Qu’est-ce qui cloche avec nos chiens de race à l’heure actuelle ?
- Cynopolis Elsa Weiss
- il y a 5 jours
- 3 min de lecture
J’ai envie depuis longtemps d’évoquer ce sujet qui me tient à cœur, et qui explique pourquoi je m’intéresse aux modes d’élevage alternatifs. Ce post ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais ce qui importe à mes yeux, c’est le bien-être des chiens avant tout, pas la préservation de la « race pure » au prix de l’équilibre comportemental et de la santé des chiens. Il existe près de 400 races de chiens reconnues par la Fédération Cynologique Internationale à l’heure actuelle. Elles sont toutes extraordinaires, et j’ai toujours été passionnée par leurs origines, la mission à laquelle elles étaient destinées initialement et l’impact que cette dernière a eu sur leur génotype et leur phénotype. Je me suis plongée dans une multitude de livres de races depuis ma plus tendre enfance, et la sélection est probablement l’un des aspects du monde canin qui m’intéresse le plus. Mais, aussi formidables soient nos chiens de race, force est de constater que la pression de sélection à laquelle ils sont soumis aujourd’hui pose de gros problèmes (le seul à échapper à la confirmation classique SCC étant le border collie de lignée travail, d’où le fait que je trouve cette race exceptionnelle -mais elle n’est pas adaptée à une vie de simple chien « de compagnie » et constitue un exemple à part. Les autres races comprenant une lignée « travail » doivent se conformer à un processus de confirmation classique et à un standard basé sur des critères physiques contraignants. Cela n’en fait pas de moins bons chiens de travail, mais c’est une contrainte pour les éleveurs car certains de leurs chiens pourtant très fonctionnels ne peuvent pas être confirmés, ne correspondant pas aux standards physiques attendus).
Mais entrons dans le vif du sujet. Aujourd’hui, beaucoup de races de lignée « beauté » (CAD l’immense majorité des chiens de race que l’on rencontre chez les particuliers) ne sont pas sélectionnées de manière pertinente. Non pas que les éleveurs fassent du mauvais travail, loin de là. Mais ils sont bridés par un système de sélection trop restrictif qui perdure depuis des générations. Regardez le standard de n’importe quel chien de race : quasiment tout le descriptif est composé de critères esthétiques, les critères comportementaux ne constituant que quelques malheureuses lignes. À l’heure actuelle, la « beauté » du chien continue de primer sur tout le reste : stabilité comportementale, santé, fonctionnalité. Quand on regarde le Berger Australien de « beauté » actuel par exemple, on comprend les soucis liés à ce mode de sélection : les chiens sont très beaux, leurs couleurs sont magnifiques, ils ont les yeux vairons, un poil superbe… mais beaucoup d’individus sont instables au niveau comportemental.
Prenons un autre exemple : celui des chiens du groupe 9, normalement destinés à la « compagnie », parce qu’ils ont généralement un tempérament assez doux et s’adaptent plus facilement à une simple vie de famille que d’autres chiens. Beaucoup ont été abîmés par une sélection favorisant les hypertypes ou n’apportant pas assez de sang neuf pour éviter que des maladies génétiques ne tournent en boucle au sein de la race. Niveau comportement, on n’est pas trop mal, mais niveau santé, c’est la cata !
Quant aux lignées « travail », elles sont certes plus fonctionnelles, mais elles sont destinées, comme leur nom l’indique, à des missions particulières, et ne sont pas adaptées à la vie de simple chien « de compagnie ».
Tant que la SCC ne modifiera pas son protocole de sélection des races, il n’y aura malheureusement pas d’amélioration de ce côté-là. Les éleveurs « éthiques » qui tentent de produire des chiens bien dans leurs pattes et pas hypertypés se retrouvent parfois contraints de sortir du circuit SCC s’ils veulent poursuivre leur travail sans se conformer à un standard physique excessivement contraignant. Si l’on veut produire des chiens brachycéphales qui respirent convenablement à l’heure actuelle, impossible de le faire par le circuit officiel car un individu au museau trop long ne sera pas confirmé.
Voilà pourquoi tout projet d’élevage alternatif me paraît intéressant à l’heure actuelle.
Elsa Weiss / Cynopolis
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