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98 éléments trouvés pour «  »

  • Le « assis », c’est bien pour les photos…

    Mon conjoint et moi sommes actuellement en vacances pour quelques jours dans un camping qui accepte les chiens. Il y a ici de nombreux couples de tous les âges avec des toutous, et, si je ne suis pas du genre à observer ostensiblement les autres propriétaires de chiens, je ne peux cependant pas m’empêcher de les voir et de constater certaines choses. Déformation professionnelle, je n’y peux rien 😉 ! Je vais commencer par une remarque très positive : je suis étonnée du calme qui règne dans ce camping où l’on trouve un chien presque à chaque emplacement. Peut-être parce qu’il s’agit de chiens habitués à bouger avec leurs propriétaires, peut-être parce qu’ils mènent ici une vie de plein air qui correspond mieux à leurs besoins qu’une vie citadine, peut-être aussi parce que leurs propriétaires sont plus vigilants ici, sachant que la tranquillité du lieu doit être respectée. On peut tout imaginer. En tout cas, l’atmosphère ici est particulièrement paisible et reposante. C’est aussi très propre. Je n’ai pas vu une seule crotte dans le camping, comme quoi, quand on veut, on sait se pencher et ramasser les déjections de son chien. À mes yeux, c’est extrêmement important, car laisser des cacas de chiens partout où l’on passe, c’est s’assurer l’interdiction future de plus en plus de lieux à nos compagnons. Les pelouses ici sont plus propres que certaines entrées de forêts où les restes de papier toilette indiquent que ce ne sont pas des chiens qui sont passés par là… alors que ramasser ou enterrer son petit paquet (et la guirlande de papier toilette qui va avec !), cela devrait être une obligation pour tous -c’est d’ailleurs la règle numéro 1 en bivouac. Dans le cas des chiens, il est en tout cas très agréable de ne pas se promener sur des pelouses jonchées de crottes comme on peut encore en trouver un peu partout en 2023, hélas. Mais je n’ai pas commencé cet article pour parler caca. Ce qui m’a inspirée, c’est une dame qui j’ai aperçue en train de promener son Setter Anglais au loin, dans un pré qui jouxte le camping. Cette dame a commis une énorme erreur de débutant (je l’ai faite aussi, à mes débuts, ne voyez aucune critique dans mes propos, juste une occasion de rappeler aux propriétaires novices une règle de base en éducation) : elle a rappelé son chien plusieurs fois, et son compagnon a tardé avant de la rejoindre. Il a cependant fini par revenir, et c’est là que son humaine a commis une erreur : au lieu de le féliciter, elle lui a demandé un « assis ». Mettons-nous deux minutes à la place de son chien : en pleine exploration passionnante d’une prairie inconnue, il n’avait nulle envie de revenir à son humaine, qu’il aime certainement, mais qu’il voit tous les jours, tandis que les odeurs toutes neuves d’un pré du Lot, ça n’a pas de prix. Cela dit, quand on est un chien dans un monde d’humains, il faut parfois revenir au pied même quand on n’en a pas envie, nous en conviendrons. Là n’est pas le problème. Le problème, c’est ce « assis », que beaucoup de propriétaires imposent à leur chien à tout va, sans se demander si la raison pour laquelle ils le demandent est valable ou non (dans 99% des cas, c’est non. Je vous assure…). Ce « assis » me gêne particulièrement après qu’on a demandé au chien de revenir au pied, et encore davantage si le chien a déjà des difficultés à revenir au rappel. Quand vous enseignez le rappel, il est important de ne renforcer QUE le rappel. Votre chien revient, félicitez-le ! Ne lui demandez rien d’autre. Non seulement, si vous demandez un « assis » à votre chien et que vous le félicitez après, c’est le « assis » que vous renforcez et non pas le retour au pied. Mais surtout, quand votre chien fait l’énooooorme effort de revenir à vous alors qu’il meurt d’envie de poursuivre son exploration, ne le soûlez pas en plus avec un « assis » ! C’est un peu comme si vous rappeliez un gosse en train de s’amuser à faire des châteaux de sable sur la plage avec ses copains de vacances, pour lui demander de réciter sa table des 7… Le « assis », je l’ai longtemps enseigné à mes clients, parce que j’aimais bien voir cette petite étincelle dans les yeux des propriétaires novices quand ils se rendaient compte qu’ils arrivaient à enseigner quelque chose à leur chien. J’ai cependant toujours précisé qu’il était contre-productif d’en abuser, car c’est une position contraignante peu utilisée par le chien lui-même. Pour être honnête, c’est même une demande que mes chiens connaissent tous, mais que je n’utilise jamais, à part à l’occasion d’une photo de temps en temps 😉. Je vous assure qu’on peut s’en passer sans souci, et que nos chiens ne deviennent pas pour autant ingérables… Allez, je m’en retourne à mes occupations de vacancière, et si une autre anecdote de camping canin me vient, je ne manquerai certainement pas de la partager avec vous ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2023

  • Votre chien est obsédé par les jeux de lancer ?

