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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Le Berger d’Anatolie ou Kangal, nouveau chien à la mode ?

Le Berger d’Anatolie, ou Kangal, semble de plus en plus présent dans les foyers français. Bien que je sois la première à penser que la plupart des chiens peuvent s’adapter à une vie dans un espace restreint (qu’il s’agisse d’une maison avec jardin ou d’un appartement, le chien n’accordant que peu d’importance à ce genre de détail), je reste cependant plus prudente en ce qui concerne les chiens de protection de troupeaux. Parce que c’est ce qu’est le Kangal : en Turquie, son pays d’origine, il protégeait, et protège encore, les troupeaux ovins contre les prédateurs. Même s’il n’est pas le tueur féroce que l’on peut apercevoir dans certaines vidéos Tiktok -rappelons-le, le chien de protection n’est pas sélectionné pour tuer, mais pour dissuader- le Berger d’Anatolie reste un chien puissant, qui peut atteindre 60 kilos et plus pour le mâle, doté d’un fort instinct de protection et qui ne trouve pas nécessairement sa place en ville.


J’ai eu la chance de travailler en tant que bergère sur plusieurs alpages avec des Kangals, et j’ai trouvé cette collaboration très enrichissante. Je ne connaissais pas bien la race et j’ai appris à en connaître différents représentants dans différents contextes. Et, pas de surprise, je n’imagine que difficilement ce type de chien occuper une simple place de « chien de compagnie ». Pour commencer, ce sont des chiens qui évoluent sur des espaces immenses. Ils ne restent pas toujours collés au troupeau, mais patrouillent sur plusieurs hectares pour signaler leur présence aux éventuels prédateurs et partir en mission de reconnaissance. Ils parcourent plusieurs kilomètres par jour, et étant très athlétiques et moins lourds que certains autres chiens de protection, ils se fatiguent peu. Ils aboient quand quelque chose leur semble suspect, et leur voix de stentor résonne alors dans toute la montagne. Ils n’agressent jamais inutilement, mais ils peuvent se montrer redoutables en cas d’intrusion de prédateur : l’an dernier, un loup a surgi à quelques mètres de moi alors que je surveillais le troupeau. L’un des Kangals, que je n’avais même pas dans mon champ de vision, a bondi sur lui et l’a coursé jusqu’à ce que le loup disparaisse à l’horizon. La fulgurance de son intervention m’a laissée bouche bée. Toutes ces qualités sont bien sûr recherchées quand on a besoin d’un chien pour protéger un troupeau, mais elles ne font que difficilement bon ménage avec une vie en lotissement.


D’autre part, la plupart des Kangals que j’ai connus étaient plutôt indépendants, et pas franchement du genre à venir réclamer des câlins. Les Kangals sont des chiens capables de prendre des initiatives seuls et d’évoluer en autonomie -tant qu’ils ont au moins un autre chien de protection avec eux, car un chien seul cherchera bien souvent la compagnie de ses semblables, même s’il s’agit d’un Berger d’Anatolie- et cela peut facilement devenir un problème quand on est réduit à une vie de chien de compagnie où la prise de décision est réduite à peau de chagrin.


Bien sûr, encore une fois, il y a des exceptions. Peut-être avez-vous un Kangal à la maison et cela se passe à merveille. Mais, si vous aimez la race, n’encouragez pas votre entourage à opter pour un Kangal comme chien de compagnie. Laissez le Berger d’Anatolie à son travail de protecteur et à sa vie de grands espaces et de liberté. Il y a suffisamment de races qui ont pâti du fait de perdre leur mission et d’être brusquement propulsées dans une vie totalement inadaptée à leurs besoins. À moins d’avoir un troupeau à surveiller, ou à défaut une immense propriété à la campagne, le Kangal ne sera que difficilement épanoui dans une maison avec 800m2 de jardin. Et il est si beau de voir la race évoluer dans un milieu qui lui convient, qu’on ne peut qu’être peiné de la voir tourner en rond en ville comme un poisson dans un bocal.


Elsa Weiss / Cynopolis

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