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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

La « crête du chien » : et si on cessait d’en avoir peur ?

« Oui mais bon, il a la crête, quand même… » Tel est le genre de propos que j’entends souvent lorsque deux chiens inconnus se saluent, avec prudence certes, mais sans aucune intention agressive apparente, et que je tente de rassurer les propriétaires sur le fait que tout est en train de bien se passer. Propos tout à fait compréhensibles, puisque les deux chiens en question présentent une crête sur l’échine qui rendrait jaloux le mieux loti des Rhodesian Ridgeback. Pourtant, cette fameuse « crête », qui peut impressionner, n’annonce que rarement des intentions belliqueuses.


Commençons par le commencement. La pilo-érection (rien d’interdit aux moins de 18 ans là dedans, il s’agit juste du phénomène de hérissement qui fait se lever les poils des animaux « à fourrure ») est présente chez de nombreux mammifères, l’Homme y compris. Il s’agit d’une réponse physiologique à un phénomène tel que le froid ou une émotion forte. Chez l’humain, on la nomme communément « chair de poule ». Vestige d’une époque où nous avions davantage de poils, la pilo-érection nous servait à ébouriffer notre « fourrure » pour créer une couche d’air isolante et nous protéger du froid. C’est toujours le cas pour les autres mammifères, dont le chien, qui se hérissent plus ou moins en cas de températures basses. La pilo-érection est, chez l’Homme et le chien, un phénomène involontaire (seule une toute petite partie de la population humaine peut la déclencher volontairement). Elle survient donc en cas de froid, mais aussi d’émotion forte, comme la peur ou, dans le cas de l’humain, en entendant une musique qui nous touche ou en regardant un film émouvant. C’est là que le phénomène nous intéresse.


Car chez le chien, ce n’est pas si différent. La pilo-érection ne précède pas nécessairement une agression (cela peut être le cas, mais on ne peut en être sûr qu’en observant le corps entier de l’animal : position du corps, des oreilles et de la queue, raideur éventuelle de la démarche, rigidité musculaire etc), mais elle signe toujours une émotion un peu forte. Citons par exemple, la peur (chien qui s’approche d’un sac poubelle posé au sol et qu’il trouve trèèès effrayant, dont il va s’approcher avec circonspection et une jolie crête sur l’échine), la méfiance (lors d’une première rencontre entre deux chiens inconnus, cette crête est presque toujours présente, ce qui est tout à fait normal, chacun ignorant les intentions de l’autre. La pilo-érection va cesser dès lors que les deux individus auront fini de se renifler -et éventuellement d’émettre un petit jet d’urine et un grattage de sol post-rencontre), mais aussi une forte excitation lors d’un moment de jeu (il faudra alors parfois obliger les chiens à faire une petite pause pour reprendre le jeu dans des circonstances plus calmes).


Il est vrai que chez certains chiens, la pilo-érection est sacrément impressionnante ! Mon chien Sirius, dont le poil est à la fois épais et long sur le cou et les omoplates, ressemble à une petite hyène quand il est hérissé. Mon American Staff, Farouk, fait déjà malheureusement peur à de nombreuses personnes, alors quand il se présente à un autre chien avec l’échine hérissée, le propriétaire d’en face n’en mène souvent pas large. Alors même que Farouk est un excellent communicant aux intentions toujours pacifiques. Dans tous les cas, la pilo-érection est un phénomène mal compris qui fait peur à tort aux propriétaires de chiens.



Elsa Weiss / Cynopolis

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