    En promenade, je croise souvent des propriétaires de chiens harcelés par leurs compagnons, ces derniers passant l'intégralité de leur balade à poser un bâton ou un caillou aux pieds de leur humain. « Ô, grand lanceur d'objet, accomplis ton devoir et fournis-moi ma dose d'adrénaline quotidienne », semblent-ils demander avec leurs grands yeux de junkies -euh, de chiens battus. Je ne comprends pas cette tendance éducative actuelle qui consiste à vouloir interdire à tout prix les jeux de lancer. Après tout, on aime les chiens aussi parce qu'on prend plaisir à partager ces activités avec eux depuis la nuit des temps. Le chien, chasseur-né, a toujours aimé courir derrière des objets en mouvement, et l'humain, animal néoténique* tout comme son ami canin, a tissé des liens profonds avec lui notamment par le partage de jeux communs. En revanche, il est indispensable pour l'équilibre mental de l'individu canin, de limiter ces jeux hautement addictifs à des sessions courtes et contrôlées. Un animal qui harcèle son propriétaire toute la journée pour jouer, cela indique qu'il y a un déséquilibre quelque part. Soit le chien ne partage QUE cette activité avec son humain (chien trop peu sorti du jardin et à qui on lance une balle régulièrement pour le « défouler » tout en s'épargnant les promenades), soit les jeux de lancer qu'on lui propose sont mal cadrés. Il est pourtant simple de lui enseigner quand un jeu commence, et quand il finit. La première fois que j'ai vu des Borders travailler au troupeau, j'ai été étonnée de constater qu'à chaque fin de séance, leur conducteur leur signalait que le travail était terminé, et que les chiens comprenaient. Les mots « C'est fini », semblaient être leur bouton off, et ils passaient en un quart de seconde d'un état de focalisation extrême sur le troupeau, à un retour à une activité normale. J'ai décidé d'appliquer ce principe au quotidien quand je jouais avec mon chien Indiana, et j'ai été agréablement surprise de l'efficacité de la méthode. Chaque fois que je jouais avec lui, je stoppais le jeu en lui disant « C'est fini », et je ne m'intéressais plus à lui. Si nous étions dans le jardin, je passais à une autre activité. Si nous étions en promenade, je poursuivais tout simplement ma balade sans plus prêter attention au jouet d'Indiana. Cela a fonctionné au-delà de mes espérances : maintenant, quand je dis « C'est fini » à Indy, il lâche tout seul son jouet et passe de lui-même à une autre activité, ou il continue simplement sa promenade si l'on est en extérieur. Non seulement l'acquisition du « C'est fini » apporte un confort pour le propriétaire du chien qui ne subit plus le harcèlement de son compagnon, mais il s'agit aussi d'une consigne ayant un effet apaisant pour l'animal. Le chien sait que ses parties de jeux sont cadrées, il comprend qu'elles sont terminées quand on le lui signale, et il peut ainsi passer sereinement à une autre activité sans avoir besoin de garder son humain à l'oeil dans l'espoir qu'il lui lance quelque chose. Pensez aussi à initier le jeu dans la majeure partie des cas : si vous répondez à toutes les demandes de votre chien quand il vous apporte une balle ou une pomme de pin, et même si vous lui dites « C'est fini » ensuite, il essaiera d'initier des parties de jeux aussi souvent que cela sera possible. Mieux vaut que vous l'appeliez quand vous souhaitez jouer avec lui, ou que vous inventiez une consigne de début de jeu (par exemple : « On joue ? »). Les consignes de début et de fin de jeu doivent bien entendu être toujours les mêmes. Votre chien ne comprend pas ce qu'elles signifient, mais il fait une association entre ces sons et le fait que vous commenciez et finissiez une partie de jeu. Si vous dites « C'est fini » un jour et « C'est terminé » le lendemain, vous risquez d'embrouiller l'esprit de votre chien. Avec cette méthode, votre chien sera beaucoup moins obsédé par les balles et les bâtons. Il se donnera toujours à fond quand vous les lui lancerez, mais il saura faire la part des choses et cessera de vous harceler en permanence pour s'amuser avec vous. Mon chien Indiana a à sa disposition balles de tennis et jouets divers dans le salon, et pourtant il n'y touche quasiment jamais, car il sait qu'on ne joue que quand le moment s'y prête. C'est un véritable confort pour lui et pour moi. Enfin, comme mentionné plus haut, je vous conseille de ne pas abuser des bonnes choses : les jeux de lancer ne devraient pas constituer l’activité principale de votre compagnon. Tous les chiens devraient pouvoir bénéficier en priorité de promenades calmes pendant lesquelles ils peuvent explorer et renifler. Cinq minutes de jeu de lancer de temps en temps, c’est bien suffisant pour faire plaisir à votre chien… sans le rendre complètement accro ! *Néoténique : qui conserve des caractéristiques juvéniles, physiques et/ou comportementales, à l'âge adulte. L'humain, par exemple, continue de présenter un intérêt pour le jeu toute sa vie (tout comme le chien!). Extrait du livre "Dans la Tête du Border Collie : Comportement et Education d'une race extraordinaire", écrit par Elsa Weiss, disponible sur Amazon en format papier et numérique via le lien suivant : https://www.amazon.fr/Dans-Tête-Border-Collie-extraordinaire/dp/B09YQQJXCD/ref=sr_1_2?crid=138MIPCHB61L3&keywords=elsa+weiss&qid=1655395762&s=books&sprefix=elsa+weiss%2Cstripbooks%2C133&sr=1-2 Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2022

