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Tous les chiens peuvent-ils se comprendre ?

Dernière mise à jour : 4 févr.

De tout le règne animal, le chien domestique est l’espèce qui présente la plus grande diversité morphologique. Pas grand-chose à voir, physiquement parlant, entre un Chihuahua, un Mastiff Anglais, un Lévrier Afghan et un Malamute d’Alaska. Avant l’ère victorienne, il n’existait pas de races de chiens à proprement parler, mais des types de chiens définis par leur fonction : chiens de garde, chiens de chasse, chiens de troupeaux… La première exposition canine n’a même pas 200 ans, et ce n’est que très récemment dans l’histoire de Canis familiaris que l’on s’est mis à privilégier la forme au fond, et que l’on a commencé à sélectionner des races sur des critères essentiellement physiques.




Il existe presque 350 races de chiens reconnues par la Fédération Cynologique Internationale, et de nombreuses autres qui sont en attente de l’être. Tout cela pour dire qu’il n’est pas toujours possible de faire des généralités sur Canis familiaris : de par sa sélection séculaire basée sur une fonction particulière ET l’accentuation de certains de ses traits morphologiques, une race canine sera parfois très éloignée d’une autre. Non seulement un Staffie ne ressemble pas à un Akita Inu, mais sa façon de se comporter dans certaines situations sera aussi très différente. Parlons communication : là où le Staffie aime souvent le contact direct avec les autres chiens (et vas-y que je te lèche les babines jusqu’au harcèlement, et vas-y que je te saute dessus jusqu’à ce que tu perdes patience), l’Akita, lui, est justement un grand psychorigide des protocoles de salutation (si tu arrives un peu trop vite, j’te casse la figure, non mais !).


Je travaille souvent avec des chiens en groupe, et il est amusant de constater qu’ils apprécient de se retrouver entre chiens « qui se ressemblent ». Les Labs aiment jouer avec les Labs, les Huskies avec les Huskies, les Beagles avec les Beagles. Pourquoi ? Parce que je pense sincèrement qu’ils se comprennent bien mieux entre individus proches morphologiquement et psychologiquement. Mais alors, tous les chiens peuvent-ils se comprendre ?

Oui, dans une certaine limite. J’imagine que quand un Carlin rencontre un Doberman, les messages les plus simples passent sans difficulté : « Dégage de ma vue ! », « Tu m’plais bien » ou « Je ne suis pas très à l’aise », le langage « global » du chien est assez universel. Au pire, Carlin et Dob seront comme un Français et un Québécois qui se rencontrent : chacun son accent et ses coutumes.


Mais il existe des disparités en terme de communication, qui peuvent faire que certaines rencontres ne se passent pas toujours à merveille. Le Boxer et le Lab communiquent beaucoup avec leur corps, quitte à être un peu « envahissants » ; le Bull Terrier aime les jeux de corps à corps qui peuvent ne pas être compris par le Border Collie ; et puis il y a les messages qui sont transmis involontairement : beaucoup de chiens n’aiment pas trop les bouledogues parce qu’ils prennent leurs « ronflements » pour des grognements (sans compter que leurs expressions faciales sont difficiles à lire) ; d’autres sont déstabilisés par le Border qui les fixe intensément du regard ; la silhouette ursine du Terre-Neuve peut perturber momentanément certains individus. Et pourtant, ce qui est amusant, c’est qu’un chien ayant reçu une socialisation de bonne qualité reconnaîtra toujours un chien (parfois après un petit instant d’hésitation) : qu’il soit grand ou petit, à poil court ou à poil dur, il ira toujours lui renifler le derrière. Une exception cependant : quelques rares grands chiens qui font de la prédation sur les petits, les prenant pour des proies ; mais ce n’est pas le sujet ici. Enfin, même si tous les chiens n’emploient pas les mêmes signaux de communication, ils semblent en mesure d’en comprendre la plupart : dans un précédent article, je racontais que je n’avais jamais vu mon vieux Border Indy faire une « révérence » pour inviter un autre chien au jeu ; mais il semble parfaitement en mesure de comprendre ce comportement quand mon plus jeune Border, Sirius, désire jouer avec lui.


Il faut dire que la communication chez le chien n’est pas essentiellement visuelle, orale et tactile : la plupart des messages transmis entre canidés sont chimiques, nous excluant totalement de leur discussion. Quant à savoir si l’odeur d’un chien est influencée par sa morphologie… nous n’en saurons probablement jamais rien, et c’est tant mieux, car le chien mérite bien de conserver sa part de mystère.


Elsa Weiss / Cynopolis Formations

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