Le fait de partager l'environnement des humains peut amener certaines espèces à voir leur aspect physique et leurs comportements se modifier : le chien, par exemple, peut présenter une robe tachetée, une queue enroulée sur le dos, des oreilles tombantes, un crâne rond… De même, il présente des comportements plus juvéniles que ceux de son cousin le loup gris : par exemple, il joue davantage que lui à l’âge adulte. Tous ces traits font partie de ce que l’on nomme le « syndrome de domestication ».
Quand Dmitri Beliaïev a lancé son programme de recherche sur les renards argentés dans les années 1950, il ne s’attendait pas à apporter une preuve aussi flagrante de l’existence de ce syndrome de domestication. La sélection des renards sur le seul critère de leur docilité envers l’humain, a fait émerger non seulement des individus qui recherchaient clairement la présence humaine, remuaient parfois la queue en présence de leurs soigneurs et leur montraient leur affection en leur léchant les mains, mais elle a aussi fait apparaître des traits physiques inattendus tels que des pelages tachetés, des listes blanches sur le front comme celle des Border Collies, des oreilles tombantes et des crânes raccourcis et plus ronds. De même, les pigeons tachetés que vous pouvez observer dans les rues de votre ville sont issus de pigeons anciennement domestiqués, utilisés notamment pour transporter des messages quand la Poste n’existait pas encore ! Les taches sur un pelage ou un plumage sont souvent une conséquence de la domestication d’une espèce.
La domestication d’une espèce entraîne donc des caractères néoténiques (traits juvéniles persistant à l’âge adulte) non seulement comportementaux mais aussi physiques. Il est d’ailleurs intéressant de se pencher sur les chiens du groupe 9 (chiens dits « de compagnie », sélectionnés plus que d’autres races pour leur docilité), et de constater qu’ils présentent des traits juvéniles bien plus marqués que les chiens des autres groupes, tels que le crâne rond, les oreilles parfois tombantes, de grands yeux et globalement, une tête « de bébé ».
L’histoire de la domestication des espèces est passionnante et nous éclaire particulièrement sur le comportement de notre compagnon préféré.
Elsa Weiss / Cynopolis
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