  • La protection de ressource : prenons du recul

    Deux mois de vie, quatre kilos tout mouillé, et un grognement qui a fait reculer mon American Staff pourtant très motivé par la nourriture : voilà comment s'est passée la première distribution de gamelle quand j'ai accueilli mon chiot Sirius à la maison, il y a maintenant deux ans. Entre chiens, le message passe souvent sans équivoque : un individu qui protège une ressource (nous parlerons principalement ici de ressources alimentaires) se fait aisément comprendre et est presque toujours respecté. Entre chien et humain, c'est plus compliqué. La protection de ressources fait peur. On se sent démuni, on stresse, on veut à tout prix reprendre le contrôle. Pas de panique ! La protection de ressources, tant qu'elle n'a pas eu l'occasion de se renforcer, n'est pas "anormale" et ne représente pas un danger. On fait le point. 🐕 Un chien qui grogne est un chien poli : Il faut cesser de considérer un chien qui grogne comme un chien potentiellement dangereux, et plutôt le voir comme un chien bien codé, au contraire. Le chien qui grogne prévient : "Laissez-moi tranquille et tout ira bien". Il préfère grogner plutôt que charger ou mordre, et il n'ira pas plus loin si on lui accorde le respect qu'on lui doit. 🐕 Protéger ses ressources est une stratégie de survie : Certes, le chien ne vit pas dans la nature, mais le besoin de protéger ce qui lui permet de survivre reste profondément ancré en lui. Or, quoi de plus vital que la nourriture ? Un chien qui grogne quand on s’approche de sa gamelle, c'est un chien qui a l'impression que sa survie est menacée. Il ne cherche pas à vous défier ou à tester votre autorité, juste à défendre ce qui lui permet de subsister. La preuve ? Éloignez-vous et les grognements cesseront. La menace se fait moins forte, le chien s'apaise. Tout simplement. 🐕 Le remède est souvent pire que le mal : Pendant des décennies, on a prétendu qu'il fallait mettre la main dans la gamelle du chien, ou la lui enlever régulièrement, pour qu'il s'y « habitue ». Ouch ! Grosse erreur. En procédant ainsi, non seulement vous entachez le lien de confiance qui existe entre votre chien et vous, car votre compagnon constate que vous ne le comprenez pas, mais en plus, vous risquez de le sensibiliser, c'est à dire d'augmenter la probabilité d'apparition du comportement de protection de ressource. En effet, ce que votre chien retient de la situation, c'est qu'il ne peut jamais manger tranquille, qu'il doit être hypervigilant en permanence, et c'est là que la probabilité de survenue d'une morsure devient plus forte. Je ne sais pas vous, mais si tous les jours, une personne, même proche, venait m'enlever mon assiette pendant mon repas, je passerais vite à l'agression. 🐕 Relativisez ! Nous l'avons vu, protéger une ressource (alimentaire, qui plus est), est un comportement normal chez le chien. Votre chien, ou votre chiot, n'est pas plus féroce, ou plus dominant (bannissez ce mot de votre vocabulaire) qu'un autre, sous prétexte qu'il grogne lorsqu'il mange sa gamelle ou une friandise. Il est juste un chien qui va bien, mais qui ne se sent pas totalement détendu. Peut-être y a-t-il trop de passage près de l'endroit où il mange, peut-être a-t-il appris à défendre sa gamelle quand il était encore avec sa fratrie s'il n'y avait qu'une seule assiette pour tout le monde, peut-être n'est-il pas à l'aise avec le fait que vous le regardiez... mais il n'est ni méchant, ni "malade". D'autre part, pourquoi apprendre à tout prix au chien à accepter qu'on lui enlève sa gamelle ? Dans une vie, combien de fois a-t-on réellement besoin d'enlever sa gamelle à un chien quand il mange ? Ne s'agit-il pas d'un faux problème ? 🐕 Mais alors, que faire ? Je ne dis pas qu'il n'y a rien à faire pour aider un chien qui fait de la protection de ressources à s'apaiser. Personnellement, je suis partisane du « Je-vous-fiche-totalement-la-paix-quand-vous-mangez », qui à mes yeux reste la solution la plus efficace pour que notre compagnon apprenne à nous faire confiance, et comprenne que l'on respecte ses demandes d'éloignement. Vous verrez que, plus vous lui ficherez la paix, moins il grognera. Je vous l'assure ! Et le jour où vous aurez vraiment besoin de lui enlever sa gamelle (si ce jour arrive), il y a fort à parier que votre chien se contentera seulement de vous accorder un regard surpris. Récemment, je m'étais trompée dans la distribution des gamelles de mes chiens : je leur ai donc repris leur nourriture pour échanger les gamelles alors qu'ils avaient commencé à manger. Aucun de mes chiens ne m'a rien dit, car ils savent que je ne les ennuie jamais quand ils se nourrissent, et que je ne suis donc pas un danger pour eux. Petite précision cependant : je sépare toujours mes trois chiens quand ils mangent. J'aime qu'ils puissent se nourrir tranquilles, et je ne suis pas très fan du fait de contraindre plusieurs chiens à manger côte à côte juste parce que cela donne l'impression d'en avoir le contrôle (je ne vois pas d'autre explication...). Manger en étant détendu, c'est important pour la santé mentale et digestive du chien. L'autre solution, si vous souhaitez enseigner à votre chien à se laisser approcher quand il mange, c'est de lui proposer quelque chose de super sympa à ajouter à sa ration. Cette solution rassure souvent les propriétaires de chiens ayant des enfants, car ces derniers peuvent participer. Votre chien est en train de manger sa gamelle de croquettes ? Offrez-lui un beau morceau de jambon, un bâtonnet de surimi, un demi-Kiri, un morceau de viande, quelque chose de forte valeur, plus forte que celle de l'aliment qu'il est en train de manger. S'il est très menaçant, procédez sur plusieurs jours, en lui lançant la friandise au début puis en vous approchant petit à petit. Ne brusquez surtout pas les choses. Et soyez généreux ! C'est une méthode simple, mais qui a fait ses preuves. 🐕 La protection de ressources « sévère » a presque toujours une cause humaine : Presque tous les chiens que j'ai eu en clientèle pour un problème de protection de ressources avaient été poussés dans leurs retranchements par leurs humains. Dans tous ces cas, il a fallu enseigner urgemment (aux humains!) le lâcher-prise, afin que ces derniers cessent d'exercer une pression constante sur leur animal dès qu'il tenait quelque chose en gueule. L'agressivité a été assez rapidement désamorcée, l'animal ne se sentant plus menacé. 🐕 Pour conclure, souvenez-vous que, quand vous mangez, vous aimez que votre chien vous laisse tranquille. Qu'il vienne baver sur votre pantalon, envahir votre espace ou même piquer une frite dans votre assiette vous est insupportable. La moindre des choses ne serait-elle pas de lui accorder cette même faveur ? Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2023

  • L’agression redirigée chez le chien

    « Mon chien m’a mordu alors que j’essayais de le séparer d’un congénère avec qui il se battait » ; « Je ne peux pas promener mes chiens ensemble car le plus jeune attaque l’autre lorsqu’on croise un autre chien » ; « Mes deux chiens se battent quand le facteur vient nous déposer le courrier ». Ces situations vous semblent familières ? Il y a fort à parier que votre chien présente un comportement que l’on appelle « agression redirigée ». Pas de panique, c’est un comportement que tout chien peut présenter à un moment ou à un autre de sa vie. C’est même l’une des causes de morsure les plus courantes. Il s’agit d’un comportement difficilement contrôlable pour l’animal, car lié à une émotion très forte. Colère, frustration, excitation intense, beaucoup de situations peuvent amener le chien à présenter de l’agression redirigée. L’émotion monte, souvent le chien est entravé dans ses mouvements (mais pas toujours) derrière un portail ou au bout d’une laisse, et la seule façon pour lui d’évacuer son émotion forte est de mordre. Quand la cible est un humain, ce dernier éprouve souvent de l’incompréhension suite à la morsure de son compagnon, voire même se sent profondément trahi, alors que le chien, lui, semble à peine se rendre compte qu’il l’a mordu. L’agression redirigée ne se « traite » pas en tant que telle, et sanctionner un animal qui présente ce comportement ne sert strictement à rien. Seule une désensibilisation au stimulus qui déclenche cette agression peut porter ses fruits : l’émotion du chien en présence de ce stimulus évoluera positivement tout au long de sa rééducation, et il n’éprouvera plus (ou moins) le besoin de mordre pour soulager sa colère ou sa peur. Bien entendu, cela prend souvent du temps et de l’énergie. Il est aussi possible d’apprendre à gérer l’environnement du chien : ne pas le laisser sortir quand le facteur passe, éviter de passer devant les portails où s’égosillent d’autres chiens, changer ses heures de promenade pour ne pas croiser LE chien que votre compagnon ne supporte pas, etc. Si votre chien redirige son agression sur votre second chien pendant les promenades par exemple, sortez-les séparément. Sinon, il y a fort à parier que les agressions redirigées se multiplieront, le chien « agresseur » trouvant une forme d’exutoire à l’émotion désagréable éprouvée alors. Il s’agit d’un comportement qui s’auto-renforce facilement. Enfin, vous pouvez fournir un chiffon ou un boudin à mordre à votre chien s’il a besoin de redescendre en pression dans certaines situations en utilisant la morsure. Attention, ne l’excitez pas davantage ! Mais le laisser mordre peut lui permettre d’évacuer son émotion négative à un instant T… même si dans la rue, ce n’est pas toujours bien vu. Dans tous les cas, n’en veuillez pas à votre chien s’il présente de l’agression redirigée : dans des moments de stress ou de colère, n’avez-vous pas parfois envie d’envoyer sur les roses n’importe quelle personne qui a le malheur de vous adresser la parole ? Si nous avons la capacité de nous retenir de le faire, le chien, lui, ne le peut pas. Mieux comprendre l’agression redirigée, c’est se prémunir contre des risques de morsures parfois graves qui pourraient aisément être évitées, et c’est prévenir l’euthanasie de nombreux chiens qui n’ont fait qu’agir… comme des chiens. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2023

