Y a-t-il un âge idéal pour intégrer un chiot à sa famille humaine ?
- Cynopolis Elsa Weiss
- 30 nov.
- 3 min de lecture
Il y a trois semaines, un petit Border collie de travail est venu compléter notre équipe canine. Aubrac, bientôt 3 mois, s’est parfaitement intégré à la troupe. Hier, on me demandait (par curiosité et non pas par volonté de juger, j’ai donc répondu avec plaisir) pourquoi j’avais fait le choix de l’accueillir dans mon foyer à l’âge de 8 semaines, alors qu’on entend souvent qu’un chiot ne devrait pas être séparé de sa mère avant l’âge de 12 semaines. J’en ai expliqué les raisons, et l’on m’a suggéré d’en faire un article, ce qui s’est avéré être une idée pertinente.
Je n’ai pas spécialement choisi d’accueillir Aubrac à l’âge de 8 semaines. J’aurais pu le laisser plus longtemps si cela s’était avéré nécessaire. Mais j’ai eu l’immense chance de pouvoir l’intégrer dans ma vie comme j’avais toujours rêvé de le faire : progressivement. Son éleveur l’a amené à plusieurs reprises au sein de l’établissement où je travaille afin de travailler la socialisation des chiots avec les jeunes de l’ITEP. Aubrac est venu avec et sans sa mère, et avec sa fratrie. Il a passé plusieurs journées sur les lieux, avec les enfants, moi-même et mes chiens, et il repartait le soir chez son éleveur avec les autres chiots.
Le jour où il a atteint l’âge de 8 semaines (âge légal de cession d’un chiot mais qui n’est pas toujours l’âge idéal d’acquisition, en effet), j’ai fait l’essai de l’emmener dans mon logement, et il m’a suivi sans aucune difficulté. Le soir-même, j’avais presque l’impression qu’il faisait partie de mon groupe de chiens depuis longtemps tant son intégration dépassait mes espérances. Je ne l’ai jamais entendu pleurer une seule fois, et il n’a eu l’air de chercher sa mère ou sa fratrie à aucun moment. La nuit, il a dormi presque d’une traite, collé à Sirius et moi. Il a revu ses frères et sœur dès le lendemain, et il a eu l’air aussi heureux de les revoir que de les quitter. Je souhaite à chaque propriétaire de chiot une intégration aussi progressive, et si je pouvais donner un bon conseil aux futurs humains de chiens, ce serait de présenter leur lieu de vie à leur chiot deux ou trois fois avant de les intégrer définitivement à leur foyer. J’ai cependant conscience que, les élevages étant souvent isolés en pleine campagne, il n’est pas évident de faire des allers-retours à plusieurs reprises pour récupérer et ramener un chiot, et pour les éleveurs, cela représenterait sûrement une organisation trop complexe.
Si je n’avais pas eu la possibilité d’intégrer progressivement Aubrac à ma vie avant son arrivée, si je n’avais pas eu d’autres chiens, si je n’avais pas été pleinement disponible pour m’occuper de mon chiot, et si Aubrac n’avait pas été aussi dégourdi (et j’ai l’impression que les Borders sont souvent relativement précoces -mais ce n’est que mon humble opinion), je l’aurais sûrement laissé plus longtemps avec sa mère. Parce qu’en effet, séparer un chiot de tout juste 2 mois de sa mère et de sa fratrie, contre lesquels il a toujours trouvé chaleur et sécurité, pour le propulser dans un environnement totalement inconnu peuplé d’individus d’une autre espèce, le faire dormir seul dans une pièce sans congénères et le laisser seul la journée dès la semaine suivante, il faut être honnête : c’est hard. Dans ce cas, si les conditions d’élevage sont optimales, le chiot aura en effet tout intérêt à rester un mois de plus auprès de sa mère et ses frères et sœurs pour fignoler son éducation, affiner sa communication et et mûrir un peu.
L’âge d’acquisition d’un chiot n’est donc pas le seul critère à prendre en compte pour décider de sa date d’arrivée dans sa famille humaine. Comme toujours, il convient de prendre en compte le tempérament de l’individu, les qualités maternelles de la mère, le lieu d’élevage du chiot, le temps qu’on pourra lui accorder, la présence ou non d’autres chiens dans la maison, etc. Si le lieu d’élevage est pauvre en stimulations, y laisser un chiot jusqu’à 3 mois pourra même s’avérer délétère.
Loin de moi l’idée d’encourager les propriétaires de toutous à acquérir leur chiot le plus tôt possible. Je souhaitais juste, par le biais de cet article, apporter un peu de nuance au fait d’attendre impérativement les 3 mois du chiot avant de l’intégrer dans son foyer.
Elsa Weiss / Cynopolis
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