Depuis quelques semaines, j’habite la petite commune de Barbezieux-Saint-Hilaire, en Charente. Moins de 5000 habitants, mais des allures de vraie petite ville. Un endroit plutôt agréable à vivre, une commune rurale entourée de champs et de chemins de promenade auxquels on accède en prenant la voiture ou en marchant quelques kilomètres.
Malheureusement, tandis que mon ami et moi sortions les chiens hier, nous avons eu une mauvaise surprise. Alors que nous nous apprêtions à emmener les toutous sur le petit terrain jouxtant le château médiéval situé près de chez nous, nous nous sommes retrouvés face à des barrières, avec des panneaux indiquant : « Animaux interdits, amende de 68€ ». Nous avons été un peu refroidis. Les endroits où il est possible de lâcher les chiens en ville sans déranger personne sont déjà très rares, et voilà que leur surface se réduit comme peau de chagrin.
Je le reconnais, il y a un vrai souci de civisme chez certains propriétaires de chiens, qui laissent les crottes de leur animal au milieu du trottoir comme s’il s’agissait d’œuvres de street art. C’est rageant, même quand on est soi-même propriétaire de chien. Il y a aussi ceux qui laissent leur chien marcher sans laisse sur le trottoir, négligeant la peur éventuelle de certaines personnes qui peuvent avoir la phobie des canidés, et cela même si l’animal est parfaitement à l’écoute de son propriétaire. Enfin, il y a ceux qui se fournissent allègrement en sacs à crottes aux distributeurs gentiment installés par certaines communes. Je ne sais pas ce qu’ils en font, mais j’ai déjà vu des personnes en vider le rouleau entier. C’est toujours agréable, lorsqu’on a oublié d’amener un sac sur soi, de tomber sur un distributeur vide alors que Médor vient de déposer un petit paquet chaud sur le trottoir.
Mais, en dehors de cela, il y a un vrai problème avec les chiens en ville. Même si l’on essaie d’être un minimum respectueux envers les autres habitants, on se sent souvent indésirable lorsqu’on a un, ou des chiens. On a l’impression de ne pas avoir autant de légitimité que les autres à être là. Quand on a un chien, on DOIT quelque chose aux autres. C’est terrible, comme sensation. Et beaucoup de communes participent à cette sensation désagréable, en condamnant toujours davantage d’endroits auparavant accessibles aux chiens.
Le problème, c’est que les chiens sont là, et seront toujours là. L’être humain a toujours partagé sa vie avec le chien. Ce n’est pas en réduisant l’espace de vie des canidés, qu’ils disparaîtront comme par magie (bizarre, cela me rappelle la politique adoptée par certaines communes pour éviter que les SDF « n’entachent » l’image de la ville…). Le pire, c’est que tout le monde exige de nos chiens qu’ils soient sages, qu’ils n’aboient pas, qu’ils nous suivent docilement, mais pour cela, il faut d’abord qu’ils puissent satisfaire leurs besoins de chiens : c’est à dire s’ébattre, s’amuser, rencontrer des congénères éventuellement, explorer, renifler. Or, en réduisant l’espace de vie de nos chiens, on les empêche de faire tout cela. Et on les rend encore moins capables de s’adapter à la vie citadine. C’est le teckel qui se mord la queue.
J’aimerais tellement que les villes deviennent plus « dog friendly ». Qu’on puisse bénéficier d’espaces dédiés, clôturés, où nos chiens puissent être détachés sans gêner personne. Je suis certaine que beaucoup d’habitants de petites communes seraient même prêts à se cotiser pour faire installer davantage de parcs à chiens, pour aider les mairies n’ayant pas un gros budget. Et je suis sûre que tout le monde en profiterait. Il faudrait bien sûr que chacun se responsabilise, et se donne un coup de pied au derrière pour ramasser les déjections de son animal. Mais il y a de réels efforts à faire des deux côtés.
Si vous habitez une commune « dog friendly », qui a développé des projets intéressants pour améliorer la qualité de vie des propriétaires de chiens, je serais ravie que vous partagiez ces idées. Il y a sûrement plein de projets à mettre en place. De mon côté, je pense que le minimum serait la mise en place de quelques espaces clos pas nécessairement très grands, mais qui peuvent permettre à Toutou, qui parfois refuse de faire ses besoins en laisse, de se soulager librement ou de partager une petite partie de ballon avec son humain. Les distributeurs de sacs à crottes sont aussi bien utiles (j’amène des sacs avec moi 99 fois sur 100… mais un oubli est toujours possible, et toujours très gênant !), ainsi que les indispensables poubelles qui vont avec.
Dans tous les cas, il est temps que des changements soient instaurés, car une chose est sûre : même si l’on veut l’évincer, le plus fidèle ami de l’Homme marchera toujours à ses côtés, même si le bitume doit constituer le seul sol qu’il devra fouler.
Elsa Weiss / Cynopolis
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