Le chien, ce carnivore opportuniste

Je ne suis pas un mangeur de choux ! Je suis un carnivore. Opportuniste, certes, mais carnivore tout de même. Ma mâchoire puissante munie de 42 dents, mes canines développées et mes carnassières destinées à sectionner font de moi un véritable prédateur… Du moins, en théorie.

Sur le terrain, ma foi, la réalité est toute autre. Depuis que nous nous sommes rapprochés de vos campements humains, nous avons pour la plupart d’entre nous perdu nos aptitudes de chasseurs. Il était moins coûteux pour nous de manger vos déchets et vos excréments (oh, ça va, ne faites pas les dégoûtés : comment croyez-vous que nous avons acquis notre capacité à digérer l’amidon ? Bien pratique pour vous, qui nous nourrissez avec vos croquettes bourrées de féculents !).

Rien ne justifie donc de nous traiter comme de grands méchants loups, mis à part le besoin de combler votre syndrome du dompteur de lion. Chez beaucoup d’entre nous, la prédation s’arrête à la poursuite des chats du quartier. Chez d’autres, comme les Border collies toqués qui partagent (à mon grand regret) mon existence, seules certaines séquences de prédation ont été sélectionnées : la traque et la fixation visuelle principalement. Bien utile pour maintenir rassemblées ces pelotes de laine sur pattes dont ces deux neuneus sont complètement obsédés.

Bien peu de chiens présentent une séquence de prédation complète, de l’orientation à la consommation de la proie (je n’ai pas dit que ça n’existait pas du tout, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je vous vois venir avec vos gros sabots d’humains !). Et encore moins de toutous chassent par faim. Dans ce domaine -et croyez-moi, cela me fait du mal de l’admettre- les chats sont plus doués que nous.

Enfin, n’oublions pas que la prédation N’EST PAS une agression. Une agression vise à augmenter la distance entre deux individus, tandis que la prédation a pour but de la réduire. Un peu compliqué pour vos cerveaux d’individus issus d’une espèce inférieure, je le conçois, mais tout le monde n’a pas la chance d’être un American Staff, que voulez-vous.

Allez, je m’en retourne à ma gamelle remplie de barf ET de croquettes, parce que je n’ai pas encore réussi à trancher entre l’appel de la forêt et celui de mon panier.

Farouk W., star des réseaux (en toute modestie)

Elsa Weiss / Cynopolis

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