Ces choses que je n’apprends pas à mes chiens
- Cynopolis Elsa Weiss
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture
Il y a des choses que je n’apprends pas à mes chiens, parce que je considère qu’elles sont superflues voire délétères, ou tout simplement parce que je fais confiance à l’école de la vie pour s’en charger. Il s’agit ici de ma propre expérience, je ne prétends pas qu’il s’agisse d’une vérité absolue. Je trouve cependant intéressant de vous expliquer pourquoi je ne dispense pas ces enseignements, car il est toujours enrichissant de réfléchir au véritable intérêt de ce que nous apprenons à nos chiens.
🐕 LA FRUSTRATION :
Je n’ai jamais trop compris en quoi consistait le fait « d’apprendre la frustration » à un chien. J’imagine qu’il s’agit de mettre en place des exercices comme attendre devant sa gamelle avant d’entamer son repas. Ce type d’exercice n’a pas grand intérêt mis à part le fait de rassurer l’humain à qui cette situation donne une sensation de contrôle. Plutôt que de donner une directive au chien, je trouve plus pertinent le fait de lui faire comprendre, sans rien lui demander, que sa gamelle ne lui est distribuée que lorsqu’il a les quatre pattes au sol. Généralement, l’animal comprend en deux ou trois essais, et il réfléchit par lui-même plutôt que de se voir donner une consigne.
Concernant la frustration en elle-même, je ne comprends pas pourquoi elle aurait besoin d’être « apprise ». La frustration fait partie de la vie, elle est présente partout, tout le temps. Rien que le fait d’être attaché (ce qui, nous sommes d’accord, est souvent indispensable dans nos environnements fortement urbanisés) et de ne pas pouvoir aller partout où il le souhaite est frustrant pour un animal. Nos chiens ne décident de rien ou presque, n’allons pas leur ajouter de la frustration inutile alors que la vie s’en charge au quotidien. Et encore une fois, cela ne signifie pas que l’on ne doit jamais rien interdire à un chien… mais contentons-nous des choses vraiment utiles.
🐶 « SE POSER » :
J’ai, là encore, un peu de mal à saisir ce concept. Je n’ai jamais appris à mes chiens à « se poser ». Quand je ne peux pas m’occuper d’eux parce que j’ai autre chose à faire, je les ignore et je les laisse faire leur vie pendant que je fais la mienne. Je ne récompense pas spécialement le fait qu’ils soient calmes, parce que je considère que c’est quelque chose de tout à fait normal. En revanche, je veille à toujours leur offrir l’activité quotidienne dont ils ont besoin, d’autant que je vis avec des chiens à haut niveau d’énergie (bon OK, peut-être pas Farouk 😉…). Je m’assure qu’ils bénéficient de plusieurs temps de repos dans la journée, mais je n’y travaille pas spécialement. En revanche, je sais que je ne vais pas leur demander la Lune et leur imposer de rester sans bouger s’ils débordent d’énergie.
🦴ACCEPTER QUE L’ON METTE LA MAIN DANS LA GAMELLE :
Être laissé tranquille pendant son repas devrait être un droit pour tous les animaux. N’importe quel humain détesterait qu’on mette une main dans son plat préféré, pourquoi donc l’imposer à nos chiens ? Je n’ennuie jamais mes chiens quand ils mangent, et les rares fois où j’ai dû leur reprendre leur gamelle pour une raison X ou Y, ils m’ont laissé faire sans aucun souci. Les parents s’inquiètent souvent à l’idée que leur chien morde leur enfant pendant son repas : qu’ils se rassurent, un chien qui comprend qu’il peut manger sans que sa ressource ne soit menacée n’aura aucune raison de se montrer agressif envers l’enfant de la maison qui passerait près de lui. Et puis, après tout, n’est-il pas tout simplement plus sage de ne pas laisser chien et enfant dans une même pièce pendant le repas de l’animal ?
🐾 ACCEPTER LES CARESSES DE TOUT LE MONDE :
Aucun chien ne devrait être contraint d’accepter les caresses d’inconnus. Rappelons-le, la caresse est un geste très prisé par les primates que nous sommes (et pour autant, vous ne laisseriez pas un inconnu vous caresser…) mais pour les chiens, elle ne signifie rien. Certains chiens apprennent à l’apprécier de la part des membres de leur foyer, mais rares sont les individus canins qui aiment être touchés par les inconnus. J’essaie autant que possible de laisser le choix à mes chiens : s’ils expriment leur malaise d’une quelconque façon que ce soit, je m’arrange pour les soustraire à la situation.
🐩 MAIS ALORS, ILS N’APPRENNENT RIEN ?
Bien sûr que si ! Pour commencer, ils apprennent qu’ils peuvent me faire confiance. J’essaie autant que possible de les accompagner dans les situations qu’ils ne savent pas comment appréhender, et je tente, autant que je le peux, de les placer en réussite.
J’aime aussi qu’ils soient débrouillards et apprennent à réfléchir par eux-mêmes : un fossé à traverser, une friandise coincée sous leur couverture, un obstacle qui les empêche de me suivre… Toute situation qui pose un « problème » au chien et n’engendre pas un stress excessif est une bonne occasion d’apprendre. Plutôt que de l’assister constamment, je trouve intéressant de laisser l’animal trouver une solution par lui-même.
J’aime que mes chiens communiquent, qu’ils comprennent et se fassent comprendre. Parfois, je laisse volontairement mon chiot de trois mois, Aubrac, aller « enquiquiner » l’un de mes adultes. Je fais confiance à ces derniers pour poser des limites à Aubrac. Je sais qu’il va se faire disputer par le chien qu’il choisit d’aller embêter, mais tant mieux, car un bon grognement une fois lui apprend bien plus efficacement qu’il y a des choses qui ne se font pas, que mon intervention systématique. Attention en revanche, je ne fais pas partie de ceux et celles qui pensent que les chiens savent toujours se débrouiller entre eux et qu’il faut les laisser faire dans toutes les situations.
Enfin, je renforce beaucoup le rappel, parce qu’il me permet de pouvoir offrir de la liberté à mes chiens quand l’environnement s’y prête. J’ai la chance de pouvoir les lâcher tous les jours, et je sais que, sauf grosse distraction (mention spéciale pour les femelles en chaleur, n’est-ce pas Sirius !), ils reviennent plutôt bien quand je les rappelle.
Je suis loin d’être la science infuse. Je ne cherche pas à vous dicter votre conduite, et je ne prétendrai pas faire les choses parfaitement. J’essaie de faire de mon mieux, d’observer et de réfléchir autant que je le peux aux conséquences des apprentissages que je dispense (ou non !) à mes compagnons. Je pense très sincèrement qu’il y a de nombreux apprentissages dont on pourrait se dispenser et d’autres qu’il faudrait favoriser.
Parce qu’un chien « éduqué », ce n’est pas un exécutant idiot, mais un animal qui a appris à s’adapter à l’environnement qui l’entoure, qui réfléchit, qui propose, et qui comprend qu’il pourra toujours avoir confiance en son humain quand une situation le dépasse.
Elsa Weiss / Cynopolis
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