Il m’arrive de dire « non » à mes chiens, et je ne me considère pas comme maltraitante.
Parfois, je les empêche de faire certaines choses : se rouler sur un cadavre en décomposition ou manger quelque chose par terre parce que j’ignore de quoi il s’agit (encore faut-il que je voie tout cela avant eux !). Pourtant, je ne me considère pas comme maltraitante.
Il arrive que je manque de patience avec eux parce que j’ai eu une journée difficile : j’essaie de ne jamais perdre pied devant eux, parce qu’ils ont besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer, et pas d’une humaine instable en qui ils ne peuvent pas avoir confiance. Mais mes capacités d’auto-contrôle ont leurs limites : même si cela ne sert à rien, il m’arrive (presque jamais, heureusement) d’élever la voix sur eux. Je m’en veux toujours ensuite. Pourtant, je ne pense pas être maltraitante.
Mon plus jeune chien déteste porter un harnais. Je le promène donc au collier. Il tire parfois un peu, mais je ne lui donne jamais de saccades, ça je me l’interdis : le cou d’un chien est plein d’organes sensibles et je m’en voudrais d’abîmer sa thyroïde. Mais il n’a pas de harnais ergonomique. Et pourtant, je ne me considère pas comme maltraitante.
Je laisse mes chiens seuls pendant dix heures une fois par semaine. Je les promène trente minutes le matin et une bonne heure le soir en rentrant. J’imagine que ce n’est pas la journée la plus amusante pour eux, mais je ne pense pas pour autant être maltraitante.
Mon Staff a porté un harnais Animalin dans sa jeunesse. J’ai très peu employé le mode anti-traction car je préférais les promenades en liberté en forêt, mais ce harnais m’a bien aidée à lui enseigner la marche en laisse à l’époque. Je ne me considère pourtant pas comme maltraitante.
La maltraitance, c’est ne pas respecter les besoins de l’animal, et c’est aussi employer des méthodes « éducatives » visant à faire peur ou mal. Employer un collier électrique, étrangleur ou Torcatus, ça c’est de la maltraitance. Hurler sur son chien régulièrement, ça c’est de la maltraitance. Le priver des sorties dont il a tant besoin juste parce qu’on a un jardin, ça c’est de la maltraitance. Vouloir le contrôler en permanence, ça c’est de la maltraitance.
Faire preuve de bienveillance envers son compagnon, c’est d’abord respecter ses besoins sociaux, ses besoins de dépense physique et mentale, ses besoins masticatoires, ses besoins de sécurité… C’est faire passer son bien-être avant le nôtre, et c’est essayer de voir le monde à travers ses yeux.
J’aimerais travailler à 100% en renforcement positif. J’essaie de m’améliorer autant que je le peux, chaque jour qui passe. Mais les contraintes de notre société humaine et mes limites personnelles, font que je n’atteindrai jamais la perfection.
Essayez de toujours faire pour le mieux pour votre chien. Il y aura toujours des ratés, des jours « avec » et des jours « sans », des moments de fatigue, de découragement, de colère même. Vous ne serez jamais parfait. Vous avez vos propres limites, vos faiblesses. Mais, si on relativisait un petit peu ? Être imparfait, c’est tout simplement être… humain. Et nos chiens semblent fort bien s’en accommoder.
Elsa Weiss / Cynopolis
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