un chien. Mais bon, il faut l’avouer, faire mal ou peur, c’est facile, tandis qu’utiliser le renforcement positif demande de se creuser les méninges. Pourtant, le quadrant opérant devrait être connu et compris A MINIMA par les éducateurs/trices canins. C’est la base du boulot, le B.A.-BA, le solfège de l’éducation de tout animal. Et ça marche aussi sur les humains : personne n’échappe aux lois de l’apprentissage. À noter que les termes « positif » et « négatif » n’ont aucune valeur morale, ils sont juste associés au fait « d’ajouter » ou « d’enlever ». L’éducation positive est une vraie méthode de travail basée sur la science et pas une lubie d’éducateur canin ou de parent bisounours. Elle n’est aucunement synonyme de laxisme ou d’absence de cadre. Elle exige au contraire beaucoup de réflexion, de cohérence, de précision, d’observation et de remise en question. Et NON, elle ne consiste pas à distribuer des Knackis toute la journée ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2024
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