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Quand les chiens de refuge souffrent de nos préjugés

🐕 « Il y a six mois que je suis derrière ces barreaux. Dans la maison où je vivais avant, j’étais laissé seul toute la journée, et je m’ennuyais. Je m’occupais comme je le pouvais, en mâchonnant les tapis, les pieds des chaises et le canapé. On a dit de moi que je cherchais à me venger d’être livré à moi-même, et qu’il n’y avait rien à faire pour remédier à la situation. J’ai atterri ici, où je me sens encore plus seul et où il n’y a rien à ronger pour m’occuper. Chaque jour me semble une éternité. »


🐶 « Mes humains m’ont laissé ici avec un soulagement palpable. Je n’étais plus un chiot, et pas encore tout à fait un adulte. Ils me voulaient vraiment, et j’étais le chien de leurs rêves, à la robe bigarrée, à la fourrure opulente et aux yeux vairons. Ils m’ont choyé les premiers mois : après tout, je n’étais qu’un chiot pataud et si les pipis dans l’entrée les agaçaient un peu, je n’étais pas un individu trop exigeant. Puis est arrivée l’adolescence et son lot de doutes : j’avais besoin de sortir, d’explorer, de rencontrer des congénères, j’avais envie de vivre ma vie à fond. Parfois, je me laissais un peu dépasser par mes émotions, et j’aboyais sur les passants ou certains congénères que je n’aimais pas. Je sentais que mes humains fatiguaient, mais je ne pouvais pas refouler ma nature de chien. J’avais besoin de plus que ce qu’ils m’offraient. Un jour, ils m’ont fait monter dans la voiture et m’ont déposé ici, où j’attends encore aujourd’hui. »


🐕 « Je suis issu d’une portée entre un chien et une chienne d’un même quartier. Mes frères, mes sœurs et moi avons été distribués comme des petits pains. Ma famille était gentille, mais avait rarement le temps de s’occuper de moi. Il y avait trois enfants jeunes avec lesquels je jouais un peu, au début. Mais peu à peu, je ne les ai plus trop intéressés. Leur maman était douce avec moi, mais elle semblait dépassée par ses propres petits, et un jour, elle m’a amené ici. Elle pleurait, mais après m’avoir laissé, elle ne s’est pas retournée. »


🐶 « Je vivais depuis tout petit chez un couple qui m’avait soigneusement choisi. Ils voulaient un chien issu d’une race de garde, et paraît-il que j’en suis un, même si je ne sais pas trop ce que cela veut dire. Ils en rêvaient depuis longtemps, et pourtant, ils ont semblé s’étonner quand j’ai commencé à exprimer certains comportements typiques de ma race. Mes gènes me dictaient de protéger ma maison, et chaque fois que mes humains faisaient entrer une nouvelle personne dans le jardin, je l’encerclais en lui aboyant dessus. Ils m’ont grondé à maintes reprises, mais faire fuir la menace était plus important à mes yeux que de les écouter. Jusqu’au jour où je n’ai plus rien eu à protéger, puisqu’ils m’ont déposé derrière ces grilles où le temps semble s’étirer à l’infini. »


***


Il est faux de penser que les refuges sont pleins de chiens qui présentent des problèmes de comportement. Ils sont remplis de chiens qui ont juste exprimé des comportements de chiens. Ils sont pleins d’animaux achetés par des humains ayant minimisé le fait qu’un chien est un animal très exigeant. Ils sont pleins de chiens que des personnes ont achetés en pensant qu’une « bonne éducation » pouvait changer la génétique d’un animal. Ils sont pleins de chiens qui ont été abandonnés parce que leur famille n’était pas assez disponible pour eux. Ils sont pleins de chiens tout juste arrivés à l’âge adulte, à cette période charnière qui peut s’avérer un peu compliquée à gérer et qui décourage de nombreux humains.


Dans un environnement adapté, avec, de la part de leurs humains, de la psychologie, de l’empathie, de la disponibilité, et le souci de combler les besoins de l’espèce qui partage leur vie, ces chiens sont NORMAUX. Ils peuvent être des compagnons rêvés. Il est triste que des chiens de refuge n’aient pas droit à leur chance parce qu’on pense qu’ils ont été tous traumatisés et qu’ils ne sont pas faits pour être placés entre toutes les mains. Il y en a certains, oui, mais c’est une minorité. La plupart des chiens de refuge ne poseront pas plus de soucis qu’un chien qu’on a acquis à trois mois. Laissons leur chance aux chiens de refuge, oublions les préjugés et laissons parler notre cœur et notre tête, et offrons-leur la possibilité de vivre la plus belle des vies, celle d’un chien dont les besoins sont comblés.


(En photo, Farouk, mon American Staff, adopté alors qu’il avait quatre ans -il en a treize aujourd’hui- et qui a toujours été un chien doux, sociable et équilibré).


Elsa Weiss / Cynopolis

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