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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Ne rien faire ? Oui, mais…

Apprendre à son chien à « ne rien faire », c’est un conseil qu’on lit de plus en plus et qui a du sens : un chien bien dans ses pattes devrait être capable de passer quelques heures par jour à la maison sans que l’on s’occupe de lui, et ce même si l’on est présent. Un toutou qui va bien sait s’occuper seul : s’amuser avec ses jouets, ronger un sabot, faire sa toilette, ou tout simplement rester couché et observer ce qui se passe dans la maison. Cependant, il ne faut pas oublier que « ne rien faire » implique de « faire » entre deux plages d’inactivité : enseigner au chien à « ne rien faire » n’est un bon conseil que s’il lui est permis de se dépenser physiquement et mentalement chaque jour qui passe.


Si l’on exclut certains chiens réactifs ou phobiques par exemple, à qui une journée totale d’inactivité peut parfois être bénéfique pour s’apaiser, n’oublions pas que Canis familiaris est doté de pattes et de muscles, et qu’il est donc conçu pour… le mouvement. Le chien n’est pas une anémone de mer. Tous les chiens aiment « faire », ils prennent plaisir à découvrir, à sentir, à socialiser pour certains, à vivre leurs petites aventures canines. Il est nécessaire pour leur bien-être de sortir de chez eux, et rester couchés sur le canapé toute la journée ne fait pas partie de leur éthogramme (même si c’est une activité bien appréciée au retour d’une bonne balade !).

C’est l’excès de stimulations qui peut s’avérer délétère pour l’équilibre du binôme chien/humain, car l’animal, sollicité en permanence, n’aura jamais l’occasion de se calmer entre deux activités. Il n’apprendra pas à acquérir un minimum d’autonomie et à gérer sainement les plages d’inactivité. Mais, si l’on réfléchit bien, quelle proportion de chiens est réellement sur-sollicitée au quotidien ? Peut-être un pour cent ? Un peu plus dans la clientèle d’un(e) éducateur(trice) canin, qui a affaire à des propriétaires de chiens qui veulent parfois trop bien faire, mais c’est loin d’être un problème sur-représenté.


La sous-stimulation est le problème numéro un de nos chiens de compagnie aujourd’hui. Je ne parle pas des vôtres, car si vous suivez sur les réseaux des pages dédiés aux chiens, c’est que vous vous inquiétez sûrement du bien-être de votre compagnon. Je parle de tous les autres. La masse considérable de chiens qui ne sortent jamais de chez eux, qui ne partagent pas d’activités avec leurs humains, les chiens qui enragent de voir passer le vôtre matin et soir devant la clôture de leur jardin alors qu’eux-mêmes n’auront jamais la chance de la franchir. Je parle des chiens Verisure, qui ne servent que d’alarme intrusion. Des chiens décoratifs, qui font joli sur une photo de famille mais dont on ne s’occupe plus depuis qu’ils ont atteint l’âge adulte. Des chiens auxquels on ne s’intéresse plus, et qui devront attendre douze années interminables que la mort veuille bien les libérer de leur vie ennuyeuse au possible.


La société actuelle fait beaucoup de mal à nos chiens : ils sont sédentaires, obèses, avec des griffes longues comme des couteaux, on n’a pas de temps à leur accorder parce qu’on est absent douze heures par jour et qu’on a des enfants en bas âge (dont on n’a déjà pas le temps de s’occuper…). Seule une toute petite proportion de chiens bénéficie d’activités quotidiennes, et les propriétaires de ces derniers peuvent alors se permettre de leur apprendre à « ne rien faire ». Mais l’inactivité la plus totale constitue le quotidien de tous les autres. Ne tombons pas dans cet excès. Ne rien faire, c’est bien, mais entre deux activités, c’est mieux !


Elsa Weiss / Cynopolis Formations

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