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Je suis un Malinois

Je suis un petit Malinois.

Je croque la vie à pleines dents. J’aime mordre, tirer, déchirer. Mes humains s’amusent à la vue de mon corps pataud de chiot suspendu à un chiffon, ils rient et m’encouragent à tirer davantage, et je prends beaucoup de plaisir à partager cette activité avec eux. En extérieur, ils s’étonnent de ma vivacité. J’aboie sur les chiens qui s’approchent trop près, sur les voitures qui passent et parfois, sur les gens dans la rue. On n’est jamais trop prudent. La vigilance, ça me connaît. Mes humains disent avec fierté que j’ai un sacré petit caractère.


Je suis devenu un grand Malinois.

Je croque toujours la vie à pleines dents. J’aime mordre, tirer, déchirer. Ça ne fait plus trop rire mes humains, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. En extérieur, ma réactivité aux stimuli ne les amuse plus. Je ne fais pourtant que mon travail. On n’est jamais trop prudent. Mes humains disent que je les épuise.


Je suis un Malinois.

Je ne croque plus la vie à pleines dents. J’aimais mordre, tirer, déchirer. C’est ce que j’ai fait au coureur qui est passé trop près de mon humain dans la rue. Je n’ai fait que mon travail. On n’est jamais trop prudent.


Mais depuis, je suis enfermé, dans un endroit inconnu. Il y a de grands murs tristes autour de moi, et des barreaux qui m’empêchent de rejoindre mes humains. Ce sont eux qui m’ont amené ici, mais pourquoi ? Je n’ai fait que mon travail. Alors je saisis entre les dents le seul objet avec lequel je peux m’occuper. Une corde à noeuds qui traîne sur le sol. Je mords, je tire, je déchire. Mais seul, ce n’est pas très amusant. Je me résigne et je vais me coucher dans mon panier en poussant un grand soupir. La vie n’est pas très drôle quand plus personne ne rit.


Je suis un Malinois.

Je suis un surdoué, un travailleur infatigable, un gardien hors pair. J’ai la mâchoire d’un requin, et je prends plaisir à me servir de cette dernière. Est-ce ma faute ? C’est ainsi que l’humain m’a voulu. Mais ces qualités qui font de moi un chien d’élite font aussi de moi un très mauvais compagnon entre des mains non averties. C’est vrai, je suis beau, alerte, athlétique, et j’attire le regard des passants dans la rue. Mais je peux être une bombe à retardement si mon humain ne parvient pas à saisir l’essence de mon être.


Je suis un Malinois.

Mais demain, je ne serai plus. Comme beaucoup d’autres chiens de ma race, victimes de la mode. Combien de victimes collatérales ? Combien d’humains mordus, de chiens euthanasiés ? Demain, ce sera mon tour. Et j’espère que là où j’irai, il y aura plein de cordes à noeuds, d’éclats de rire retentissants et de missions à accomplir, afin que l’on comprenne enfin que si l’on m’offre ce dont j’ai besoin, je suis le chien le plus exceptionnel qui soit.


Elsa Weiss / Cynopolis

© Tous droits réservés - 2025


ree

1 commentaire


Excellent article sur le Malinois ! En tant que spécialiste canin, j'aimerais ajouter quelques éléments complémentaires sur cette race exceptionnelle.


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