Attraper un chien au collier est un geste qui peut nous paraître anodin, et pourtant, en langage canin, saisir au cou (en-dehors d’un contexte de jeu) est perçu comme extrêmement offensif. Mon humaine Elsa m’a raconté s’être fait mordre par le chien de son voisin alors qu’elle avait une dizaine d’années, et n’avoir pas compris, sur le coup, la raison de cette agression. Lorsqu’elle m’a précisé qu’elle avait attrapé le chien en question au collier, je l’ai arrêtée. « Aviez-vous élevé les cochons ensemble, le chien de ton voisin et toi ? ». « Que nenni », m’a-t-elle répondu. La malheureuse, quelle inconscience ! Je lui ai bien sûr fait la morale. Saisir un chien que l’on connaît par le collier, c’est déjà fort offensant. Mais alors un chien inconnu, c’est clairement une invitation à la morsure !
J’ai la chance que mon humaine ait bien compris la leçon. Elle ne nous attrape quasiment jamais au collier, les deux Borders idiots qui me servent de compagnons et moi. Elle préfère nous inviter à la suivre lorsqu’elle veut nous mener quelque part, nous faire comprendre les choses par sa gestuelle ou, en dernier recours, nous mettre une laisse, par exemple lorsque je me campe sur mes quatre pattes pour ne pas descendre de la voiture lorsque nous arrivons sur le parking de la clinique vétérinaire (je suis un Amstaff courageux, mais il y a des limites !). Elle pourrait tout à fait nous saisir au collier car nous avons associé cette prise à quelque chose de positif, mais elle préfère l’éviter afin de respecter « l’éthologie » du chien (elle aime bien employer des mots de plus de deux syllabes pour se donner un côté scientifique). Même ce lourdaud d’Indy, qui a une peur panique de la prise au collier dont son ancien propriétaire a abusé pour le sanctionner, a appris à la tolérer (enfin, de la part d’Elsa et de personne d’autre : ne vous amusez pas à l’attraper au collier vous-même, il dégoupille vite, je l’ai vu de mes yeux vu. Indy est l’exemple même du chien bousillé par une éducation coercitive. Mais bon, qu’il ne prenne pas trop l’habitude que je le défende, il ne faut pas exagérer).
Alors, humains lecteurs, j’ai trois bons conseils à vous donner : n’attrapez JAMAIS votre chien au collier dans un moment où il ressent une émotion forte (s’il aboie sur le facteur, sur un congénère, s’il est terrifié par quelque chose…) car vous risquez une morsure redirigée qui peut être violente. Votre chien ne se rendra pas compte qu’il vous mord, il s’agit d’une action réflexe dans un contexte émotionnel très fort, mais qui malheureusement a mené bon nombre de mes frères à l’euthanasie. D’autre part, ne sanctionnez JAMAIS un chien par une prise au collier : voyez ce que cela a donné avec Indy, qui perçoit la main humaine comme quelque chose de potentiellement dangereux et qui n’hésite pas à mordre pour se défendre de ce qu’il considère comme une agression… même si la personne cherche seulement à lui faire une caresse). Enfin, ENSEIGNEZ à votre chien ou votre chiot à associer la prise au collier à quelque chose de positif : de temps en temps, attrapez son collier et récompensez-le avec une friandise qu’il aime beaucoup. C’est à la portée de tout le monde !
De simples gestes à bannir et d’autres à mettre en place éviteraient bon nombre de morsures au sein des foyers. La plupart des chiens « mordeurs » le sont devenus à cause d’une éducation incohérente ou de l’autoritarisme de leurs humains. En 2023, il serait grand temps de changer cela. Foi de Farouk !
Elsa Weiss / Cynopolis
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