  • Votre chien se jette sur les voitures, les vélos ou les coureurs ?

    C’est un problème courant rencontré par les propriétaires de chiens : leur compagnon, pourtant si calme au quotidien, devient hystérique au passage d’une voiture, d’un vélo ou de tout autre objet (ou personne) en mouvement. 🐾 Ce comportement a plusieurs origines : 👉 La prédation : le mouvement peut réveiller l’instinct de prédation de certains chiens. Quand l’objet pris en chasse s’arrête, généralement la séquence de prédation prend fin et le chien retrouve le calme. 👉 La peur : un chien qui a peur des voitures peut se déchaîner à leur vue, surtout s’il est en laisse. Un animal qui a peur choisit généralement l’éloignement, mais quand le chien est en laisse sur le trottoir, il ne peut se soustraire à ce qui lui fait peur et peut choisir l’offensive pour essayer d’éloigner ce qui l’effraie. 👉 La volonté d’arrêter le mouvement : ce comportement est typique des Border Collies qui, il y a peu, étaient encore sélectionnés sur leurs aptitudes au travail sur troupeau. Un Border n’est jamais plus heureux que quand il contrôle son troupeau, et que les brebis ne cherchent pas à se soustraire à sa volonté de les maintenir rassemblées. Un Border « citadin » peut chercher à arrêter le mouvement des voitures, des vélos et de tout ce qui se déplace un peu rapidement et qui peut représenter un substitut de troupeau. J’ai déjà vu un Border, non tenu en laisse sur la voie publique, se jeter devant une voiture et se coucher pour stopper le mouvement du véhicule. Heureusement que ce dernier était équipé de bons freins. 👉 La phonophobie : une mobylette, une moto-cross ou une voiture qui fait beaucoup de bruit peut déclencher certains chiens. Le bruit est une source de stress importante pour beaucoup de nos canidés domestiques. Cette caractéristique va souvent de pair avec une sensibilité exacerbée, et se retrouve souvent chez les races bergères. L’hyper-réactivité canine face à ce qui bouge peut également être une combinaison de plusieurs des facteurs sus-cités : par exemple, un chien peut faire de la prédation ET être en plus très sensible au bruit. 🐾 Existe-t-il des solutions à ce « problème » ? Oui ! Ce comportement est en effet problématique car le chien peut se mettre en danger, provoquer un accident ou faire tomber son propriétaire. De plus, un chien qui sur-réagit à un stimulus, c’est bien souvent un chien stressé par la présence de ce dernier. Il est possible de gérer l’environnement du chien pour limiter son stress : le promener dans des endroits calmes, le tenir en longe évidemment, et même l’équiper d’un cache-oreilles de protection contre le bruit (oui, ça existe pour les chiens et non, ce n’est pas ridicule -rien de ce qui peut enlever une douleur ou un stress à un animal ne saurait d’ailleurs être risible) dans les rues les plus passantes. Bien sûr, le port du casque nécessite un apprentissage préalable, comme celui du collier, du harnais ou de la muselière. Ensuite, il est envisageable de désensibiliser le chien au passage de ce qui est en mouvement : en travaillant sur la distance et la gestion des émotions, on peut obtenir des résultats intéressants. 👉 Commencez toujours le travail en longe, pour assurer la sécurité de votre chien, des autres utilisateurs de la voie publique et aussi, pour éviter que votre compagnon ne se renforce dans son comportement « indésirable ». 👉 Le but de l’exercice est d’éviter que le chien ne produise le comportement que l’on souhaite atténuer : on ne travaille surtout pas dans la sanction, mais dans la prévention. Attention donc de ne pas être trop près de l’élément déclencheur. Si besoin, on peut commencer à des dizaines de mètres, en fonction de la distance de déclenchement du chien. La longe doit être détendue, et le chien préalablement défoulé. 👉 En récompensant les comportements qu’on souhaite voir se reproduire (regarder l’élément déclencheur calmement, regarder son humain ou tout simplement ne pas réagir), on renforce le chien dans tout ce qui est « acceptable ». 👉 Progressivement, on peut réduire la distance, mais attention ! C’est un travail qui nécessite des jours, des semaines, voire plus, si l’on veut que le nouveau comportement soit suffisamment ancré. 👉 Si, pendant l’entraînement, le chien se déclenche de nouveau, c’est que vous êtes trop près. N’hésitez pas à revenir à l’étape précédente. 👉 Pour ne pas saborder involontairement les entraînements, lors des promenades entre chacun d’entre eux, l’idéal est d’essayer d’éviter les endroits où l’on va rencontrer ces stimuli déclencheurs, quitte à sortir de la ville en voiture pour se promener dans des endroits tranquilles. 👉 Chaque session d’entraînement ne doit pas être trop longue. Mieux vaut faire trois sessions de cinq minutes dans la journée plutôt qu’une seule session de quinze minutes, ce qui est déjà long pour un animal. 🐾 L’objectif est que le chien comprenne que le calme paie, et qu’il apprenne à observer son environnement plutôt qu’à réagir aux stimulations sur une impulsion. De plus, au fil de l’entraînement, son émotion en présence du stimulus déclencheur évoluera pour devenir plus positive. Cette méthode de travail vous permettra de pouvoir croiser des vélos ou des voitures avec beaucoup plus de sérénité, si vous prenez suffisamment de temps pour créer des fondations solides. Attention, un chien reste un chien, pas un robot : si vous faites le choix d’enlever la longe avec le temps, soyez toujours vigilant. Même après avoir appris un nouveau comportement, un chien peut toujours réagir à une impulsion : un mauvais jour, une voiture qui passe avec plus de bruit que d’habitude, un vélo qu’il n’entend pas arriver… peut le déclencher à nouveau. La gestion de l’environnement reste toujours de mise. À noter que, si le chien fait de la prédation, il est important de combler ce besoin, par exemple par le biais de jeux de lancer. Enfin, faites-vous accompagner d’un bon coach en éducation bienveillante, cela permet d’éviter les erreurs. À vous de jouer ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2023

  • La « révérence » chez le chien : ce n’est pas que du jeu !

