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« Les chiens entre eux ne sont pas toujours tendres ! »

Certaines méthodes d’éducation (à la dure) sont justifiées par le fait que les chiens ne sont pas toujours tendres entre eux, et donc qu’ils peuvent comprendre et accepter un certain degré de violence. Sous prétexte que les chiens peuvent employer l’agression pour communiquer entre individus de la même espèce, il serait légitime que l’humain s’en serve pour faire passer certains messages à son compagnon.


Cet argument, à mon sens, ne tient pas la route.


Pour commencer, les chiens ne sont pas des animaux aussi violents qu’on se plaît parfois à le croire. Un individu canin qui communique correctement et dont le message est entendu, même au bout de plusieurs répétitions de ce dernier et une augmentation graduelle de ses manifestations d’agressivité, inflige rarement de vraies blessures à un autre chien. Au pire, on pourra constater quelques traces de dents au niveau de la face de l’autre individu (museau, contour des yeux, oreilles), mais rarement une morsure perforante. Une demande d’espace s’exprime par des babines retroussées, parfois beaucoup de bruit ou même une charge vers l’autre chien tous crocs dehors, mais il est rarissime qu’elle aille jusqu’à faire mal à l’autre individu. Le chien est le roi du bluff, le champion de la mise en scène, l’as de l’exagération. Dans la plupart des cas, il fait beaucoup de bruit, mais s’il peut éviter de mordre, il évite. Mordre a un coût : celui de se faire blesser en retour. Donc généralement, le chien évite de prendre ce risque quand d’autres choix se présentent à lui.


En parlant de choix, voilà une transition toute trouvée. En plus du fait que le chien choisit rarement d’infliger de la douleur à un congénère, un autre argument vient contrebalancer notre postulat de départ (la justification de l’usage de la violence dans l’éducation de nos chiens parce que -soi disant- ils seraient violents entre eux) : c’est justement celui du choix. Aujourd’hui, nous savons qu’il est possible de traiter quasiment n’importe quelle problématique canine en employant des méthodes respectueuses de l’animal. Pourquoi donc -si ce n’est un besoin de domination maladif ou la flemme, tout simplement- opter pour l’usage de la douleur ou de la peur si nous avons moyen de faire autrement ?


Enfin, si les chiens entre eux se comprennent généralement bien, rappelons-nous que nous ne faisons pas partie de la même espèce qu’eux. Il y a des messages que nous pouvons leur faire passer par nos postures, la direction de notre regard ou la trajectoire que nous adoptons. Mais nous ne sommes pas des chiens. Essayer d’agir comme eux -en secouant un chien par la peau du cou, par exemple- n’a pour effet que d’instaurer de l’incompréhension, puis de la crainte chez notre compagnon. Nos chiens savent bien que nous ne sommes pas comme eux : ne les prenons pas pour des idiots.


Les seuls signaux qui fonctionnent plutôt bien dans la communication interspécifique sont les signaux communs à nos deux espèces, et je dirais même, communs à beaucoup de mammifères : détourner le corps ou le regard, cligner des yeux, employer une trajectoire indirecte pour exprimer une approche pacifique, etc. Mais attraper un chien par la peau du cou ou lui enserrer le museau avec la main parce que « la mère le fait avec ses petits », c’est un non-sens éthologique et c’est une justification facile d’actes brutaux qui pourraient être remplacés par des façons de faire plus respectueuses de l’intégrité de l’animal.


En éducation canine, le chemin le plus court n’est pas toujours le meilleur !


Elsa Weiss / Cynopolis

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