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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Au secours, mes chiens ne s’entendent plus !

Cet hiver, j’ai été confrontée à un problème que je n’avais encore jamais rencontré : des bagarres éclataient régulièrement entre Sirius, mon jeune Border, et Farouk, mon American Staff. Ou plutôt, Sirius agressait Farouk, car ce n’était jamais ce dernier qui déclenchait le conflit. Cette situation était particulièrement anxiogène pour tout le monde, d’autant que le nombre de conflits quotidiens (qui n’allaient heureusement pas très loin, mais qui provoquaient beaucoup de stress chez les deux protagonistes, et chez moi) augmentait au fil des jours.


C’est un événement tout bête qui a déclenché cette situation d’agressions répétées : dans notre rue, il y a beaucoup de chiens qui aboient derrière leurs portes. À peine sortons-nous en promenade, que des aboiements retentissent dans toute la rue. Si Farouk y est totalement indifférent, mes deux Borders, eux, stressent énormément jusqu’à ce que nous ayons quitté notre rue. Malheureusement, c’est un passage obligé : que nous partions d’un côté ou de l’autre de la rue, un concert d’aboiements retentit à chaque fois. Un jour, alors que je rentrais de promenade avec mes trois chiens en laisse, un chien a aboyé particulièrement fort derrière une porte. Sirius, qui est de loin le plus sensible de mes chiens, s’est mis en colère et, ne pouvant régler ses comptes directement avec le chien en question, a agressé celui qui se trouvait à sa portée : Farouk. Il s’agit d’agression redirigée, un phénomène gênant mais qui n’a rien d’anormal. Quand le protagoniste ne peut pas atteindre sa cible, il redirige sa frustration contre un autre individu. Qui ne s’est jamais mis en colère sans raison contre son conjoint après avoir passé une mauvaise journée ? Voilà, c’est sensiblement la même chose.


Sauf que depuis cet événement, j’ai peu à peu cessé de sortir mes trois chiens en laisse ensemble. Chaque fois que nous approchions de la porte où le chien avait aboyé, Sirius se tendait et se tournait vers Farouk, prêt à l’agresser. Un conditionnement s’était créé. À la maison, la situation a commencé à se dégrader : les deux chiens s’observaient dans le blanc des yeux, ils étaient tendus lorsqu’ils se croisaient, et parfois, Sirius agressait Farouk, notamment dans les espaces restreints (passage d’une porte, trajet en voiture), ou en présence d’une ressource (moi, de la nourriture, et même une odeur reniflée au sol). Plus le temps passait, plus Farouk se méfiait de Sirius, et plus cette circonspection provoquait de la tension, qui dégénérait quasiment aussitôt. Un véritable cercle vicieux. Je précise qu’avant l’événement, Farouk et Sirius s’entendaient très bien, et jouaient même souvent ensemble.

Pour éviter que la situation ne s’envenime encore, j’ai mis en place des aménagements le plus vite possible : promenades séparées, cage dans la voiture pour Sirius, préparation des gamelles hors de la présence des chiens, etc. J’ai éliminé peu à peu toute situation provoquant de la tension entre les deux protagonistes. Le but n’était pas là d’éviter de me confronter au problème, mais plutôt de casser cette spirale infernale. Car plus deux chiens se querellent, plus ce comportement augmentera en quantité et en intensité au fil du temps. Le Border, de surcroît, est un chien qui a tendance à entrer très vite dans des schémas de comportement répétitifs, et il était impératif que je casse cette dynamique si je souhaitais que les choses s’apaisent. J’ai donc évité toute situation potentiellement conflictuelle pendant plusieurs semaines, afin de faire redescendre le taux de cortisol de mes deux chiens, et de ne pas les laisser se renforcer dans leurs comportements d’agression.


Depuis deux mois, je n’ai plus été confrontée à aucun conflit entre Sirius et Farouk. Au fil des jours, voyant que la situation s’apaisait, j’ai pu les remettre dans des situations qui s’avéraient conflictuelles encore peu de temps avant. Maintenant, la vie a repris son cours normal, et même si je reste prudente, je suis contente et soulagée d’avoir pu apaiser une situation si tendue. Sirius et Farouk recommencent même à jouer ensemble, et les regarder s’amuser me fait chaud au cœur.


Si vos chiens se bagarrent régulièrement, ayez pour premier réflexe de casser ce cercle vicieux, car c’en est un : plus les chiens se battent, plus ils se battront. Une querelle occasionnelle peut arriver, et dans ce cas, il est possible de laisser les chiens s’expliquer les choses tant que cela ne va pas trop loin et s’interrompt vite. Mais si les conflits se répètent, la situation ne pourra qu’empirer si on laisse faire. Séparez les chiens dans les situations « à risque », ne les laissez pas ensemble pendant vos absences s’il le faut, mais ne laissez pas les conflits s’installer, car il sera de plus en plus dur de revenir en arrière si vous attendez trop. La vie avec plusieurs chiens n’est pas toujours aussi harmonieuse que nous pourrions le souhaiter : si nous ne pouvons pas forcer nos chiens à être les meilleurs amis du monde, à nous de faire en sorte qu’ils puissent se tolérer sans empiéter sur le confort de l’autre.


Elsa Weiss / Cynopolis

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