L’otectomie : un acte loin d’être anodin
- Cynopolis Elsa Weiss
- 28 mai
- 2 min de lecture
🐾 « J'ai fait couper les oreilles de mon chien et pourtant je l’aime, il est le centre de mon univers... ». Une phrase que je viens de lire, une justification qui revient très souvent...
Malgré le décret datant de 2004 qui l’interdit en France, l'otectomie ou essorillement (CAD la coupe des oreilles) est encore très pratiquée. De nombreux Dobermans et autres American Bullies en font actuellement les frais sur Instagram… Pourtant, priver un chien de ces organes si importants est loin d’être un acte anodin.
Je ne vous apprends rien, l'oreille chez le chien permet l’audition. Mais c'est le pavillon tout entier qui permet de guider les vibrations sonores dans les circonvolutions de ses replis. Un pavillon sonore amputé, c'est donc une altération auditive (attention, je n'ai pas dit que le chien n'entendait pas).
Et surtout, les oreilles sont un outil de communication intra et inter-spécifique capital. Des oreilles coupées altèrent de façon nette les tentatives de communication du chien. Mais l'otectomie, c'est surtout une opération chirurgicale, donc au mieux une quinzaine de jours de douleurs, parfois des complications, des infections, des nécroses, des pertes totales d'oreille...
L’otectomie est une pratique issue de l'utilisation des chiens de travail, en particulier des chiens de protection de troupeaux. Les oreilles étaient coupées pour que le chien ne puisse être saisi aux oreilles lors d’affrontement avec un prédateur. Par la suite, ce même acte a été appliqué aux chiens de combat, pour les mêmes raisons. Depuis la loi de 2004, les chiens de protection ne sont quasiment plus amputés par les éleveurs et cela ne semble finalement pas gêner les animaux dans leur travail.
En revanche, on voit fleurir cette pratique dans beaucoup de grandes métropoles... Seule explication possible donc, la volonté de l’humain de se pavaner avec un chien dégageant une image de puissance et de férocité, rappelant pourtant les heures les plus sombres de l’histoire canine.
C’est vrai, le Doberman n’a plus le même style sans ses oreilles coupées. Le Dogue Allemand et le Boxer ont l’air moins « féroces » avec leurs oreilles tombantes. Mais choisit-on un chien pour son tempérament, pour les activités que l’on va pouvoir partager avec lui, parce que notre vie peut lui permettre d’être heureux, ou pour affirmer son propre statut social d’humain aux dépens de son animal ?
(Je précise que je ne condamne aucunement ici les personnes qui ont dû faire couper les oreilles de leur chien pour des raisons médicales, qui ont adopté un chien rescapé ayant déjà eu les oreilles coupées, ou les personnes qui strappent les oreilles des chiots -pratique bien différente de l’essorillement).
Elsa Weiss / Cynopolis
© Tous droits réservés - 2025

Comentários