    De nombreux chiens adoptent régulièrement cette posture bien connue des propriétaires de toutous : arrière-train en l’air, avant-main abaissée, comme s’ils faisaient une révérence. Cette position, connue principalement pour sa fonction « d’invitation au jeu », a pourtant de nombreuses autres significations. À noter que, comme beaucoup d’autres signaux de communication, elle n’est pas utilisée par tous les chiens (par exemple, mon Border Indy ne l’a jamais employée), ce qui ne l’empêche pas d’être comprise par l’interlocuteur auquel elle est adressée. Voici quelques-unes des interprétations de la posture dite « d’appel au jeu », aussi nommée « play bow » : 🐕 Une invitation à jouer : Ben oui, ça reste quand même l’une des premières fonctions du « play bow » 😄 ! Un chien qui a envie de jouer avec un congénère peut lui proposer une partie de jeu en adoptant cette posture. Elle sera souvent imitée par le chien d’en face (s’il est d’accord pour jouer), et sera suivie par une course-poursuite ou un jeu de corps à corps. 🐕 Apaiser une situation anxiogène : Je me souviens d’une situation vécue avec mon tout premier chien, Jules, il y a 23 ans de cela. Un parfait quiproquo chien/humain, comme notre binôme en rencontrait beaucoup à l’époque, l’étude de la psychologie canine n’en étant qu’à ses balbutiements. Cela faisait plusieurs fois que j’appelais Jules et qu’il tournait autour de moi en aboyant, plutôt que de revenir au pied comme je le souhaitais (à l’époque, je pensais qu’il fallait rappeler un chien sur un ton autoritaire, ce qui ne fonctionnait pas du tout), et je commençais à perdre patience. Me voyant m’énerver, Jules a tout naturellement adopté le « play bow », que j’ai interprété comme un « Je me moque totalement de toi », alors qu’il cherchait simplement à apaiser la situation. C’est un peu triste, n’est-ce pas ? 🐕 Flirter : Ce week-end, mon jeune mâle entier, Sirius, a fait la connaissance de la femelle Setter Anglais d’un membre de ma famille. Après avoir laissé Sirius la renifler poliment, la petite Setter l’a envoyé brusquement sur les roses. Bipolaire, la chienne ? Pas du tout. Sirius venait simplement de lui adresser une révérence « de flirt ». Et elle n’était visiblement pas prête à lui laisser son numéro de téléphone ! D’un œil extérieur, on aurait pu penser que Sirius voulait simplement jouer, mais sa posture ne laissait pas de doute : oreilles dressées vers le ciel, presque pointées l’une vers l’autre, petits gémissements saccadés, œil pétillant, son intention était toute autre qu’un simple jeu. Malheureusement pour lui, Jean-Claude Dusse n’a pas réussi à conclure ce jour-là. 🐕 Détendre un congénère : Il arrive qu’un chien utilise le « play bow » pour essayer de détendre un congénère timide. 🐕 Rappeler à son partenaire de jeu que « c’est pour de faux » ! Quand deux chiens qui jouent montent un peu trop en excitation, l’un d’eux peut adopter le « play bow » pour rappeler à son congénère qu’il ne s’agit que d’un jeu. Cela permet de faire redescendre la pression, et le jeu peut reprendre. 🐕 Exprimer une demande d’éloignement : Audrey Ventura de Cynoconsult y a consacré un article entier récemment. La révérence peut aussi être employée par un individu pour exprimer une demande d’éloignement : un chien qui ne souhaite pas interagir avec un congénère ou qui a besoin de davantage d’espace face à un chien un peu envahissant, peut utiliser la révérence pour lui demander de le laisser « respirer ». Ses pattes avant seront alors davantage écartées sur les côtés, et le chien pourra montrer ou envoyer les dents. En éthologie, n’oublions pas que chaque comportement doit être interprété en prenant en compte le contexte dans lequel il s’exprime. Le chien dispose d’une palette de signaux de communication extrêmement vaste, et il faut toujours être prudent quant aux conclusions qu’on en tire. Désormais, vous verrez d’un autre œil la posture « d’appel au jeu » de votre compagnon, et peut-être vous rendrez-vous compte que dans certains contextes, il désire tout sauf… jouer. (En photo : Silver, le Bulldog Américain, utilise la révérence pour inviter Sodden, la Beauceronne, à une partie de jeu.) Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2023

  • Le Cane Corso : tout sauf un chien de débutants !

