Réactivité congénères : pourquoi le « focus » sur l’humain n’est pas une solution à long terme
- Cynopolis Elsa Weiss
- 4 juin
- 2 min de lecture
Quand on désensibilise un chien réactif congénères, on est souvent tenté de l'inciter à se focaliser sur son humain, de manière à détourner son attention des autres chiens que l'on est amené à croiser. C'est une façon de faire qui peut dépanner, ou qui peut aider en début de protocole, mais qui ne peut pas constituer une thérapie à long terme. Pourquoi ? Parce qu'en travaillant sur le focus uniquement, le chien n'apprend pas à accepter la présence du stimulus anxiogène. Il n'apprend pas à se désensibiliser à la présence des autres chiens. Il apprend juste à adopter un comportement alternatif, ce qui, somme toute, peut lui apprendre à ignorer ses congénères, mais pas à réapprendre un tant soit peu à communiquer avec eux.
Je précise qu'en fonction de l'individu, de la cause et de l'intensité de sa réactivité, on ne peut pas espérer obtenir le même résultat : certains chiens seront capables de réapprendre à aller au contact d'autres chiens et de retrouver toutes leurs compétences en matière de communication. Avec d'autres, pouvoir croiser des chiens à quelques mètres sans réaction excessive sera déjà une victoire. Mais, pour obtenir une récupération même partielle des facultés de communication du chien, il faut le laisser observer. Ce qui n'est pas possible si le chien est focalisé uniquement sur son humain.
En gérant la distance de déclenchement du chien, et en le maintenant en longe bien évidemment, on va lui réapprendre à prendre le temps d'observer. L'objectif est bien entendu qu'il ne se déclenche pas, afin de renforcer ses « bons » comportements (se tourner vers son humain de son propre chef, observer calmement l'autre chien sans tension musculaire excessive, renifler le sol, etc... Toutes les « bonnes » décisions doivent être validées). Une grande partie de la communication canine passe par les signaux corporels, il est donc indispensable que le chien réapprenne à observer pour pouvoir capter les signaux envoyés par l'autre chien, et potentiellement y répondre, ou tout simplement choisir d'ignorer l'autre individu. Dites-vous bien qu'il y a une réelle différence entre un chien qui choisit d'ignorer, et un chien qu'on pousse à ignorer en détournant son attention.
Le focus sur l'humain peut donc être utile dans certaines situations, mais il ne constitue pas une solution concrète au problème de la réactivité entre congénères. Sans confronter directement le chien à d'autres chiens (ce qui constitue de l'immersion, façon de procéder dont les résultats sont modérés et surtout, qui est éthiquement discutable), on peut cependant lui réapprendre à les approcher, petits pas par petits pas, jusqu'à ce que leur passage constitue un non-événement. Et, si par le biais de l'observation de ses congénères, que l'on obtient en accordant au chien du temps et de la distance, on obtient une absence quasi totale de réaction face à un congénère inconnu, n'est-ce pas déjà une belle victoire ?
📸 Crédit photo : Izalea Photography
Elsa Weiss / Cynopolis
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