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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

J’ai une nouvelle coiffeuse…

Presque toute ma vie, j’ai détesté aller chez le coiffeur. Jusqu’à ce que je découvre un petit salon tranquille à cinq minutes de chez moi, et que je décide, sans grand espoir, de m’y rendre. Désormais, j’aime aller chez le coiffeur, ou plutôt, chez ma coiffeuse.


Qu’est-ce que cette coiffeuse a donc de si spécial ? Outre le fait qu’elle travaille efficacement -en vingt minutes, le shampoing, la coupe et le séchage sont faits- elle a toujours un mot gentil à la bouche. J’ai longtemps redouté d’aller chez le coiffeur parce que j’étais abonnée aux remarques du genre « Ils sont secs, vos cheveux » ou « Oh dites-donc, qu’est-ce qu’ils sont abîmés ! ». D’autant que je laissais facilement passer une année ou deux entre deux rendez-vous tellement je détestais m’y rendre (j’avais donc, au choix, les cheveux très longs, ou une coupe faite par mes propres soins et qui me faisait ressembler à Jacquouille la Fripouille). J’avais en effet les cheveux abimés, mais franchement, j’étais assez grande pour le voir toute seule et je n’avais pas besoin qu’on me le rappelle toutes les quatre secondes.


Le jour où je suis allée voir ma nouvelle coiffeuse, j’avais peur. Peur de me prendre des remarques négatives et de passer un mauvais moment. Je ne savais pas à qui j’allais avoir affaire. Je suis même entrée en m’excusant d’avoir les cheveux abimés. À ma grande surprise, la coiffeuse m’a répondu : « Vous pensez que mes cheveux sont parfaits ? »… Je l’ai immédiatement aimée ! Au lieu de me faire la leçon parce que je ne soignais pas mes cheveux à coups de soins à 125€ le pot, elle m’a fait de gentils compliments et, pour une fois, je ne suis pas repartie d’un salon de coiffure en ayant l’impression d’avoir la même qualité de pelage qu’un chien hypothyroïdien. J’y suis retournée ce matin, et devinez quoi : j’étais contente d’y aller !


Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Certainement pas pour vous raconter ma vie qui, comme vous le voyez, n’a rien de particulièrement palpitant, mais plutôt pour vous démontrer la puissance du renforcement positif. Faire des compliments sincères à une personne a souvent valeur de renforcement pour elle : nous avons tendance à fréquenter davantage les personnes qui nous apportent du positif plutôt que celles qui font la tronche en permanence. Le fait qu’elles nous « fassent du bien » renforce notre envie de voir ces personnes.


Les compliments de ma coiffeuse ont agi sur moi comme un renforçateur positif. Je suis passée de l’envie de fuir les salons de coiffure, à celle de m’y rendre. Cela a renforcé chez moi le comportement « se rendre chez le coiffeur ». Et, mieux encore, l’usage -volontaire ou non- du renforcement positif par ma coiffeuse a même CHANGÉ mon émotion : de la peur, je suis passée à la joie de me rendre dans ce salon de coiffure. C’est l’un des pouvoirs magiques du renforcement positif…


Le parallèle avec nos chiens est évident. Donner envie à un chien de faire quelque chose en utilisant le renforcement positif, plutôt que de sanctionner un « mauvais » comportement, est d’une efficacité redoutable, et peut même modifier une émotion en profondeur. Un chien qui a peur d’un stimulus spécifique peut, grâce à un usage intelligent du renforcement positif, non seulement cesser d’en avoir peur, mais parfois aussi apprendre à l’apprécier. A contrario, si l’usage de la sanction fonctionne (malheureusement) elle ne fait qu’éteindre un comportement face à une situation précise, sans modifier l’émotion de base de l’individu. Au lieu de faire un travail de fond, on reste sur du superficiel, et on ne respecte aucunement les émotions de l’animal.


Alors, vous êtes plutôt de la team reproches ou de la team compliments ?


Elsa Weiss / Cynopolis

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