    Un jeune Cane Corso est mort aujourd’hui. Un chien de deux ans que ma collègue et amie, du centre d’éducation, a eu l’occasion de rencontrer et de suivre pendant ses premiers mois, auquel elle a eu le temps de s’attacher. Elle partage elle-même sa vie avec un Cane Corso. Nous avons tous et toutes notre race de cœur : pour ma collègue, c’est le Cane, et elle le connaît par cœur. Elle apprécie ses qualités, mais elle connaît aussi ses défauts. Quand elle a rencontré Kimbo et ses maîtres, elle n’a pas cherché à cacher les travers de la race. Elle préférait les prévenir, afin qu’ils préparent au mieux leur petit Cane Corso à sa future vie d’adulte. Il n’aura même pas eu le temps de la vivre : parce que ses maîtres n’ont pas pris en compte les conseils donnés, et parce qu’ils ont cru que tous les chiens étaient les mêmes, et qu’il suffisait de leur montrer du monde et de les trimballer partout pour en faire des compagnons parfaitement adaptés à la vie de tous les jours. Sauf que chaque individu a une sensibilité différente. Et, si aucun chiot ne devrait être exposé à des stimulations excessives, c’est particulièrement le cas du Cane Corso. Ce molosse au physique imposant cache une sensibilité exacerbée, et des émotions qu’il a beaucoup de difficultés à contrôler. Quand je lis les définitions du tempérament du Cane Corso données sur les sites de races, je ne le reconnais pas. Il n’est pas cette chimère « placide, amoureuse des enfants et d’une bravoure sans faille » dont on vante les qualités fictives. Le Cane Corso est à fleur de peau. Toujours. Et, ce trait de caractère combiné à sa taille et à son poids conséquents, en font un chien qui ne devrait pas être placé entre toutes les mains. Peu importe ce que vous lirez sur Wikipédia ou même dans le standard de la race : cela correspond peut-être à ce que devrait être le Cane Corso, mais pas à ce qu’il est actuellement. Aujourd’hui, les Cane Corso que nous rencontrons sont des chiens souvent réactifs, qui tolèrent mal leurs congénères, voire les humains. Des chiens dont l’origine gardienne (de troupeaux, de fermes…) est indéniable : ils sont toujours sur le qui-vive, toujours vigilants. Mais des chiens qui n’ont pas la confiance en eux dont bénéficient les autres races gardiennes. Des chiens qui sont plus peureux que méfiants, mais qui restent proactifs et n’hésitent pas à « foncer dans le tas » si quelque chose les effraie. Des chiens qui semblent vivre dans un monde qui les terrifie, et ce qui le terrifie, le Cane Corso lui « casse la gueule ». Purement et simplement. Je ne cherche pas à dénigrer la race, mais je m’interroge sur la sélection récente qui est opérée sur le Cane Corso. À l’heure actuelle, on détruit la race, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, en ne sélectionnant les futurs reproducteurs que sur des critères physiques. Les conséquences sur le Cane Corso et son entourage peuvent être dramatiques. Si vous habitez une ferme au fin fond du Périgord, et que votre Cane Corso a pour mission de garder le domaine et les animaux qui y vivent, vous rencontrerez peu de soucis. Votre chien aura une mission à accomplir, et sera exposé à peu de stimulations. Mais si vous vivez en ville, et que vous croisez tous les jours des chiens et des humains par centaines, votre Cane Corso aura beaucoup de mal à être serein dans son environnement. Et attention : son caractère définitif n’est pas fixé avant l’âge de trois ans minimum. Il peut être parfaitement sociable à l’âge de deux ans, et vouloir se jeter sur chaque passant six mois après. Il existe des exceptions, oui. Comme il existe des Beagles qui n’aiment pas leurs congénères (même si je n’en ai personnellement jamais rencontré !) et des Border Collies qui ne poursuivent pas tout ce qui bouge. Mais, si vous rêvez d’un chien que vous pourrez emmener partout avec vous, ne choisissez pas le Cane Corso. Aujourd’hui, l’un d’entre eux a payé de sa vie un choix de race pris à la légère. Nous vous en supplions : lorsque nous cherchons à vous détourner d’une race, écoutez-nous ! Nous ne cherchons pas à vous « rabaisser » en sous-entendant que vous ne serez pas capable de gérer un chien de la race en question. Mais nous connaissons bien les races de chiens, nous savons combien leur génétique impacte leur comportement au quotidien, et nous savons pertinemment quand un environnement ne leur conviendra pas. Et, malgré toute la meilleure volonté du monde, la socialisation, l’éducation et l’affection que vous donnerez à votre chiot, sa génétique le rattrapera. Et vous vous en mordrez les doigts. Kimbo a mordu un cycliste. Malgré la peur et la douleur ressenties par la victime, ce chien ne méritait pas la mort. Il pouvait continuer à vivre auprès de sa famille, mais il aurait fallu cesser de vouloir à tout prix le confronter à des humains inconnus, des enfants, des chiens, et j’en passe. Malgré les conseils de ma collègue, les maîtres de Kimbo ont saturé leur chiot d’informations et de stimulations que sa race ne le prédisposait pas à tolérer. Mais, comme beaucoup de propriétaires, ils ont cru qu’ils feraient mieux que les autres. Aujourd’hui, je suis particulièrement amère face à cette situation, mais la plus écœurée d’entre nous, c’est ma collègue (qui s’est elle-même fait mordre grièvement il y a quelques années et n’a pas eu l’idée de demander l’euthanasie du chien !). Une bonne fois pour toutes, ne choisissez jamais une race uniquement pour son physique. Ne vous fiez pas au portrait de la race dépeint par les livres ou les sites de races. Certains éleveurs eux-mêmes ne connaissent leur race que dans le contexte de leur élevage, et pas dans la vie quotidienne en milieu urbain. Certains… pas tous, heureusement. Mais il semble difficile, de nos jours, de trouver des éleveurs qui produisent du « beau et bon chien ». On veut de la couleur, on veut des yeux clairs, on veut des chiens hypertypés… alors les éleveurs peu scrupuleux produisent. Et c’est ainsi que l’on perd des races extraordinaires. Malheureusement, il semblerait que le Cane Corso soit en train de suivre cette voie. Et aujourd’hui, Kimbo en a payé le prix fort. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2021

