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La douleur et la peur n’ont pas leur place dans la rééducation d’un chien réactif

Depuis la publication de l'arrêté ministériel du 19 juin 2025 qui met fin à l'emploi par les professionnels des outils coercitifs et notamment des colliers étrangleurs, électriques et torquatus, on assiste à un vent de panique dans le milieu de l'éducation canine dite "traditionnelle". Parmi les arguments en défaveur de cette loi, le fait que le nombre de chiens abandonnés ou euthanasiés va monter en flèche dans les mois à venir.


Alors, non.

Mais clairement, non.


C'est quand même fou cette légende qui consiste à penser que seuls les gros bras peuvent rééduquer les cas "difficiles". En dix ans d'éducation et de rééducation canine auprès de mes clients et de chiens de refuge, j'ai eu plusieurs fois affaire à des chiens qui ne faisaient pas rigoler les mouettes. Des chiens qui, pour des raisons diverses, avaient développé des comportements agressifs et présentaient une dangerosité certaine pour l'humain. J'ai travaillé avec des chiens classés mordeurs, j'ai même été famille d'accueil pour l'un d'entre eux. J'ai risqué des morsures graves plus d'une fois, et une collègue s'est fait arracher un morceau de mollet par un chien qu'on m'avait bazardé parce que personne n'en voulait. Pourquoi je vous sors ce tableau de chasse ? Certainement pas pour me faire mousser, parce que je suis loin d'être un cas exceptionnel. Tous(tes) les éducateurs(trices) bienveillant(e)s sont confronté(e)s régulièrement à des chiens dangereux. Cela fait partie de notre travail, tout simplement !


On rééduque des chiens dangereux, oui. Sans collier étrangleur, sans coups, sans hurlements. Mais avec des neurones, une analyse constante du comportement de l'animal, des ajustements, des friandises parfois (mais SCOOP : pas toujours !), du temps, et de la technique. Des vidéos de rééducations de chiens effectuées dans le respect de l'animal, il y en a plein les réseaux. Simplement, elles ne sont pas spectaculaires. Pas de double laisse, pas de musique de fond digne du dernier volet de Transformers, pas de gros muscles exhibés ou de mise en scène tape à l'oeil. Regarder une vidéo de rééducation de chien réactif en positif, c'est tout bonnement chiant comme la Lune. Non, ça n'attire pas l'oeil, et non, ça ne joue pas sur l'émotionnel, pas comme tous ces posts putaclic qui foisonnent ces derniers jours et prédisent au public crédule une vague de chiens prêts à dévorer les enfants qui s'attardent un peu trop dans la rue le soir. Les gens adorent sortir les fourches, le Moyen-Âge n'est pas si loin. On s'ennuie sans grand méchant loup, alors on imagine que sans pointes en métal dans le cou, les Malinois et les Kangals vont se changer en loup-garous. Et comme il faut toujours désigner un coupable, on accuse les "positifs", les "cheveux bleus", les "bisounours", tout comme on accuse la méthode Montessori de produire des enfants-rois ou les immigrés de nous voler notre travail. C'est quand même plus drôle quand c'est la faute de quelqu'un, sinon, on parlerait de quoi entre deux pastis ?


Je suis très heureuse que cet arrêté ait été publié. Même s'il est incomplet, même s'il y a encore beaucoup de chemin à faire, je suis heureuse. C'est un petit pas pour l'homme, mais un grand pas pour nos chiens. Je fais partie de ceux qui ont utilisé ces outils par le passé. Je n'en ai jamais abusé, j'ai toujours été mal à l'aise avec, mais je les ai employés. Et le jour où j'ai décidé que "plus jamais", ils ne m'ont jamais manqué. Nous sommes nombreux(ses) à partager cette expérience, et à être passé(e)s du tradi au "positif". La preuve que c'est possible... Alors, qu'attend-on pour tous s'y mettre ?


Elsa Weiss / Cynopolis

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