  • Le collier électrique, ou l’illusion du résultat

    Cette fois, ça y est, Médor a dépassé les bornes : à chaque promenade, il vous fait tourner en bourrique, court derrière les joggeurs, s'éloigne dès qu'il voit un chien, et ne revient qu'au bout du dixième rappel. Vous en avez plus qu'assez. Vous voilà de retour vers la voiture fulminant de rage, Toutou pendu au bout de la laisse que vous avez tant peiné à lui remettre, et bien décidé à prendre le taureau par les cornes, ou en tout cas le toutou par les oreilles. Cette fois, les 50 euros sournoisement débités sur votre compte en début d'année par Amazon Prime vous seront utiles : vous allez commander un collier électrique. Argh. Vous voilà malheureusement sur la mauvaise voie, cher propriétaire de chien. Je me doute que vous n'envisagez pas cet achat de gaité de cœur, mais sachez que, si le collier électrique n'est pas réellement efficace pour traiter un problème (je vais vous expliquer pourquoi), il est de surcroît très souvent responsable de l'apparition de comportements bien pires que celui qu'on voulait voir disparaître à l'origine. Mettons-nous quelques instants dans la tête d'un chien : imaginons que je suis un jeune canidé à la découverte du monde et avide de nouvelles rencontres (je suis un retriever de la Nouvelle-Écosse, tiens, j'ai envie d'être une race rare, aujourd'hui. Déjà que je m'appelle Médor, alors si en plus je suis le chien de Monsieur Tout-le-monde...). Je me balade en liberté avec mon maître​ et j'aperçois une silhouette canine à l'horizon. Sûrement un nouveau copain potentiel ! Ni une, ni deux, je fonce, ignorant les rappels répétés de mon humain dans mon dos. Je l'aime énormément, mon deux-pattes, mais je le vois plusieurs heures par jour alors que ce nouveau chien, ses odeurs sont inédites et je ne peux pas m'empêcher d'aller lui accorder une petite "reniflette". Surtout que le ton sur lequel mon compagnon humain me rappelle ne me donne pas très envie de revenir. Le lendemain, mon maître m'emmène de nouveau en balade (il est gentil, mon maître !) et détache ma laisse à l'endroit habituel. Heureux, je gambade autour de lui et renifle le bas des arbres pour prendre connaissance des news du quartier. En levant la tête, j'aperçois au loin un setter qui s'amuse à la balle avec son deux-pattes. Chouette ! Je fonce tête baissée, ignorant encore une fois les rappels de mon humain et le​ "bip" émis par le drôle de collier qu'il a attaché autour de mon cou avant la promenade. Erreur fatale. Une douleur fulgurante, comme la piqûre de mille guêpes réunies, me transperce le cou. Je hurle de douleur, je me fige. Qu'est-ce que c'était ? Ne sachant que faire, je retourne vers mon maître pour trouver du réconfort, la queue entre les pattes. Le surlendemain, nous retournons nous promener, et, tandis que je m'apprêtais à aller saluer le doyen du quartier, un vieux corgi (on aime les races rares, par chez nous), je suis alerté par un nouveau "bip" et frappé de la même douleur fulgurante dans le cou. Encore une fois, je retourne vers mon humain, la tête basse. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. J'ai eu si mal et si peur que j'en ai la nausée. Mon maître me caresse la tête. Il est fier de moi. Pourquoi ? Trois jours plus tard. Je me promène près de mon maître au même endroit, mais je n'ose plus m'éloigner. Un coureur passe, je n'ai même plus envie de gambader derrière lui. Au passage, sa montre émet un "bip". Je sursaute et me crispe. Pas de douleur : c'est incompréhensible. Mon humain semble soulagé que je reste près de lui. Je le sens détendu. Moi, je ne comprends plus rien à rien et j'ai envie de rentrer à la maison. Au détour d'un chemin, nous croisons le vieux corgi qui se promène en laisse avec sa maîtresse. Le souvenir de la douleur que j'ai éprouvée la veille quand j'ai voulu courir vers lui me saisit brutalement : sans avertissement, je bondis sur lui tous crocs dehors. Je l'attrape à la nuque et le mord violemment, fou de rage. Le temps où je m'éloignais de mon maître en ignorant ses directives est révolu. Désormais, je reste toujours près de lui. De toute façon, je n'ai pas le choix : mon humain ne me détache plus. Parce que, quand j'aperçois un chien, mes muscles se contractent dans l'attente de l'éprouvante douleur. Ce sont les chiens qui la provoquent, j'en suis sûr. Et comme la meilleure défense est l'attaque, je vous laisse deviner la suite... Bref, il n'est pas nécessaire d'avoir fait de longues études pour comprendre la morale de l'histoire. Ce que je cherche à vous faire comprendre, c'est que non seulement le collier électrique (ou électrostatique, ou "d'éducation", les fabricants peuvent bien l'appeler comme ils le veulent) provoque une douleur intense chez le chien, mais en plus, il est rare que la victime comprenne exactement ce à quoi​ est associée la sanction. La plupart du temps, l'illusion de résultat que donne le collier électrique vient du fait que le chien, incapable de comprendre d'où vient la douleur ni pourquoi elle survient, s'inhibe et ne propose plus aucun comportement. Le maître a alors l'impression que l'animal s'est assagi. Malheureusement, les dégâts ne s'arrêtent pas là : à cause d'une mauvaise association, il n'est pas rare de voir des chiens devenir agressifs envers leurs congénères ou produire d'autres comportements indésirables qui apparaissent peu à peu. Ces chiens deviennent anxieux, ils peuvent développer des TOC ou présenter des comportements d'auto-apaisement comme du léchage intensif. Si c'est le cas du vôtre, sachez qu'il est dans un état de détresse psychologique intense et que les dégâts sur son psychisme sont peut-être déjà irréversibles. Si Médor vous exaspère quotidiennement, s'il ne vous écoute pas, qu'il vous paraît n'en faire qu'à sa tête et que vos promenades sont un calvaire, je vous conseille de prendre contact avec un professionnel de votre région pour vous aider à améliorer la relation que vous entretenez avec votre compagnon. N'optez pas pour des outils extrêmes : vous risqueriez d'infliger de graves blessures physiques (vu en cours sur un patou des Pyrénées brûlé au cou) et psychologiques à votre animal. Le chien et l'Homme se côtoient depuis plus de 30000 ans, et le collier électrique ne s'est réellement démocratisé que depuis une dizaine d'années. Durant les 29990 années précédentes, il a bien fallu mettre en pratique d'autres méthodes d'éducation canine​. Cro-Magnon, plus évolué que l'homme moderne ?... Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2021

  • Bougez, bougez, bougez !

    Quand je promène mes chiens à la gravière du coin de ma rue, je croise de nombreux chiens. C’est le point de rendez-vous des propriétaires de toutous de ma commune, et les chiens sont amenés à passer parfois très près les uns des autres, sur des chemins étroits. Je vois alors de nombreuses personnes faire la même erreur (que je commettais moi-même il y a quelques années, n’y voyez donc aucune accusation) : elles se figent, le temps de me laisser passer avec mes trois monstres. En soi, c’est un comportement très appréciable, qui montre qu’elles respectent les autres propriétaires de chiens puisqu’elles les laissent passer poliment pour éviter un croisement en laisse museau à museau (qui, au mieux, n’apporte rien aux chiens, et au pire, les énerve car ne leur permet pas de se renifler sans entraves). Mais, quand j’observe les chiens en question, soit ils trépignent, répondant difficilement aux « pas bouger, pas bouger, tu laisses, pas bouger » de leur humain, soit ils se mettent à aboyer au moment du passage de mes chiens, la tension étant trop dure à supporter ; soit ils se couchent, et ce n’est pas toujours un signe d’apaisement mais parfois, un prélude à une attaque puisque l’animal n’a aucune possibilité de s’éloigner pour échapper à une situation qui le met mal à l’aise. Dans tous les cas, laisser passer un congénère tout près sans bouger est extrêmement stressant, c’est en tout cas ce qu’exprime le comportement de tous ces chiens, et même celui des miens qui, contraints de passer devant un chien qui les dévore du regard, envoient force signaux destinés à apaiser la situation. Quand vous croisez un chien, pensez toujours à cela : le chien est un être de mouvement ! Lorsqu’il se promène, il ne s’arrête pas pour contempler le paysage (certes, il est capable de s’arrêter d’interminables minutes pour renifler une odeur intéressante, mais la prise d’informations est alors différée puisque l’animal qui a uriné n’est plus présent, il n’y a aucune pression sociale à subir). Quand deux chiens se croisent, il arrive qu’ils s’observent un long moment de loin pour connaître les intentions l’un de l’autre, mais jamais à courte distance, et surtout, dans ce genre de situation, les chiens choisissent de s’immobiliser et n’y sont pas contraints. À titre personnel, mais je pense que beaucoup se reconnaîtront, quand je croise une personne dans la rue, je ne suis pas très à l’aise. Je ne sais jamais si je dois l’ignorer, la regarder, lui dire bonjour… Si j’en ai la possibilité, je préfère l’éviter. Alors si on me contraignait à rester immobile le temps d’un croisement rapproché avec cette personne, la situation pour moi serait encore plus inconfortable : devrais-je lui faire un sourire poli ou regarder mes chaussures en feignant de ne pas la voir ? Pour beaucoup de chiens, c’est la même chose. Contraints de subir une situation qui les met mal à l’aise, ils subissent un stress qui pourrait être évité et parfois même, développent des comportements agressifs. Alors, que faire ? Pour commencer, je vous conseille d’éviter autant que possible les croisements en laisse à courte distance. Ne pensez pas que votre chien s’y habituera à force d’en subir : au contraire, il risque de se sensibiliser et de supporter de moins en moins les croisements rapprochés avec des congénères. Prenez de la distance dès que vous le pouvez, et marchez ! Ne laissez pas votre chien se focaliser sur l’autre toutou. Parlez-lui de manière détendue s’il le faut, et prévoyez des récompenses : quand vous n’avez pas d’autre choix que de croiser un autre chien et que cela met votre chien mal à l’aise, utiliser le sens le plus développé de votre compagnon (son flair !) en lui collant des friandises sous la truffe et les lui donnant tout en marchant, est un grand classique qui fonctionne généralement bien. Non seulement cela détourne l’attention de votre chien, mais cela lui permet de comprendre qu’une situation qui ne lui plaît pas beaucoup, peut aussi lui apporter des éléments positifs. Ne vous fiez pas toujours non plus à la volonté de votre chien : il ne sait pas toujours ce qui est « bon » pour lui. Ce n’est pas parce qu’il tire sur sa laisse en direction d’un congénère qu’il sera à l’aise avec lui, surtout si les deux chiens n'ont pas la possibilité de se renifler le derrière en toute liberté. Pour que deux chiens se rencontrent correctement, il faut d’abord observer votre animal : a-t-il envie de cette rencontre ? Soyez attentif : peut-être se cache-t-il derrière vous, ou fait-il un écart discret pour éviter son congénère. Dans ce cas, n’insistez pas. Sinon, l’idéal est bien entendu de détacher les deux chiens (assurez-vous que chacune des deux parties est d’accord !). Une rencontre en laisse détendue est possible également, tant qu’on n’entrave pas les animaux (même une tension minime sur la laisse peut déclencher une agression, soyez prudent et effacez-vous au maximum pendant la prise d’informations mutuelle des deux canidés). Attention aussi au moment inévitable où les laisses s’enroulent. Et surtout, ne TOUCHEZ pas les chiens pendant qu’ils se reniflent ! Mais si une rencontre correcte est impossible et que vous êtes contraint de croiser un autre chien en laisse à courte distance, ne faites pas l’erreur de vous figer. Alors bougez, bougez, bougez ! Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2021

  • La « crête du chien » : et si on cessait d’en avoir peur ?

    « Oui mais bon, il a la crête, quand même… » Tel est le genre de propos que j’entends souvent lorsque deux chiens inconnus se saluent, avec prudence certes, mais sans aucune intention agressive apparente, et que je tente de rassurer les propriétaires sur le fait que tout est en train de bien se passer. Propos tout à fait compréhensibles, puisque les deux chiens en question présentent une crête sur l’échine qui rendrait jaloux le mieux loti des Rhodesian Ridgeback. Pourtant, cette fameuse « crête », qui peut impressionner, n’annonce que rarement des intentions belliqueuses. Commençons par le commencement. La pilo-érection (rien d’interdit aux moins de 18 ans là dedans, il s’agit juste du phénomène de hérissement qui fait se lever les poils des animaux « à fourrure ») est présente chez de nombreux mammifères, l’Homme y compris. Il s’agit d’une réponse physiologique à un phénomène tel que le froid ou une émotion forte. Chez l’humain, on la nomme communément « chair de poule ». Vestige d’une époque où nous avions davantage de poils, la pilo-érection nous servait à ébouriffer notre « fourrure » pour créer une couche d’air isolante et nous protéger du froid. C’est toujours le cas pour les autres mammifères, dont le chien, qui se hérissent plus ou moins en cas de températures basses. La pilo-érection est, chez l’Homme et le chien, un phénomène involontaire (seule une toute petite partie de la population humaine peut la déclencher volontairement). Elle survient donc en cas de froid, mais aussi d’émotion forte, comme la peur ou, dans le cas de l’humain, en entendant une musique qui nous touche ou en regardant un film émouvant. C’est là que le phénomène nous intéresse. Car chez le chien, ce n’est pas si différent. La pilo-érection ne précède pas nécessairement une agression (cela peut être le cas, mais on ne peut en être sûr qu’en observant le corps entier de l’animal : position du corps, des oreilles et de la queue, raideur éventuelle de la démarche, rigidité musculaire etc), mais elle signe toujours une émotion un peu forte. Citons par exemple, la peur (chien qui s’approche d’un sac poubelle posé au sol et qu’il trouve trèèès effrayant, dont il va s’approcher avec circonspection et une jolie crête sur l’échine), la méfiance (lors d’une première rencontre entre deux chiens inconnus, cette crête est presque toujours présente, ce qui est tout à fait normal, chacun ignorant les intentions de l’autre. La pilo-érection va cesser dès lors que les deux individus auront fini de se renifler -et éventuellement d’émettre un petit jet d’urine et un grattage de sol post-rencontre), mais aussi une forte excitation lors d’un moment de jeu (il faudra alors parfois obliger les chiens à faire une petite pause pour reprendre le jeu dans des circonstances plus calmes). Il est vrai que chez certains chiens, la pilo-érection est sacrément impressionnante ! Mon chien Sirius, dont le poil est à la fois épais et long sur le cou et les omoplates, ressemble à une petite hyène quand il est hérissé. Mon American Staff, Farouk, fait déjà malheureusement peur à de nombreuses personnes, alors quand il se présente à un autre chien avec l’échine hérissée, le propriétaire d’en face n’en mène souvent pas large. Alors même que Farouk est un excellent communicant aux intentions toujours pacifiques. Dans tous les cas, la pilo-érection est un phénomène mal compris qui fait peur à tort aux propriétaires de chiens. Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2022

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